Sylvain Grandadam, photographe-voyageur, rencontre le Japon en août 1991.
Tokyo héberge alors les championnats du monde d'athlétisme, et il fêtera
avec la championne Marie-Jo Perec une victoire française devenue historique.
Il découvre la masse sombre du Palais impérial, Harajuku et ses «jeunes
un peu fous», les lutteurs de sumo et du côté de la gare de Tokyo,
les armées de salarymen en costume sombre et cravate,
même au plus fort de la canicule estivale. Il reviendra au Japon cinq fois
en quatorze années. Trois des reportages ont été effectués avec Michèle Lasseur,
journaliste titulaire d'une maîtrise de japonais.
«Le meilleur de Sylvain, c'est la qualité du regard, peut être cet art
de saisir au vol des instantanés comme on dérobe des pommes à l'étalage.
Et de savoir faire rire ou sourire des interlocuteurs dont il ne parle
pas la langue» explique Michèle Lasseur. Il aime les temples bouddhistes
et les sanctuaires shintô, le son des gongs, le thé vert amer et épais,
les kimonos, la cuisine que l'on regarde d'abord avec les yeux
et avec le coeur avant de l'avaler très vite...
Si on lui demande de résumer ses impressions, Sylvain répond :
«je suis étonné de voir cohabiter attachement à la tradition
la plus conservatrice et sens de l'innovation, superstition
et pragmatisme, foule et politesse. Le contraste règne ici
en maître absolu : à commencer par l'amour d'une nature
idéalisée, face à une urbanisation anarchique».
C'est donc ce regard de gaijin
sur un pays dont la complexité le fascine qu'il nous offre.