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Don Quichotte
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La valeur de l'information ; combat pour une presse libre
Edwy Plenel
- Don Quichotte
- 8 Mars 2018
- 9782359497151
« La jeune et brève histoire de Mediapart fait partie de ces nombreuses volontés citoyennes résistant à la régression qui donne la main aux plus forts et aux plus riches, c'est-à-dire aux États qui surveillent et aux financiers qui spéculent. Si novatrice soit-elle, ce n'est sans doute qu'une contribution parmi d'autres. Mais j'ai voulu en tirer quelques enseignements utiles à celles et ceux qui cherchent les voies d'une refondation démocratique de l'écosystème médiatique en inventant des réponses nouvelles à la crise d'indépendance et de qualité de l'information.
Je me propose d'expliquer ce chemin de résistance, en m'attachant à toutes les dimensions du mot «valeur» qu'entraîne ce choix exigeant : valeur de la démocratie, valeur d'un métier, valeur du participatif, valeur d'un public, valeur d'une entreprise, etc. C'est en défendant la valeur de l'information que nous apporterons, face au choc de la révolution numérique, des solutions durables qui soient au service de l'intérêt général.
Mon seul souci est que nous soyons à la hauteur du défi que doivent affronter nos démocraties, qui, à force de se laisser dépérir, prennent le risque de se renier. Car la défaite du journalisme annonce toujours le recul de la liberté ».
Edwy Plenel.
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Révélé par Un prophète de Jacques Audiard et Rengaine de Rachid Djaïdani, Slimane Dazi est devenu une « gueule » du cinéma français. Une forte gueule de titi parisien, une gueule de « métèque » aussi, comme il le dit lui-même. Sa fiche cinéma a beau le présenter comme un acteur français, né dans les Hauts-de-Seine en 1960, Slimane doit encore se battre pour être reconnu comme français.
En 2016, quand il tenait le haut de l'affiche avec Reda Kateb pour Les Derniers Parisiens, il passait des examens pour tenter d'obtenir l'intégration dans la nationalité française, une situation propre aux Algériens nés en France avant l'indépendance de leur pays en 1963. Toujours titulaire, à près de 60 ans, d'une carte de séjour et d'un passeport algérien, il vit une galère peu commune dès qu'il s'agit d'aller récolter un prix ou de tourner un film à l'étranger. Le chemin de l'intégration est pour lui, l'histoire d'une « désintégration » qu'il vit avec rage et douleur.
Indigène de la nation raconte les étapes de cette quête d'appartenance tourmentée en suivant le fil conducteur de l'examen qu'il lui a fallu passer pour prouver qu'il était français, les humiliations endurées quand on est un comédien aimé et reconnu, et qu'il faut prendre le métro que son père aida à bâtir, pour aller prouver qu'on maîtrise la langue et les usages de son pays. Pour quêter le droit d'être considéré comme Français.
Indigène de la nation raconte la vie hors du commun de cet enfant de la banlieue parisienne, né à Nanterre, du côté des bidonvilles et élevé à Arcueil quand les nouvelles cités portaient encore le rêve d'une vie meilleure. Dans le rôle de « grand frère », Slimane Dazi a vécu l'évolution des cités de l'intérieur, fréquenté les gangsters à l'ancienne, les « monte-en-l'air » avec lesquels il s'est rompu à l'art du cambriolage. Il a vu monter la violence et changer les drogues. Il a vu se cloisonner les communautés et disparaître les amis. Entre la tentation du retour en Algérie et la survie à Paris, il a multiplié les boulots et les aventures. Camelot, livreur, ventouseur, chauffeur de maître, il a sillonné en tous sens le Paris de la débrouille, le Paris de la nuit, un Paris bien à lui, noircissant des dizaines de carnets de notes qui font la matière de ce livre.
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Ce qu'ils font est juste ; ils mettent la solidarité et l'hospitalité à l'honneur
Collectif
- Don Quichotte
- 18 Mai 2017
- 9782359496277
L'étranger est par essence louche, suspect, imprévisible, retors, de taille à commettre des avanies, même s'il survit dans le plus profond dénuement, s'il souffre de la faim, du froid, qu'il n'a pas de toit pour se protéger. L'étranger, homme, femme ou enfant, représente toujours un danger, qu'il faut combattre à tout prix.
La loi dispose que « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d'un étranger en France » encourt jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
Cette sanction pénale est réservée aux « aidants » désintéressés, animés par le seul élan d'humanité et de dignité vis-à-vis d'eux-mêmes et de ceux voués à tout juste subsister. Ils ont choisi, en connaissance de cause, de commettre ce qu'on appelle le « délit de solidarité » ou « d'hospitalité ». Des expressions devenues familières, dans leur obscénité, depuis qu'on a vu traduits devant les tribunaux des « désobéissants », paysans, professeurs, élus municipaux, citoyens bienfaisants coupables d'avoir, sans contrepartie d'aucune sorte, secouru, protégé, rendu service à des hommes, femmes et enfants qui n'avaient pas l'autorisation de fouler la terre française.
Les élections présidentielle et législatives en France ont fourni l'occasion d'une chasse aux désobéissants, comme si la majorité des candidats s'étaient accordés pour rassurer l'opinion en la sommant de collaborer : la France ne laissera pas entrer chez elle des hordes de réfugiés, de migrants si menaçants. Chaque jour a apporté son nouveau délinquant, lequel n'a pas désarmé, il est entré en résistance. Il offre le gîte, le couvert, la circulation à des exilés miséreux, il est capturé par des policiers, punit par des magistrats... et il recommence, parce que l'hospitalité et la solidarité ne sont pas une faveur mais un droit, un devoir et qu'il aime accomplir ce devoir-là.
Des écrivains ont accepté avec enthousiasme d'écrire, à leur guise, dans une nouvelle, fiction ou rêverie, leur respect pour ces gens de bien, et leur inquiétude de voir agiter les spectres de graves menaces incarnés par des êtres humains réduits à peu de choses. Pas seulement : c'est aussi vers l'Autre que va leur curiosité, l'Autre qui gagne toujours à être connu et non chassé.
Enki Bilal dessine, des écrivains de talent s'expriment. Antoine Audouard, Kidi Bebey, Clément Caliari, Antonnella Cilento, Philippe Claudel, Fatou Diome, Jacques Jouet, Fabienne Kanor, Nathalie Kuperman, Jean-Marie Laclavetine, Christine Lapostolle, Gérard Lefort, Pascal Manoukian, Carole Martinez, Marta Morazzoni, Lucy Mushita, Nimrod, Serge Quadruppani, Serge Rezvani, Alain Schifres, Leïla Sebbar, François Taillandier, Ricardo Uztarroz, Anne Vallaeys, Angélique Villeneuve, Sigolène Vinson.
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L'urgence et l'essentiel ; dialogue
Edgar Morin, Tariq Ramadan, Claude-henry Du bord
- Don Quichotte
- 5 Octobre 2017
- 9782359495591
Avec la collaboration de Claude-Henry du Bord.
Entre l'ancien résistant, penseur agnostique de la complexité, et le philosophe et théologien militant pour « une réforme radicale » de la pensée islamique, les divergences sont nombreuses. Elles ne sont pourtant pas causes de dissensions et elles fécondent leur dialogue sur les grandes questions de notre temps. Avec eux, nous retrouvons des raisons d'espérer pour l'humanité.
Explorant des pans du savoir humain, de l'économie à l'art, de la philosophie à l'histoire, de l'anthropologie aux sciences physiques, MM. Morin et Ramadan s'interrogent d'abord sur la foi. Le croyant en une religion révélée et le croyant en la fraternité se rejoignent sur un impératif : la spiritualité n'est pas l'apanage des religieux, mais relève de la vie intérieure, et comporte la conscience du mystère. Quel est le besoin de Dieu ? Quelle est la place des religions dans la cité ? Pourquoi et comment penser notre mort ? Les promesses d'immortalité du transhumanisme ne masquent-elles pas la divination de l'être humain ?
À partir de ces réflexions, ils abordent dans un second temps le monde tel qu'il devient, soumis à des périls croissants : guerres qui n'épargnent aucun continent, dégradation de la biosphère, inégalités grandissantes, régressions psychiques et affectives, fanatismes terroristes, post-démocraties autoritaires et post-vérités débiles, replis sur l'identité particulière dans l'inconscience de l'identité humaine commune. Ils reconnaissent que la diversité est le trésor de l'unité humaine comme l'unité le trésor de la diversité humaine. MM. Morin et Ramadan défendent une éthique dont les deux piliers sont les principes unis de solidarité et de responsabilité. Leur souci est de revivifier l'espérance.
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Prendre soin, c'est un peu la même histoire que Patients, mais de l'autre côté, du côté de l'expérimenté, du spécialiste, du côté du kiné qui en a vu beaucoup et qui a réussi à se protéger sans se blinder, les yeux très ouverts et le coeur plein les yeux.
« J'avais vingt-trois ans lorsque je fus engagé comme kinésithérapeute dans le centre de réadaptation de Coubert. J'y restai quinze ans. Quinze ans qui résonnent en moi intensément, comme une peine purgée à mon corps défendant. Durant cette période, la blouse blanche m'a placé du côté des matons, libres en apparence, telles des sentinelles dressées face au handicap déferlant ; libres, ou presque.
J'ai dû apprendre à dire que non, ce ne serait plus jamais comme avant. Je me suis protégé. Je me suis fait envahir. J'ai nourri ma vie de trajectoires bouleversantes et de fulgurantes leçons. J'ai mesuré l'infortune, prolongé les efforts, soutenu les regards, ouvert mon être pour tenter de donner un sens aux mots «prendre soin» ».
François Chevet, son diplôme de kinésithérapeute en poche, rejoint l'équipe soignante de l'un des meilleurs centres de réadaptation d'Europe, où il travaille auprès des grands blessés du système nerveux central : paraplégiques, tétraplégiques, hémiplégiques, traumatisés crâniens, malades de Parkinson. Prendre soin est son premier livre.
« Le corps médical n'est plus là uniquement pour nous soigner mais aussi pour nous aider à vivre dans notre quotidien le plus intime. Du coup on les aime bien nos aides-soignants et nos infirmières, on n'a pas vraiment le choix. C'est eux qui nous assoient, qui nous tiennent la fourchette et le verre d'eau, c'est eux qui nous brossent les dents, c'est eux qui vident nos vessies et nos intestins. On pense parfois qu'on les supporte tant bien que mal, mais en fait on les aime bien. Ils sont la première main qui nous soutient, le premier mot qu'on entend qui nous prouve qu'on respire encore, notre premier lien vers une vie normale. (...) Et puis, dans mon centre de rééducation, il y a eu François Chevet... Mon Kiné. François, il a une blouse blanche mais il te parle d'égal à égal. Il parle à un être humain, pas seulement à un tétraplégique ».
Grand Corps Malade
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Zyed et Bouna
Gwenael Bourdon, Adel Benna, Siyakha Traoré
- Don Quichotte
- 1 Octobre 2015
- 9782359495188
Ils ont couru à perdre haleine à travers le petit bois, un fouillis de buissons accrochant le bas des pantalons de jogging. Ils ont franchi le mur d'enceinte du cimetière, et progressent entre les tombes vers la sortie. Ils sont presque dans la rue, se pensent tirés d'affaire. Mais un crissement de pneus, la lueur d'un gyrophare leur coupent le souffle.
« Vite, par là ! » Les garçons rebroussent chemin, dévalent le talus et escaladent comme ils peuvent une haute clôture bordée d'arbres, derrière lesquels s'élève la silhouette inquiétante de pylônes d'acier.
[Dans le même temps.] « Ouais, les deux individus sont localisés. Ils sont en train d'enjamber pour aller sur le site, euh. le site EDF. Il faudrait cerner le coin.
- Réitérez la fin du message.
- Oui TN Livry, je pense qu'ils sont en train de s'introduire sur le site EDF. Donc il faudrait ramener du monde, qu'on puisse cerner le quartier, ils vont bien ressortir.
- Oui, c'est bien reçu.
- En même temps, s'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau ».
Dix ans après la mort tragique de Zyed Benna, 17 ans, Bouna Traoré, 15 ans, et les graves blessures subies par Muhittin Altun, 17 ans, le drame de Clichy-sous-Bois semble avoir trouvé son épilogue dans un procès qui laisse un goût amer aux familles des adolescents. La mort de ces deux gamins de banlieue avait déclenché trois semaines d'émeutes et un tourbillon médiatique sans précédent. Dans l'oil du cyclone, leurs parents, leurs frères et sours ont dû tout affronter : la douleur du deuil, le mensonge officiel autour des circonstances du drame et un parcours du combattant pour obtenir enfin le droit de voir deux policiers comparaître devant un tribunal pour « non-assistance à personne en danger ». avant d'être relaxés. Un parcours du combattant qui les a menés des couloirs de Matignon aux routes de France parcourues en minibus, qui les a fait passer du découragement à l'espoir, de la résignation à la révolte.
Journaliste au Parisien, Gwenael Bourdon a couvert les émeutes et suit l'affaire depuis ses tout débuts. Elle en connaît tous les ressorts, y compris inédits.
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Pop corner ; la grande histoire de la pop culture 1920-2020
Hubert Artus
- Don Quichotte
- 12 Janvier 2017
- 9782359495140
Pop Corner raconte le déferlement mondial de la pop, et dresse un panorama de ses déclinaisons : de la mode à la musique, du sport et de la littérature aux séries et au design, mais aussi de la politique au syndicalisme, de Marx à Batman.
La pop est aujourd'hui plus qu'un genre musical créé par les Anglais. C'est une véritable culture ayant explosé avec l'arrivée de la télévision et de l'industrie du cinéma dans les années 1950, et prenant ses racines dans la Révolution industrielle et la working class de la fin du XIXe siècle. Elle infuse aujourd'hui tous les pans de notre société.
La pop est partout : au « King of pop » Michael Jackson a succédé Lana del Rey, surnommée « The Queen of pop », Andy Warhol est le père d'un Pop Art désormais mondialisé, Marylin Monroe en est son effigie, les Comics et les histoires de super-héros ont le vent en poupe, Mai 68 a su créer des slogans et des affiches ancrés dans toutes les têtes cinquante ans après et, loin de l'image d'une contre-culture contestataire des « masses » contre « l'élite », elle correspond plutôt à une esthétique dominante, imposant ses canons et son style.
Depuis la révolution industrielle et l'élaboration d'une culture ouvrière, depuis les Pulps et la conscience des Noirs-américains jusqu'au rap actuel, la pop épouse l'histoire des rêves et des aspirations de populations marginales que personne n'écoutait, et qui se racontaient des histoires d'abord à elles-mêmes et entre elles.
La pop offre ainsi une autre histoire des peuples, prise entre entertainment et culture. Elle est faite de moments forts, de personnages emblématiques, réels ou imaginaires (Batman ou Russ Meyer), de villes mythiques (Londres et ses ouvriers, Détroit où naquirent la Motown et la techno, Manchester pour le pop-rock, le bar, la gouaille et la baston), de courants et de luttes diverses (féminisme, droit à la reconnaissance des Noirs et des Natives américains), irriguant le même mode de vie branché d'une génération X ultra-connectée, iPad à la main, portant des Stan Smith et regardant uniformément Game of Thrones, Star Wars et Breaking Bad partout dans le monde.
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« Je sais que tu m'attendais... Mais tu n'auras que ma voix. Les images m'ont joué trop de mauvais tours. Pourquoi maintenant ? Parce que le pire, c'est d'être annexée par ceux-là mêmes qui m'ont persécutée. Et qui osent prétendre que mon martyre fut mon apothéose ! M'abandonner à mes vainqueurs, ce serait perpétuer mon bûcher. Vous n'allez pas me laisser à Le Pen ? ».
Sous la plume de Daniel Bensaïd, nous revient une figure familière, suspendue entre histoire et légende : Jeanne d'Arc. Du 8 mai, anniversaire de son triomphe, au 30 mai, anniversaire de son supplice, Jeanne s'en vient ainsi visiter notre époque incertaine où s'émoussent les convictions et renaissent les fanatismes. Vingt-trois nuits de dialogue complice et enchanteur, où s'entremêlent politique et philosophie, foi et hérésie, droit et force, guerre et paix. Vingt-trois, comme les heures d'une journée trop tôt interrompue d'une vie inachevée.
Magnifique lieu et enjeu de mémoire, où s'éprouvent inlassablement les passions de l'épopée nationale, Jeanne séduit parce qu'elle incarne ce principe de résistance universelle qui anime la grande fraternité des vaincus. En des temps tortueux, elle est toute droiture. En des temps de bavardage médiatique, toute justesse de parole.
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Petits remèdes à la dépression politique
Jean-Christophe Brochier
- Don Quichotte
- 24 Août 2017
- 9782359495430
« L'histoire de ma génération est l'histoire de ceux qui n'ont pas fait la guerre (ni la révolution ni rien du tout), n'en ont pas été des victimes directes, mais à qui on a tenu un discours de névrosés imbuvable, où toute remise en cause du passé était proscrite. Il fallait gober le tout. Nazisme, France libre, collabos et résistants, Drieu l'ordure et Malraux le clairvoyant, Auschwitz et Varsovie, Dresde et Stalingrad, le Vercors et Hiroshima...?».
« Le 30 mars 2016, à Paris, lors d'un meeting contre la loi Travail, l'économiste Frédéric Lordon se fait lyrique : «La sédition des jeunes au naturel, c'est la hantise du pouvoir. Mais sa hantise au carré, c'est le contact des jeunes avec les classes ouvrières, et plus généralement avec le salariat, soit exactement ce qui en train de se passer ici ce soir !» Respire à fond, Fredo, respire à fond et ferme les yeux. La nuit est longue ».
Le diagnostic est sans appel, Jean-Christophe Brochier fait une grave dépression politique : lassitude du mensonge collectif, colère permanente contre l'ordre des choses, problème chronique avec l'autorité. Mais à la réflexion, ce petit-fils de résistant n'a-t-il pas toujours eu la sédition dans le sang ? A huit ans déjà, il volait les hosties des pères jésuites ; à treize, il manifestait contre le service militaire. A dix-huit, il découvrait Stendhal et la musique punk ; à vingt-deux, il jouait dans un groupe de rock'n'roll, votait Mitterrand et tentait de travailler sans subir le patronat...
Au rythme d'un calendrier révolutionnaire dont chaque jour est un 14 juillet, il retrace les illusions et désillusions d'un révolté chronique en 365 fragments acérés qui piquent tous là où ça fait mal.
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Je ne capitule pas ; après les attentats de Charlie Hebdo : à quoi ça sert un prof ?
M.S Lamoureux
- Don Quichotte
- 27 Août 2015
- 9782359494754
« Sauf exception, vous et moi, on ne fréquente pas les mêmes types. Mes potes sont dangereux : ils pensent toujours en avance des autres. Vous croyez que je dis ça parce que je vis en banlieue et que j'y suis prof ? Pas du tout. Pour vous, Montaigne, par exemple, c'est un vieux mort il y a des siècles, qui parle dans un langage qu'on ne comprend pas et dont on n'a rien à fiche. Pour moi, c'est un gars qui en a, parce qu'il faut en avoir, au XVIe siècle, pour braver la censure, risquer l'exil ou la mort, regarder autrement que tout le monde, et déclarer face à un Indien exhibé par le roi que c'est pas de la marchandise, c'est un humain. Ils sont comme ça, mes potes. Ils s'appellent Aristote, La Boétie, Molière, Voltaire, Victor Hugo, Robert Desnos, Prévert ou Camus. Y'en a même des vivants : Schmitt, Pennac, Abd Al Malik, Daoud. Mon boulot, c'est de faire le "truchement", le passeur d'art entre eux et la centaine d'ados qu'on me confie tous les ans depuis plus de vingt ans. »
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« «On ne le dira jamais assez souvent ni assez fortement : les immigrants revitalisent et renouvellent l'Amérique.» Lorsqu'il prononçait ces paroles, fin 2015, Obama était confronté à une arrivée massive de réfugiés d'Amérique centrale tentant d'entrer dans son pays par tous les moyens - et aux propos xénophobes qu'ils suscitaient chez le candidat Trump et d'autres. Comme l'était en Europe François Hollande, face à l'afflux en Méditerranée des réfugiés moyen-orientaux et africains ».
Les Américains ont leur Trump et leur Ann Coulter, équivalents locaux des Marine le Pen et Eric Zemmour français. Mais en face, ils ont Obama, dont le discours sur l'immigration est aux antipodes de celui de Hollande et Valls. Surtout, la société civile est majoritairement convaincue que l'immigration représente la meilleure chance pour l'avenir de l'Amérique.
Alors qu'en France des politiques migratoires restrictives sont prônées tant à droite qu'à gauche, aux États-Unis les hommes politiques comme la société civile sont radicalement divisés. D'un côté, le parti républicain et une frange activiste xénophobe mènent la bataille pour mettre fin à l'ouverture migratoire. De l'autre, une majorité des démocrates et surtout de la société civile américaine encouragent l'accueil favorable d'immigrés en qui ils voient, grâce à leur « diversité », une « chance » pour leur pays et son avenir.
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Mal vu ; témoignage d'un salafiste qui condamne le terrorisme
Faouzi Tarkhani
- Don Quichotte
- 3 Novembre 2016
- 9782359495553
De l'athéisme à l'Islam, Faouzi Tarkhani, un enfant de Sarcelles qu'une balle de pistolet a aveuglé un soir de l'hiver 1987, raconte sa quête spirituelle. De son athéisme affiché à son envie un jour de se convertir au christianisme, il trouve dans ses enquêtes scientifiques des signes divins dans l'univers, et finit par embrasser l'Islam.« J'avais développé vis-à-vis des religions une défiance ironique qui me faisait sourire quand on me parlait de miracles, d'interdits. De fait, moi l'infirme, comment pouvais-je croire au Dieu miséricordieux ? Malgré mon jeune âge, j'étais déjà un fin connaisseur de la nature humaine et je n'y voyais que noirceur. Nous n'étions qu'une anomalie dans l'univers et à force de massacres, nous disparaîtrions un jour dans l'indifférence du ciel et des étoiles ».
Après une expérience dans de la musique, il se tourne vers la salafiya, l'Islam des origines, porte barbe et vêtements longs et ne demande qu'à vivre sa foi dans la paix et l'indifférence. Simplement... « Lorsque survint le 11 septembre 2001, nous comprîmes qu'avec ces tours, notre tranquillité s'était écroulée. L'attentat était spectaculaire. Je me demandais si l'ingénieur du son qui avait mixé mon album à New York, et qui tant de fois m'avait froissé les muscles au bras de fer, faisait partie des victimes. J'étais à Sarcelles dans le salon, occupé à gratter une barbe naissante, tentant de décrypter les images qui tournaient en boucle à la télévision. Quand mon pe`re vint me décrire celui que l'on soupçonnait d'être à l'origine de ces attaques, je me dis : "Faouzi, tu es dans la mouise. Tu n'as pas la même idéologie que ce type, mais vous portez le même costume et, en période de guerre, on ne fait pas de détails." ».
Le jour où les tours jumelles sont intégralement détruites par deux avions détournés, la vie de Faouzi Tarkhani bascule. Aux yeux de ses concitoyens, il n'est plus un musulman paisible, mais un présumé islamiste. Sa barbe et sa djellaba le condamnent, même s'il dénonce avec force les attentats, ainsi que toutes les violences.Lui qui ne réclame qu'un droit à l'indifférence, sait qu'en tant que musulman, Arabe de sexe masculin et banlieusard, il incarne le « mal absolu » en France comme dans bien des endroits dans le monde. Mal vu est son histoire, et son plaidoyer.
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Pierre Simon, médecin d'exception ; du combat pour les femmes au droit à mourir dans la dignité
Emmanuel Pierrat
- Don Quichotte
- 1 Mars 2018
- 9782359496192
Pierre Simon, médecin, gynécologue, premier français expert en sexologie, a lutté tout au long de sa vie pour changer les consciences et la société. Son nom revient avec insistance quand est évoqué aujourd'hui le droit des femmes à disposer de leur corps.
Initiateur en France de l'accouchement sans douleur et de l'éducation sexuelle, cofondateur du Planning familial, artisan infatigable de la légalisation de la contraception et de la dépénalisation de l'avortement, Pierre Simon pensait que la vie humaine était avant tout une succession de choix, de la décision de donner la vie au droit de mourir dans la dignité.
De Metz, où il est né en 1925, à Londres, en 1963, d'où il revient les valises chargées de diaphragmes contraceptifs, de la Résistance, où il s'engage à 17 ans, au Sain-Germain-des-Prés des écrivains et des peintres, et à la Grande Loge de France dont il deviendra Grand Maître, mais encore et surtout de l'URSS de 1953, où il découvre l'accouchement sans douleur, aux cliniques de Pigalle et aux premiers services publics proposant l'avortement, le roman d'une vie menée tambour battant pour libérer les corps, les esprits et la société.
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L'empire des données ; essai sur la société, les algorithmes et la loi
Adrien Basdevant, Jean-Pierre Mignard
- Don Quichotte
- 15 Mars 2018
- 9782359496352
Plus de données ont été créées en 2011 que depuis le début de l'histoire de l'humanité. Cette production double tous les deux ans, si bien que notre monde est désormais organisé et déterminé par cette nouvelle matière première, qualifiée de pétrole du XXIe siècle.
Vous souffrez d'une maladie apparemment indiagnostiquable ? En comparant votre information génétique aux vingt millions d'études oncologiques, un logiciel pourrait bien être votre sauveur. Vous recevez des réductions personnalisées pour des couches ? Pas d'inquiétude, le supermarché Target sait si vous êtes enceinte avant que vous ne l'annonciez à vos parents. L'un de vos amis a perdu son emploi ou est en retard sur ses échéances de paiement ? Attention, vos interactions sur les réseaux sociaux peuvent être utilisées comme critère pour vous octroyer votre prochain crédit.
Nos données sont collectées, traitées, vendues, chaque seconde. Par qui ? Comment fonctionne ce monde opaque dans lequel nous vivons ? Et existe-t-il un projet politique du Big data ? Les algorithmes des géants du numérique calculent nos moindres faits et gestes, anticipent nos désirs, profilent nos comportements. Ces nouveaux acteurs bouleversent tous les secteurs de la société, de l'agriculture à l'industrie des transports, et menacent la souveraineté des États et les missions traditionnelles qui leur sont dévolues en matière de santé, d'éducation, d'emploi, de recherche, de culture...
Ces mécanismes restent pourtant largement incompris des citoyens qui s'en remettent volontairement à eux pour suggérer qui inviter au restaurant, prédire les possibilités d'échec scolaire ou de récidive criminelle. Le droit cherche à se réapproprier ces enjeux, par une redéfinition de la propriété et de la concurrence, et par une réglementation européenne sur les données personnelles. Cela suffira-t-il ? Le rythme effréné de l'innovation nous pose une question plus que jamais cruciale : dans quelle société voulons-nous vivre demain ? L'urgence de notre choix n'est dès lors plus entre l'ancienne dichotomie du xxe siècle, l'État ou le marché, mais entre l'État de droit et la dictature des data.
Largement illustré, L'Empire des données retrace la grande histoire de cette collecte pour ouvrir à de nouvelles perspectives, et offre les clefs pour sortir de l'ornière catastrophiste aussi bien que d'une vision trop technophile.