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Éditeurs
Amsterdam
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En 1978, Monique Wittig clôt sa conférence sur « La Pensée straight » par ces mots : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » L'onde de choc provoquée par cet énoncé n'en finit pas de se faire ressentir, aujourd'hui encore, dans la théorie féministe et au-delà. En analysant l'aspect fondateur de la « naturalité » supposée de l'hétérosexualité au sein de nos structures de pensées, que ce soit par exemple dans l'anthropologie structurale ou la psychanalyse, Monique Wittig met au jour le fait que l'hétérosexualité n'est ni naturelle, ni un donné : l'hétérosexualité est un régime politique. Il importe donc, pour instaurer la lutte des « classes », de dépasser les catégories « hommes »/ « femmes », catégories normatives et aliénantes. Dans ces conditions, le fait d'être lesbienne, c'est-à-dire hors-la-loi de la structure hétérosexuelle, aussi bien sociale que conceptuelle, est comme une brèche, une fissure permettant enfin de penser ce qui est « toujours déjà là ».
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La haine des fonctionnaires
Julie Gervais, Claire Lemercier, Willy Pelletier
- Amsterdam
- 6 Septembre 2024
- 9782354802943
Pourquoi si peu d'insultes envers les actionnaires, les employeurs ou les pollueurs, et autant contre celles et ceux qui servent le public en toute égalité ? Fonctionnaires = feignasses = pas rentables = emmerdeurs = protégés = profiteurs = archaïques = inutiles = à compresser ! D'où vient l'incroyable puissance d'évidence d'une telle équation ? Et qui sert-elle ? Pourquoi certains (hauts) fonctionnaires sont-ils parmi ceux qui la répètent le plus ? Ce livre, à l'écriture vive, fournit des arguments en partant d'idées reçues (non, sous-traiter au privé ne fait pas faire d'économies) et de scènes de la vie quotidienne : l'attente interminable, la dématérialisation incompréhensible, le fonctionnaire « laxiste » ou « borné », etc. Appuyé sur de nombreuses recherches, il leur oppose le dévoilement de réalité vécue par des agents de ménage, ouvriers des voieries, secrétaires de mairies, des psychiatres, des gardiens de prison, et les autres. Pour en faire des outils de lutte pour la défense des services publics. Il s'adresse aux fonctionnaires moqués en manque de réplique, aux militants syndicaux et associatifs qui oeuvrent à les défendre, aux étudiants qui veulent comprendre comment le dénigrement des fonctionnaires sert la détérioration des services publics, aux usagers qui souffrent de leur disparition et, plus largement, à tous celles et ceux qui, fatigués d'être montés contre leurs alliés et leurs semblables, veulent ne plus se tromper de cibles et porter la riposte.
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La grande transformation du sommeil : comment la révolution industrielle a bouleversé nos nuits
Roger Ekirch
- Amsterdam
- 17 Mai 2024
- 9782354802899
Contrairement à l'opinion courante, le sommeil d'un bloc d'environ huit heures n'a rien de naturel. Cette manière de dormir ne s'est répandue que très récemment, dans le sillage de la révolution industrielle, à la faveur de la généralisation de l'éclairage artificiel dans les villes et de l'imposition d'une nouvelle discipline du travail. Auparavant, le sommeil était habituellement scindé en deux moments, séparés par une période de veille consacrée à diverses activités comme la méditation, les rapports intimes ou encore le soin des bestiaux.
Telle est la thèse révolutionnaire de Roger Ekirch. Son enquête passionnante sur le bouleversement de nos nuits qu'a constitué la disparition, puis l'oubli du sommeil biphasique a doté cet objet d'une historicité qui lui était jusque-là déniée et conduit à l'émergence d'un nouveau champ de recherche, les Sleep Studies. Surtout, cette découverte invite à questionner l'identification de l'insomnie de milieu de nuit à un « trouble du sommeil ». Et à envisager les conséquences d'une transformation qui nous a barré un accès privilégié aux rêves et, par-là, à la conscience de soi. -
Depuis quelques années, le féminisme connaît un nouvel essor, en France et dans le monde occidental, mais aussi partout ailleurs, particulièrement en Amérique latine. Ce petit livre a pour ambition de faire le point sur la diversité des luttes et réflexions actuelles. Il fait l'hypothèse qu'une « quatrième vague » du féminisme a commencé. Il propose tout d'abord un parcours politique et intellectuel à travers l'histoire trop méconnue des trois premières vagues, dont il détaille les grands courants, les lignes de force, les lignes de clivage et les points aveugles : ce souci pédagogique est une de ses premières vertus, surtout à une époque où l'on réduit parfois uniformément la deuxième vague à un féminisme « blanc », « bourgeois » ou « d'État ».
L'autrice insiste sur les enjeux et les points de division du mouvement aujourd'hui (les femmes musulmanes, le travail sexuel et les personnes trans, notamment) et défend un féminisme axé sur la « reproduction sociale », sur la relation entre oppression de genre et perpétuation du système capitaliste.
S'inscrivant dans les pas de Lise Vogel et Silvia Federici, elle jette un pont entre le féminisme matérialiste ou marxiste des années 1970 et les luttes et travaux les plus contemporains.
Les lectrices et lecteurs trouveront dans ce livre un précieux guide pour s'orienter dans l'histoire et l'actualité du féminisme.
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La norme gynécologique : ce que la médecine fait au corps des femmes
Aurore Koechlin
- Amsterdam
- 16 Septembre 2022
- 9782354802530
Parmi les spécialités traitant de la santé des femmes, la gynécologie occupe une place à part : à la différence de l'obstétrique ou de la chirurgie gynécologique, elle ne porte pas sur un moment particulier de la vie corporelle, la maladie, la grossesse ou l'accouchement, mais consiste à suivre les patientes sans justification médicale apparente de la puberté jusqu'à la mort. Elle repose donc sur l'idée que les femmes nécessitent un suivi spécifique et régulier.
Ce livre se donne pour but de défaire cette évidence : pourquoi les femmes doivent-elles consulter un gynécologue une fois par an ? Cette injonction, qui n'a bien sûr pas d'équivalent pour les hommes (il n'existe pas d'« andrologie »), correspond à ce qu'Aurore Koechlin appelle la « norme gynécologique ».
Pour l'étudier, elle a choisi de mener une enquête ethnographique au long cours, sur plusieurs terrains, auprès de praticien·ne·s et de patientes. Ainsi, elle interroge en féministe, au plus près de l'expérience, la nécessité du suivi gynécologique, la manière dont les femmes le vivent et la curieuse pathologisation du corps féminin qu'il implique. Elle retrace les étapes de la « carrière gynécologique », identifie ses effets, notamment psychiques, examine les relations médecins/patientes et l'inégale qualité des soins prodigués selon la classe et la race, et, enfin, s'intéresse aux résistances, partielles ou totales, à cette norme gynécologique, qui prennent par exemple la forme de l'auto-gynécologie. -
Intersectionnalité : une introduction
Sirma Bilge, Patricia Hill collins
- Amsterdam
- 20 Janvier 2023
- 9782354802318
Lieu commun dans les sciences sociales et dans certains cercles militants, féministes et antiracistes en particulier, la notion d'intersectionnalité alimente dernièrement l'une des grandes paniques morales dont notre époque est coutumière : elle serait synonyme de « communautarisme », de « séparatisme ». Ce n'est absolument pas le cas, comme le montre ce livre riche, synthétique et vivant, qui a pour ambition d'introduire le concept auprès d'un large lectorat. Il s'agit d'un outil d'analyse des situations de tort, généralement constituées d'oppressions imbriquées. L'analyse intersectionnelle ne consiste pas à plaquer des notions génériques (la triade « race, classe, genre ») sur des faits, mais à développer une perception fine et située du caractère relationnel des oppressions.
L'intersectionnalité est en outre une pratique critique ayant la justice sociale pour horizon. En ce sens, elle ne se réduit pas au champ académique, loin de là. Les autrices font commencer son histoire dans les années 1960-1970, avec les pratiques intellectuelles et politiques de femmes non blanches et, plus spécifiquement encore, avec le féminisme noir et chicano de cette période. Puis elles expliquent comment cette approche s'est institutionnalisée et mondialisée à partir de la fin des années 1980. La pédagogie critique inspirée de Paulo Freire constitue un autre axe généalogique, plus inattendu, développé dans l'ouvrage. Ni communautariste, ni individualiste, ni victimaire, l'approche intersectionnelle souligne donc le caractère social et concret des identités, individuelles comme collectives, dans une perspective émancipatrice.
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Le travail est l'objet de nombreux fantasmes. Certains annoncent sa quasi-disparition prochaine, sous l'effet des transformations technologiques. D'autres se contentent de prophétiser la disparition du salariat, que ce soit pour la célébrer ou la déplorer. Pendant ce temps, le secteur de l'intelligence artificielle recrute des micro-travailleurs de l'ombre par millions. Les ouvriers de la logistique travaillent soixante heures par semaine et parcourent à pied jusqu'à 30 km par jour. Et les nouveaux secteurs d'activités sont le lieu de conflits sociaux inédits.
Démontant les discours des futurologues, Juan Sebastian Carbonell montre dans cet ouvrage que le travail conserve une place centrale dans nos sociétés, que cette activité continue de jouer un rôle d'intégration majeur et d'être le principal ressort de la reproduction sociale. Contre la mise en avant d'une « crise du travail » qui permet d'affirmer qu'il n'existe plus de sujets politiques collectifs, contre le renoncement concomitant que constitue l'idée d'un revenu universel, il dessine une perspective révolutionnaire articulée autour de deux objectifs : libérer la vie du travail et libérer le travail de la domination du capital.
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Figure précurseuse de l'étude des masculinités, Raewyn Connell a mis au jour l'existence, au sein de l'ordre de genre, d'une masculinité hégémonique qui vise à assurer la perpétuation de la domination des hommes sur les femmes, tout en étant sans cesse mise à l'épreuve dans le vécu des hommes. À l'heure où les mouvements masculinistes agitent l'épouvantail d'une « crise de la virilité » pour masquer le refus des hommes de voir s'effacer leurs privilèges, cet ouvrage présente une cartographie nuancée des différentes manières d'endosser une identité masculine. Articulant théorie et récits de vie, il offre de précieux outils pour penser les rapports sociaux de sexe et nourrir la critique du patriarcat.
Contre la victimisation des hommes et, plus généralement, contre toute vision essentialiste des rôles sexués, les analyses des dynamiques de genre qui s'établissent du côté du masculin formulées par Connell éclairent les impensés contemporains du féminisme et remettent en cause les conceptions simplistes du genre. Ses réflexions sur les pratiques constitutives de la matérialité du corps des hommes et des enjeux d'incarnation qui s'y nouent représentent une contribution décisive aux études de genre.
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W. e. b. du bois : double conscience et condition raciale
Magali Bessone, Matthieu Renault
- Amsterdam
- 22 Octobre 2021
- 9782354802356
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Antisémitisme et islamophobie. une histoire croisée
Reza Zia-ebrahimi
- Amsterdam
- Contreparties
- 20 Août 2021
- 9782354802219
En France, le seul emploi du mot « islamophobie » provoque des froncements de sourcils, du fait de la campagne soutenue menée par une grande partie de l'intelligentsia et des médias pour le discréditer et nier la réalité objective qu'il propose de décrire. De la même manière, l'idée qu'il puisse exister des similitudes entre l'antisémitisme et l'islamophobie soulève les passions, car elle semble s'attaquer au principe de l'unicité de la Shoah et à la théorie de la « nouvelle judéophobie ».
Malgré cette hostilité, les travaux sociologiques et historiques portant sur l'islamophobie moderne ont connu de grandes avancées ces dix dernières années. Beaucoup d'entre eux soulignent que les musulmans sont racialisés, au prétexte non pas de différences morphologiques ou « biologiques », mais de caractères culturels et religieux.
Les juifs d'Europe ayant été le premier groupe religieux à être perçu et représenté comme une race distincte, une étude croisée avec l'antisémitisme s'impose comme l'une des approches les plus adéquates.
Ce livre propose une synthèse historique et théorique rigoureuse à l'usage du grand public. Si son objectif principal est d'élucider la relation exacte entre la racialisation du juif et celle du musulman en Occident du milieu du XIXe siècle à nos jours, il voudrait également fournir un cadre théorique pour une approche globale des différentes formes de racisme.
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Du savon et des larmes : le soap opéra, une subculture féminine
Delphine Chedaleux
- Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 18 Novembre 2022
- 9782354802592
Les Feux de l'amour, Dallas, Côte ouest, Dynastie... ces titres évoquent un univers désuet, stéréotypé et fortement associé au féminin, celui du soap opera. Né sur les chaines de radio états-uniennes au début des années 1930, puis transposé à la télévision, il est d'abord financé par des fabricants de produits d'hygiène et d'entretien - d'où son nom saugrenu. Les feuilletons qui en relèvent, centrés sur la culture du foyer, sont diffusés quotidiennement l'après-midi à l'intention des femmes. Ils sont alors construits autour d'un personnage de mère courage qui prodigue des conseils moraux et pratiques à son entourage, à grand renfort de produits manufacturés dont les mérites sont ainsi vantés aux consommatrices.
S'il s'est largement transformé au gré des mutations médiatiques, sociales et politiques, le soap est resté une « technologie de genre » qui circonscrit le féminin à la vie domestique, affective et sentimentale. Mais il ouvre aussi, paradoxalement, des espaces individuels et collectifs de contestation des hiérarchies sexuées, tant à travers sa narration « ouverte », qui permet l'expression de multiples points de vue et ne délivre jamais aucune morale, qu'à travers les sociabilités féminines qu'il suscite parmi ses amatrices. Cet ouvrage se veut une invitation à découvrir la richesse de l'histoire de ce format, à l'intersection de celles du capitalisme, des médias et du genre. -
Micropolitiques des groupes ; pour une écologie des pratiques collectives
David Vercauteren
- Amsterdam
- 19 Septembre 2018
- 9782354801786
Partant du principe qu'« on ne naît pas groupe, on le devient », David Vercauteren examine les conditions de possibilité d'un véritable fonctionnement collectif des collectifs militants. Il se dégage ainsi de la problématique macropolitique qui a dominé jusqu'à présent pour se focaliser sur les aspects micropolitiques de groupes envisagés comme des écosystèmes. La question n'est plus : quelle est la finalité d'un groupe, son objet ou son domaine d'intervention ? mais : quel est son impensé ? comment peut-il développer une « culture des précédents », une mémoire des réussites et des échecs passés, tout en maintenant intacte l'envie d'expérimenter et de produire des formes inédites ? À travers une série de « situations-problèmes », ce livre invite les militants à envisager de nouvelles formes d'organisation politique. Mais avant tout, il s'adresse à tout lecteur soucieux de sortir des habitudes psychologisantes et individualisantes dans lesquelles la raison néolibérale voudrait aujourd'hui nous enfermer.
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Genre et féminismes au Moyen-Orient et au Maghreb
Abir Kréfa, Amélie Le renard
- Amsterdam
- Contreparties
- 7 Février 2020
- 9782354802059
Le stéréotype veut que les femmes vivant au Maghreb et au Moyen-Orient soient opprimées par une religion d'essence patriarcale et des traditions ancestrales. Ce livre voudrait donner à voir un monde différent ou, plutôt, des mondes différents.
Loin d'être un tabou, les droits et modes de vie des femmes constituent une question centrale et clivante au Maghreb et au Moyen-Orient depuis le xixe siècle, dans des situations de domination coloniale ou impériale. Au-delà des débats intellectuels, différentes formes de prédation économique, exploitation et guerre ont profondément bouleversé les rapports de genre. Si les femmes de ces régions sont souvent représentées en victimes passives, ce livre insiste sur leurs résistances et leurs mobilisations plurielles, qu'elles soient des classes populaires ou lettrées, urbaines ou rurales. Il met en lumière leurs usages diversifiés de l'islam, qui ne revêtent pas le même sens selon les contextes sociaux, mais aussi leurs mobilisations pour l'emploi ou contre les colonialismes, les guerres et les occupations : autant de sites d'engagement souvent occultés par le sens commun. Ces dernières années, d'autres luttes ont émergé à la faveur des révolutions, qui dénoncent le racisme et l'oppression des minorités sexuelles et de genre.
Encastrées dans des histoires politiques, sociales et économiques singulières, les transformations et mobilisations autour des rapports de genre dans ces pays représentent un enjeu central pour le Maghreb et le Moyen-Orient du xxie siècle.
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La ville vue d'en bas ; travail et production de l'espace populaire
Collectif
- Amsterdam
- 20 Septembre 2019
- 9782354801960
La désindustrialisation à l'oeuvre depuis les années 1970 a confiné des pans entiers des classes populaires aux marges du salariat. Tenues à l'écart des principaux circuits marchands, ces populations ont dû réorganiser leur travail et leur vie quotidienne de manière à satisfaire les besoins essentiels à leur subsistance, selon une dynamique qui confère une centralité nouvelle à l'espace urbain : pour elles, l'accès à la plupart des ressources matérielles et symboliques nécessaires au maintien d'une existence digne est intimement lié à leur ancrage territorial.
Or, les pratiques attachées à cette centralité populaire sont aujourd'hui contestées. Prises dans la course à la métropolisation, certaines villes voudraient en définitive remplacer ces populations, dont elles considèrent qu'elles « ne font rien », par d'autres issues des classes moyennes et supérieures, n'hésitant pas à agiter le spectre du communautarisme et celui du ghetto. Il s'agit, au contraire, de saisir ce qu'impliquent les processus contemporains de fragmentation de l'espace social pour des personnes qui ne sont ni plus ni moins que des travailleuses et des travailleurs.
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En 1525, le prédicateur Thomas Münzer prend la tête d'un soulèvement armé regroupant des ouvriers des mines, des paysans, des hommes du commun, qui traverse l'Allemagne. Ses cibles, ce sont les seigneurs féodaux et le clergé, diabolique ramassis d'« anguilles » et de « serpents ». L'insurrection est écrasée en mai 1525 et Thomas Münzer est arrêté, torturé et décapité. Par la suite, entre occultations, oublis et résurgences, Münzer deviendra l'un des noms à travers lesquels se déploient les aspirations, les craintes et les affrontements internes à la politique moderne. C'est une figure éternelle de l'utopie, une allégorie de l'émancipation populaire, dont ce maître ouvrage expose avec brio les enseignements toujours actuels.
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Hot, cool & vicious ; genre, race et sexualité dans le rap états-unien
Keivan Djavadzadeh
- Amsterdam
- Les Prairies Ordinaires
- 5 Février 2021
- 9782354802226
De toutes les musiques populaires contemporaines, le rap est celle que l'on associe le plus communément à l'expression d'un discours misogyne. Mais si les rappeuses elles-mêmes décrivent souvent l'industrie du rap comme un environnement qui leur est hostile, cela fait plus de quarante ans qu'elles ont investi cet espace. Des premiers enregistrements, commercialisés en 1979, à aujourd'hui, de The Sequence à Megan Thee Stallion, en passant par Queen Latifah, Salt'N'Pepa, Lil' Kim, Nicki Minaj et Cardi B, plusieurs générations se sont succédées, avec des temps forts et des moments de transition.
Elles ont écoulé des centaines de millions de disques et participé de manière significative au développement artistique et commercial du rap, sans pour autant être reconnues à la hauteur de leur contribution.
Par leurs morceaux ou leurs prises de position publique, elles ont permis d'ouvrir un espace de discussion sur des problématiques relatives à la condition des femmes noires des classes populaires et permis de faire évoluer les mentalités dans la culture hip-hop sur un certain nombre de sujets comme la sexualité ou les violences de genre.
Prenant le parti de rendre compte tant des rapports de domination à l'oeuvre que des formes de subjectivation rendues possibles pour celles qui évoluent dans l'industrie du rap, cet ouvrage s'intéresse à la façon dont les rappeuses états-uniennes ont négocié leur place dans une industrie dominée par des hommes et fait entendre un discours sur le genre, la race et la sexualité à rebours des représentations hégémoniques. Loin de l'image homogène qu'on lui prête parfois, il s'agit de rendre au rap enregistré par des femmes toute sa diversité et sa complexité.
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Les sauvages de la civilisation : une archéographie de la zone
Jérôme Beauchez
- Amsterdam
- 3 Juin 2022
- 9782354802424
La « Zone », c'est d'abord une bande de terre large de quelques centaines de mètres qui entoure Paris. Logée entre les fortifications de la ville, édifiées dans les années 1840, et sa banlieue, elle sert aux manoeuvres militaires. Là, s'installe progressivement une population interlope - chiffonniers, mendiants, pauvres de toutes sortes - dans un fatras de roulottes, de tissus et de métaux. À la fin du siècle, chez ceux de l'extérieur, la Zone devient un objet : objet de curiosité, de fantasmes, d'angoisse, de commisération, de littérature et d'images. Bref, l'objet de perceptions hétérogènes les unes aux autres mais unies par une même tendance à regarder de haut cette population, à la dominer avec plus ou moins de bienveillance.
De la Zone, aujourd'hui devenue, par extension, la désignation de toute forme de marginalité, Jérôme Beauchez propose une « archéographie » subtile et sensible, c'est-àdire l'histoire des regards - ceux de la bohème artistique et des photographes, des chansonniers et des journalistes, des élus et des hygiénistes - qui, en la constituant en objet, ont fabriqué une catégorie d'étrangers de l'intérieur, de « sauvages de la civilisation », dont on perçoit encore la prégnance, bien longtemps après la destruction de cet espace. Des zoniers aux zonards et au-delà, ce livre raconte l'histoire des marges.
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Identités et cultures Tome 2 ; politiques des différences
Stuart Hall
- Amsterdam
- 7 Juin 2019
- 9782354801939
Stuart Hall, sociologue britannique et figure centrale du champ des culturales studies, a profondément reconfiguré les façons d'appréhender le rapport entre culture, identité et capitalisme.
Il nous invite dans ce recueil à réfléchir aux modes d'identification et à la construction de la différence - en particulier raciale - dans le contexte de la mondialisation et des diasporas. Le dialogue critique qu'il établit entre les oeuvres d'Antonio Gramsci, de Jacques Derrida et de Paul Gilroy, mais aussi ses réflexions autour du cinéma et de la culture visuelle, mettent au jour l'irréductible hybridité des identités contemporaines.
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Dans le blanc des yeux ; diversité, racisme et médias
Maxime Cervulle
- Amsterdam
- 19 Novembre 2021
- 9782354802394
Diversité », « lutte contre les discriminations », « statistiques ethniques » : autant d'expressions qui, depuis les années 2000, n'ont cessé d'alimenter la controverse au sein de la sphère publique française. Dans ce contexte, les domaines audiovisuel et cinématographique ont été au coeur des préoccupations et la question de la représentation des dites « minorités visibles » a été particulièrement polémique. Inversant les termes habituels du débat français autour de la « diversité », cet ouvrage propose d'interroger la construction sociale de la blanchité. Ce concept anglo américain, né à la fin des années 1980 et presque complètement ignoré en France, désigne un mode de problématisation des rapports de race : l'étude des modalités dynamiques par lesquelles des individus ou groupes peuvent adhérer ou être assignés à une « identité blanche » socialement gratifiante. Entre études histo- riques novatrices sur l'articulation entre capitalisme et racisme et enquêtes sociologiques consacrées à l'hégémonie blanche, Dans le blanc des yeux rend ainsi compte des débats qui ont renouvelé la conceptualisation du racisme et pose à nouveaux frais la question de la dimension racialisante des représentations médiatiques.
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Pourquoi peut-on étudier le Japon en particulier, mais pas l'étranger en général ? Avant tout parce que la conception que l'on se fait de l'universel reste largement monolingue et autocentrée. Liée à l'ignorance - ou au déni - du caractère nécessairement situé de l'étude des réalités étrangères, cette situation tend à reproduire les logiques de domination qui structurent le monde. Il en résulte un face-à-face délétère entre ceux qui n'appréhendent le réel qu'au prisme d'intérêts locaux et ceux qui, se revendiquant universalistes, partent du principe qu'il n'existe pas de frontières.
Pour rompre avec cet état de fait, Michael Lucken propose dans cet ouvrage une réflexion riche et engagée sur la xénologie, dont il expose les principaux jalons historiques et les différentes fonctions : la prédation, la critique, la généralisation et, à l'horizon, la métamorphose des individus et des sociétés. Il dessine ainsi les linéaments d'une forme renouvelée d'anthropologie, plus sensible à la variabilité des imaginaires collectifs. Et montre que c'est seulement lorsque les humains auront une expérience intime de la divergence des points de vue sur le monde que l'universel cessera de leur être étranger. -
La plaine ; récits de travailleurs du productivisme agricole
Elie Gatien
- Amsterdam
- L'ordinaire Du Capital
- 16 Mars 2018
- 9782354801700
Dans la plaine de la Beauce, région spécialisée dans la céréaliculture intensive, la modernité technicienne n'admet guère de critiques. Nuisances industrielles, surcharge de travail, endettement, maladies professionnelles : rien n'y fait. Dépossédés de leur métier, les agriculteurs continuent néanmoins, consentants ou résignés, à faire le pari du progrès. Alternant portraits de chefs d'exploitation et chapitres analytiques, ce documentaire éclaire d'un jour nouveau l'engrenage productiviste. Des exploitations agricoles aux réunions syndicales, des agences bancaires aux coopératives de semences, des formations techniques aux salons agricoles, La Plaine est une enquête sociale sur le consentement des travailleurs du productivisme et sur les forces sociales de l'inertie politique.
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La catastrophe invisible ; histoire sociale de l'héroïne
Collectif
- Amsterdam
- 16 Février 2018
- 9782354801687
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Pour un féminisme de la totalité marque le début d'une collaboration entre Amsterdam et Période, revue en ligne de théorie marxiste lancée au printemps 2014. La collection « Période » publiera un à deux ouvrages par an, dont un numéro thématique composé à la fois de textes publiés sur le site et d'inédits.
La question de l'articulation entre race, classe et genre se trouve aujourd'hui au coeur du paysage théorique : partout se manifeste un désir diffus de penser l'imbrication des formes d'oppression et des identités, mais celle-ci est trop souvent réduite à une affaire de recoupements ou d'« intersectionnalité ». À cette perspective, l'ouvrage oppose une approche en termes de totalité, envisageant le féminisme comme une théorie des déplacements, des décalages dans le temps et l'espace au sein du capitalisme contemporain.
Le féminisme de la totalité met au centre de l'analyse le concept de « reproduction sociale » (comment sont assurés, au quotidien, la perpétuation et l'entretien de la force de travail) et de sa position au sein du système de la production. En parlant de reproduction sociale, il s'agit d'élargir la notion de « travail domestique », très individuelle et liée au partage des tâches au sein du foyer, et de penser le lien de cette dernière avec le secteur marchand de l'économie et le salariat.
L'ouvrage propose une traversée de l'ensemble des enjeux actuels du féminisme (oppression des femmes, violence sexiste, travail du sexe et travail tout court, identités LGBTQ, féminisme nationaliste, désir, famille...), en croisant les aspects socio-économiques et leurs effets psycho-affectifs, culturels et identitaires.
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A mi-chemin du pamphlet et du texte théorique, cet ouvrage pourfend les dévoiements dont le féminisme a fait l'objet.
Comment le féminisme, jadis pratique utopique et révolutionnaire, a-t-il pu devenir un discours hégémonique parfaitement adapté aux exigences du marché ? Comment ses ennemis d'hier ont-ils pu se l'approprier ? Car aujourd'hui, le féminisme est partout, prétexte à vendre tout et n'importe quoi, des vibromasseurs aux chaussures de luxe en passant bien entendu par soi-même. L'auteure analyse de façon claire, vivante et concise les principaux points d'application d'un féminisme cheval de Troie du néolibéralisme : la consommation, la guerre, le rapport à soi et le marché du travail.
Elle souligne qu'en dépit de leur diversité voire de leurs incohérences, les usages actuels du mot " féminisme " participent d'un processus global de marchandisation : les femmes doivent apprendre à " valoriser leurs atouts ", considérer leur corps comme un ensemble de pièces détachées, devenir des mères idéales sans oublier d'aller se vendre sur le marché du travail ni de maîtriser à la perfection l'art de la sexualité.
Après la femme-objet, voici la femme-marchandise ! Dans notre époque prétendument post-féministe, les femmes se trouvent donc enfermées, sous couvert d'émancipation, dans une nouvelle forme d'essentialisation et de servitude. En s'appuyant sur des exemples tirés du cinéma, de la philosophie, de l'actualité, de la pornographie et des luttes féministes d'hier et d'aujourd'hui, ce livre montre que l'unidimensionnalité n'est pas une fatalité pour les femmes, et que le combat féministe se trouve non pas derrière nous, mais devant nous.