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Éditeurs
Agone
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Quand les travailleurs sabotaient : France, Etats-Unis (1897-1918)
Dominique Pinsolle
- Agone
- 13 Septembre 2024
- 9782748905632
L'urgence climatique et sociale a remis au goût du jour l'activisme radical, dont le recours au sabotage. Loin de se réduire à une dégradation matérielle, cette pratique a soulevé d'immenses espoirs dans les rangs syndicalistes révolutionnaires de la « Belle Époque », au point d'être théorisée et mise en oeuvre de manière collective. De la Confédération général du travail (CGT) en France aux Industrial Workers of the World (IWW) aux États-Unis, le sabotage apparaissait alors comme une tactique légitime, imparable, et contre laquelle patrons et gouvernants ne pouvaient rien. Cette expérience syndicale éclaire la portée et les limites d'un moyen d'action marginalisé, objet de nombreux fantasmes.
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Si l'éducateur est celui qui sait, si les élèves sont ceux qui ignorent, il incombe au premier de donner, de remettre, d'apporter, de transmettre comme en dépôt son savoir aux seconds. Il n'est donc pas étonnant que, dans cette vision «bancaire» de l'éducation, les élèves soient vus comme des êtres d'adaptation, d'ajustement.
Et plus ils s'emploient à archiver les dépôts qui leur sont versés, moins ils développent en eux la conscience critique qui leur permettrait de s'insérer dans le monde, en transformateurs de celui-ci. En sujets. Dans la mesure où cette vision bancaire de l'éducation annule ou minimise le pouvoir créateur des élèves, qu'elle stimule leur naïveté et non leur esprit critique, elle satisfait les intérêts des oppresseurs : pour eux, il n'est pas fondamental de mettre à nu le monde, ni de le transformer. À l'image d'autres grands pédagogues, en premier lieu Célestin Freinet, Freire rappelle que projet éducatif et projet social sont indissociables. -
Hussardes noires : des enseignantes à l'avant-garde des luttes. De l'affaire Dreyfus à la grande guerre
Mélanie Fabre
- Agone
- L'ordre Des Choses
- 16 Février 2024
- 9782748905496
Dans les dernières décennies du XIXe siècle, quelques femmes saisissent les nouvelles opportunités qui s'offrent à elles dans l'institution scolaire.
Enseignantes, directrices d'école, inspectrices, ces rares élues n'entendent pas toutes se contenter du rôle subalterne dans lequel on voudrait les cantonner.
Liberté, Égalité, Fraternité : elles prennent la République au mot.
Dans les salles de classe, les universités populaires, les revues ou sur les estrades des réunions publiques, elles font entendre leur voix. Indociles et combatives, elles défendent leur idéal d'une école émancipatrice, imaginent de nouveaux rapports entre les sexes et entre les nations. Ainsi inventent-elles, malgré les réticences et les résistances, une nouvelle figure : l'intellectuelle. -
Black lives matter : le renouveau de la revolte noire americaine
Taylor Keeanga-Yamahtta
- Agone
- Elements
- 21 Octobre 2022
- 9782748905014
Une plongée dans l'histoire du racisme aux États-Unis, écrite par une universitaire et militante membre du mouvement BLM. L'autrice revient sur l'« économie politique du racisme » depuis la fin de l'esclavage, le reflux des mouvements sociaux des années 1960 et l'essor d'une élite noire prompte à relayer les préjugés racistes et anti-pauvres. Elle défend le potentiel universaliste de BLM : afro-américain et tourné contre les violences policières, il peut parfaitement rallier d'autres groupes et s'étendre à une lutte générale pour la redistribution des richesses.
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Organiser le pouvoir ouvrier : le laboratoire opéraiste de la Vénétie (1960-1973)
Marie Thirion
- Agone
- Memoires Sociales
- 19 Avril 2024
- 9782748905571
Aux « années de plomb » italiennes est associée la violence de groupes radicalisant la contestation issue de Mai 68. Parmi eux figure l'opéraïsme, courant marxiste née en Italie au début de la décennie. Loin du cliché d'une extrême gauche enfermée dans ses spéculations théoriques et condamnée à sombrer dans une fuite en avant mortifère, l'histoire que retrace Marie Thirion restitue toute l'ampleur d'un mouvement ancré dans la classe ouvrière. Cette tentative de mener une lutte autonome, détachée des bureaucraties syndicales et politiques, fait écho à tout questionnement sur l'articulation entre production intellectuelle et mobilisation des travailleurs
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Les enjeux du XXIe siècle : réflexions sur l'empire et la démocratie
Eric Hobsbawm
- Agone
- Elements
- 3 Mars 2023
- 9782748905137
Que nous apprend le regard d'un grand historien quand il se pose sur l'avenir et non sur le passé ? Dans un va-et-vient entre le xixe et le xxie siècles, Éric Hobsbawm se prend au jeu de l'anticipation, dressant les grandes lignes qui caractérisent notre époque. À travers un entretien suivi d'un essai sur les enjeux du xxie siècle, textes rassemblés ici pour la première fois, ce recueil se penche sur l'héritage d'un siècle à l'autre. Ces legs se nomment terrorisme, démocratie, guerre et paix, impérialisme, environnement, conséquences de la chute de l'URSS, futur des États-nations. Autant d'inquiétudes d'alors qui sont toujours d'actualité et sur lesquelles l'auteur conjoncture. Que ses spéculations aient été plus ou moins visionnaires, elles nous éclairent sur l'état du monde. Sans évidemment jamais tomber dans la politique-fiction, l'historien analyse méthodiquement les tensions qui se dessinent et nous donne l'occasion de faire un bilan, alors que nous entrons bientôt dans le quart de notre siècle.
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Quand l'art chasse le populaire : socio-histoire du théâtre public en France depuis 1945
Marjorie Glas
- Agone
- L'ordre Des Choses
- 5 Mai 2023
- 9782748904666
Le 25 mai 1968, les directeurs de maisons de la culture et de théâtres populaires qui signent la « déclaration de Villeurbanne » déplorent l'éloignement du théâtre et des classes populaires et plaident pour le renforcement des liens entre création et action culturelle. À cette époque, pourtant, le processus de rupture entre le théâtre public et le public lui-même, en particulier populaire, est déjà commencé - et ne cessera de s'accentuer.
Marjorie Glas met à jour les logiques de cette réorientation.
Elle montre comment l'hégémonie de l'avant-garde au nom de l'innovation esthétique a joué contre l'animation culturelle et la pédagogie artistique. Le poids de la professionnalisation, l'affirmation de nouvelles figures dominantes (metteur en scène et programmateur), s'inscrivent dans les logiques structurelles de l'institution, qui se révèlent plus fortes que les individualités. -
La journée fasciste de Célestin Freinet
Laurence de Cock
- Agone
- Memoires Sociales
- 18 Novembre 2022
- 9782748905038
La scène se déroule le 24 avril 1933, dans la petite école de Saint-Paul dirigée par Célestin Freinet, quelques minutes après la fermeture des portes. Depuis des mois, l'instituteur subit une campagne de diffamation menée par le maire, soutenue par quelques habitants du village, qui veulent le chasser.
Cette petite affaire locale a pris une envergure nationale grâce à de solides appuis via la presse d'extrême-droite. En cause, la pédagogie de Freinet, qui favorise une totale liberté dans l'expression écrite des enfants. Quelques mois plus tôt, un enfant avait donné le récit, qui fut imprimé sans aucune censure de l'instituteur, d'un rêve où le maire était attaqué par les élèves.
Le prétexte était tout trouvé pour se débarrasser de cet encombrant militant communiste : ce rêve révélait bien la pédagogie subversive de Freinet. Mais celui-ci tient bon, contre-attaque systématiquement, conteste, fait appel, mobilise tous ses soutiens politiques, pédagogiques et syndicaux. Las de devoir attendre une décision administrative qui n'arrive pas, le maire et ses ouailles décident de déloger Freinet manu militari. Mais Freinet, informé, était prêt à les accueillir, armé.
Ce moment peut être envisagé comme le point culminant de la situation ayant mené à la démission d'Elise et de Célestin Freinet, qui iront fonder une école privée à Vence. Au-delà de sa puissance lyrique, l'évènement témoigne à la fois de la passion d'un homme pour la pédagogie populaire (au point de la défendre arme au poing) mais aussi de la pression fasciste que connaît alors le pays.
Après une restitution des faits, fondée sur les archives (notamment policières), ce livre interroge ce qui peut mener un instituteur pacifiste à brandir une arme dans la cour de son école ; puis, sur la base de l'histoire de l'éducation et des controverses pédagogiques, il montre l'importance de la surveillance et de la criminalisation des pratiques dérogeant aux normes gouvernementales.
Au final, l'ouvrage vise à une compréhension de la-dite « pédagogie Freinet » dans le cadre d'une analyse de la mission de service public et d'une contribution à une autre histoire de l'école républicaine. -
Quelques lignes d'utopie : Pierre Leroux et la communauté des "imprimeux" à Boussac (1844-1848)
Ludovic Frobert
- Agone
- 3 Novembre 2023
- 9782748905359
Entre narration historique et fictive, ce récit retrace la naissance, la vie et la mort de la communauté utopique des « Imprimeux » qui s'est développée autour de deux activités : une imprimerie, puis une ferme. Rassemblée autour de la figure de Pierre Leroux, cette association entre industrie et agriculture s'est développée dans une petite commune de la Creuse - Boussac - entre 1844 et 1848, et réunit pas moins de quatre-vingts membres à son apogée.
Typographe, maçon, journaliste, mais aussi philosophe, homme politique et théoricien du socialisme, Pierre Leroux était l'ami de George Sand. En plus de lui dédier Spiridon, cette dernière le soutien financièrement dans son installation, pour l'aider à sortir de la précarité. En 1843, dans la foulée de l'obtention de son brevet d'imprimeur, il installe donc ses presses au sein d'un ancien hospice, où il fabrique des revues à l'image de ce siècle : politiquement effervescentes.
Soucieux de convertir en acte sa pensée socialiste, il invité son frère - également typographe - à diriger l'imprimerie à ses côtés. Peu à peu se constitue une colonie de travailleurs basée sur l'autosuffisance et l'égalité salariale. Jusqu'à ce que la révolution de 1848 en sonne le glas : Pierre Leroux proclame la République, est élu maire de Boussac puis député de la Seine ; il quitte alors la Creuse, laissant l'imprimerie aux mains de ses camarades.
Afin de reconstituer l'existence, aussi brève qu'intense, de la communauté des imprimeux, Ludovic Frobert met à contribution sa propre imagination pour compléter les matériaux historiques qu'il a rassemblés. Évoquant autant les petits que les grands évènements, l'aventure des idées que la réalité quotidienne, il redonne vie aux échanges, discussions et polémiques que cette cohabitation a fait naître. Il ravive le souvenir d'un homme dont les idées et l'oeuvre ont marqué ses plus illustres contemporains - dont Karl Marx et Jean Jaurès - mais dont l'image s'est peu à peu effacée. -
Dix ans d'action directe (1977-1987)
Jean-marc Rouillan
- Agone
- Memoires Sociales
- 12 Septembre 2018
- 9782748903683
Le nom « Action directe » surgit lors d'une réunion dans un tout petit appartement donnant sur le cimetière de Montmartre. Il avait été proposé par un camarade italien proche d'Azione rivoluzionaria. Savait-il qu'« Azione diretta » appartenait à l'histoire de la puissante organisation du syndicalisme révolutionnaire italien au début du XXe siècle ? Lorsque ce nom apparut officiellement, nombreux furent les censeurs. Ignorants de l'histoire révolutionnaire, ils n'y voyaient bien souvent qu'une référence au militarisme ou à l'anarchisme de la propagande par le fait. C'est oublier que ce terme appartient au patrimoine de la classe ouvrière, qu'il fut le titre de la résolution finale d'un des premiers congrès de la CGT et qu'on le retrouve dans les luttes de libération nationale. « Action directe » est l'ancien terme pour « autonomie ».
Du choix de la lutte armée à l'emprisonnement de 1980 et l'amnistie de 1981, de l'engagement avec les sans-papiers du quartier de la Goutte-d'or au retour à la clandestinité en 1982 puis à l'arrestation de 1987 en passant par les liens avec la Fraction armée rouge et les Brigades rouges, Jann-Marc Rouillan donne ici pour la première fois une histoire interne d'Action directe. Analyse critique par l'un de ses protagonistes, ce livre est une pièce indispensable d'un fragment de l'histoire politique française et européenne. Si cette histoire attend ses historiens, elle ne se fera pas sans ses témoins.
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Les anarchistes dans la ville ; révolution et contre-révolution à Barcelone, 1898-1937
Chris Ealham
- Agone
- 11 Juin 2021
- 9782748904215
« L'aspect le plus novateur et le plus controversé du soutien des anarchistes radicaux à la politique urbaine des chômeurs est peut-être leur approbation des actes illégaux de la population, qu'ils appelaient «crime social» ou «appropriation prolétarienne». Il s'agissait fondamentalement d'une lutte de défense spontanée menée par les chômeurs, dont «la dernière option décente» était de «s'associer avec d'autres chômeurs pour conquérir de force leur droit à la vie». Cette idéologie de l'action entraînait une attitude méprisante envers les mendiants. Un soir, Durruti provoqua un silence choqué dans le bar de La Tranquilidad quand, un clochard lui ayant demandé de l'argent, il fouilla dans la poche de sa veste pour en sortir un énorme pistolet qu'il déposa dans la main de
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Amiante ; une histoire ouvrière
Alberto Prunetti
- Agone
- Memoires Sociales
- 15 Février 2019
- 9782748903799
« C'est un travail dangereux de souder à quelques centimètres d'une cuve de pétrole. Une seule étincelle peut déclencher une explosion pouvant emporter une raffinerie entière. C'est pour ça qu'ils te disent d'utiliser cette bâche d'un gris sale, résistante à de très hautes températures car produite avec une substance légère et indestructible : l'amiante. Avec ça, les étincelles restent prisonnières.
Toi, tu restes prisonnier avec elles et, sous la bâche d'amiante, tu respires les émanations libérées par la fusion de l'électrode. Une seule fibre d'amiante et dans vingt ans tu es mort. » Alberto Prunetti raconte l'histoire de son père, Renato, né en 1945 à Livourne, dans les terres de l'aristocratie ouvrière toscane. Soudeur dans les raffineries et les aciéries italiennes depuis l'âge de quatorze ans, Renato s'empoisonne lentement au travail : il respire de l'essence, le plomb lui entre dans les os, le titane lui bouche les pores de la peau, et finalement, une fibre d'amiante se glisse dans ses poumons. Il meurt à 59 ans, après plusieurs années passées à l'hôpital.
En contrepoint de ce récit tragique, l'auteur rapporte ses souvenirs d'enfance, entre parties de foot et bagarres, et décrit toute une époque, sa musique, ses dialectes, ses grands événements sportifs - dans cette Toscane ouvrière où les années 1970 furent une décennie de luttes sociales, avant que les restructurations des années 1980 n'y mettent bon ordre.
L'opposition entre le père, parfait représentant de l'idéologie stalinienne du travail, et le fils qui incarne très vite la figure du précaire, n'empêche pas que s'exprime le profond amour qui les lie, teinté d'agacement et d'amusement avant que la maladie ne s'installe. L'humour constant, la délicatesse des sentiments, l'érudition historique et technique se mêlent dans ce récit.
Alberto Prunetti est traducteur et journaliste, notamment à Il Manifesto. Il a déjà publié six ouvrages en Italie. Il a reçu de nombreux prix et a été adapté au théâtre. Amianto est son premier livre traduit en France.
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Racecraft ou l'esprit de l'inégalité aux Etats-Unis
Barbara j. Fields, Karen e. Fields
- Agone
- Contre-feux
- 19 Novembre 2021
- 9782748904642
Comment des êtres sensés peuvent-ils croire en des choses qui n'existent pas ? En rapprochant la « fabrique de la race » (« racecraft ») de la sorcellerie (« witchcraft »), les soeurs Fields montrent l'impasse où s'enferment la plupart des approches de la race, y compris celles qui la considèrent comme une « construction sociale ». Les Américains ne croient plus à la sorcellerie, mais ils croient encore à la race et ne cessent de recréer les conditions concrètes qui la rendent évidente et impossible à contester.
Pilier de la littérature consacrée à ce sujet aux États-Unis, cet ouvrage est une leçon de méthode pour aborder une question toujours complexe.
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Moi, Silvio de Clabecq, militant ouvrier
Francois Thirionet
- Agone
- Memoires Sociales
- 7 Février 2020
- 9782748904277
Françoise Thirionet a rencontré Silvio Marra, ouvrier italien émigré en Belgique, au début des années 1970. Pendant trente ans, ils militent ensemble en discutant des problèmes rencontrés par Silvio aux Forges de Clabecq où il travaille. Ce livre est issu de leurs entretiens.
Pour Silvio et ses collègues, le quotidien à l'usine, c'est d'abord s'atteler à déconstruire certaines règles qui règnent dans l'entreprise. Notamment les attitudes de résignation et de peur. Rapidement élu délégué syndical en charge des questions d'hygiène et de sécurité, Silvio témoigne des luttes qui ont eu lieu pendant trente ans pour améliorer les conditions de travail et pour empêcher la fermeture annoncée du site.
Les ouvriers de Clabecq se fient à leurs propres forces et à leur connaissance de leur métier pour mener leurs combats. Quitte à mettre de côté l'appareil syndical sitôt qu'il a déclaré ne plus rien pouvoir pour eux. Dans la forge, l'émancipation doit être une oeuvre collective.
Son poste syndical, Silvio le voit comme un moyen de faire vivre l'« esprit de Clabecq » :
« Chaque fois qu'on voulait balancer quelqu'un, chaque fois qu'on voulait attaquer les faibles, tout le monde se portait à leur secours. Ce combat contre le licenciement, le chômage, le racisme, les bas salaires, nous le menions tous les jours sur le terrain. » Par la confiance qu'il affirme dans sa classe sans la théoriser à l'absurde, ce livre donne des leçons salvatrices d'optimisme militant.
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Le jeudi 5 mai, par une matinée de printemps, nous nous retrouvons à quinze mille métallos regroupés sur le terre-plein de Penhoët. Juché sur la plate-forme d'un wagon, je reste sidéré pendant quelques instants par l'impression de puissance que donnent quinze mille hommes rassemblés pour un motif commun, pour un combat vital. Ce potentiel de violence m'effraie un peu, bien que je me sente solidaire de mes camarades. Quinze mille mâles qui domptent la matière à longueur d'année, et se déclarent ouvertement prêts à pendre par les couilles le directeur et ses adjoints si ces derniers ne leur donnent pas les moyens de vivre décemment, cela me fait l'effet d'une douche glacée. D'autant plus que mes leçons de catéchisme sont toujours aussi vives dans ma mémoire, notamment « ...
Panem nostrum quotidianum de nobis hodie ». Le pain quotidien ? À vrai dire les ouvriers ne tiennent pas à ce qu'on le leur donne, ils veulent l'arracher, l'obtenir par la force, pour une simple question de dignité, pour « ne pas avoir à baisser leur froc devant le patron ».
Les Prolos est un témoignage d'apprentissage comme il en existe des romans. On y suit un très jeune apprenti, issu du monde agricole des régions rurales de la Loire, pour qui le passage par la condition ouvrière est une étape dans un parcours de promotion sociale.
C'est à Saint-Nazaire, dans les chantiers navals, que le chaudronnier se rapproche d'une classe ouvrière nullement enchantée, dans une progression dramatique qui culmine avec la grande grève de 1955. Le monde des Prolos, immédiatement postérieur à la reconstruction, est celui de la guerre froide, d'écarts et d'affrontements sociaux qu'on peine aujourd'hui à se représenter. C'est un monde presque entièrement disparu, qui a inspiré à Louis Oury un des classiques majeurs du témoignage ouvrier.
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Karl Marx, le retour : Pièce historique en un acte
Howard Zinn
- Agone
- 26 Septembre 2015
- 9782748902457
« Moins de cinq cents personnes contrôlent deux mille milliards de dollars en actifs commerciaux. Ces gens sont-ils plus nobles ? Travaillent-ils plus durement ? N'ai-je pas dit, voilà cent cinquante ans, que le capitalisme allait augmenter la richesse dans des proportions énormes mais que cette richesse serait concentrée dans des mains de moins en moins nombreuses ? "Gigantesque fusion de la Chemical Bank et de la Chase Manhattan Bank. Douze mille travailleurs vont perdre leur emploi... Actions en hausse." Et ils disent que mes idées sont mortes !... »
« Je voulais montrer un Marx furieux, truculent et bien vivant, explique Howard Zinn, le sauver non seulement des pseudo-communistes mais aussi des essayistes et des politiciens qui s'extasient devant le triomphe du capitalisme. » -
Les classes sociales en Europe ; tableau des nouvelles inégalités sur le vieux continent
Cédric Hugrée, Etienne Penissat, Alexis Spire
- Agone
- L'ordre Des Choses
- 13 Octobre 2017
- 9782748903331
Les classes populaires européennes se caractérisent aussi par la présence en leur sein d'une forte immigration : la part des travailleurs non européens y est d'environ 7 % - jusqu'à 17 % parmi les agents d'entretien - contre 2 % parmi les classes supérieures et moyennes. Cette lecture de l'immigration par les positions sociales éclaire d'un jour différent les discours des gouvernants européens sur les dangers d'une xénophobie venant du « bas » de la société : à la différence des classes supérieures, si promptes à mettre en avant la mobilité transnationale et la tolérance aux autres, les classes populaires sont dans les faits nettement plus métissées et mélangées que tous les autres groupes sociaux. En période de crise, les phénomènes de concurrence sur le marché du travail sont bien plus forts parmi les ouvriers, employés et travailleurs agricoles que pour celles et ceux qui se placent plus haut dans la hiérarchie sociale.
Ces trente dernières années, les contours de l'Europe n'ont cessé de s'élargir, contribuant à y rendre plus visibles les inégalités. Experts et journalistes analysent ces évolutions à l'aide d'indicateurs de performance économique - productivité, taux de chômage - sans jamais s'interroger sur les conditions de travail ou les disparités selon les couches sociales. Dans un contexte où la crise économique et les réponses néolibérales incitent les peuples à se replier sur chaque espace national, il est temps de se demander ce qui rapproche et ce qui distingue les travailleurs européens. À partir de grandes enquêtes statistiques, cet ouvrage prend le parti d'une lecture en termes de classes sociales : contre la vision d'individus éclatés touchés par la crise, l'objectif est de rendre visibles les rapports de domination entre groupes sociaux. Une étape préalable nécessaire pour explorer les conditions de possibilité d'un mouvement social européen.
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Areva en Afrique : Une Face Cachee du Nucléaire Français
Raphaël Granvaud
- Agone
- 6 Février 2015
- 9782748902426
L'indépendance énergétique de la France grâce au nucléaire est un mythe : l'uranium qui alimente le nucléaire civil et militaire provient pour une large part du sous-sol africain. Raphaël Granvaud détaille les conditions dans lesquelles la France et Areva se le procurent au meilleur coût, au prix d'ingérences politiques et de conséquences environnementales, sanitaires et sociales catastrophiques pour les populations locales.
Comme au Niger, fournisseur historique, pourtant en dernière position du classement des pays selon leur indice de développement humain. Dans un contexte international d'intensification de la concurrence sur le continent africain, mondialisation capitaliste oblige, Areva a toujours pu compter sur l'aide active des représentants officiels de l'État français et des réseaux les moins ragoûtants de la Françafrique pour sauvegarder son droit de pillage. L'auteur dévoile enfin les efforts considérables d'Areva pour que les différents éléments de cette réalité et de sa stratégie de dissémination nucléaire ne ternissent pas une image de marque qu'elle voudrait immaculée. -
REVUE AGONE n.43 : comment le genre trouble la classe
Revue agone
- Agone
- Revue Agone
- 18 Juin 2010
- 9782748901221
Il est rare que l'épouse soit la seule femme qui réalise, " hors marché ", le travail domestique au sens large : bonnes et prostituées, pour ne citer qu'elles, souvent migrantes, interviennent également, contre une rémunération plus ou moins sonnante et trébuchante.
Cela implique-t-il pour autant que la classe des femmes n'existe pas, parce que les antagonismes entre " Madames " et migrantes sans papiers l'auraient fait voler en éclats ? Ce serait aussi simpliste que de penser que le prolétariat est un concept dépassé parce qu'on trouve en son sein des contremaîtres. La classe des femmes existe dans la mesure où existe une très nette division sexuelle du travail, qui exige des unes qu'elles réalisent le travail de reproduction sociale et qui en exempte les membres de la classe des hommes.
Et il convient d'observer un organisateur du travail beaucoup plus à même de dresser des stratégies à moyen et long terme : l'Etat, en tant qu'agent des logiques d'accumulation de capital.
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Face au mépris des classes ; chroniques des violences légales et moins légales dans une cité des quartiers nord de Marseille
Pascal Pons
- Agone
- Cent Mille Signes
- 16 Novembre 2016
- 9782748902792
Pascal Pons montre que, face aux violences auxquelles sont confrontés les habitants de certains quartiers populaires, il est un laxisme qui doit cesser : celui qui tolère qu'ils n'aient aucun droit.
Il est tout de même fantastique que ceux qui ont été élus pour garantir des droits aux citoyens s'offusquent de leurs propres échecs et les attribuent à quelques criminels. Il ne faut tout de même pas oublier que la zone de « non-droit » sortie à toutes les sauces, c'est avant tout celle où vivent des personnes qui n'ont pas les mêmes droits qu'ailleurs.
Dans ces belles déclarations, le droit à la sécurité est toujours l'arbre qui cache la forêt.
Mais les autres droits ? Le droit aux soins ? À l'éducation dans des locaux de qualité, avec du personnel en nombre suffisant ? À des transports publics efficaces pour aller travailler partout où il y a (encore) du travail ? Le droit de savoir si ses enfants sont exposés ou non à l'amiante dans leur école ? Qui est responsable de la non-application de ces droits ?
Seulement la poignée de délinquants qui agite les nuits de la Castellane !?
C'est un fait, un réseau puissant et mortifère règne sur cette cité. Mais qui peut croire que les politiques de la ville et de l'État sont à la hauteur de la situation ? Qui est garant de l'ordre - et de quel ordre ? Qui est responsable de la main-mise de la mafia sur ces jeunes ? Il faut repenser l'espace public dans l'intérêt des habitants et non des promoteurs immobiliers qui lorgnent sur ce flanc de colline à la vue imprenable sur toute la baie phocéenne.
Le 10 février 2015, en pleine visite ministérielle à Marseille, une fusillade éclate à la cité de la Castellane, emblème médiatique des « zones de non-droit ». Les forces de police évacuent une école maternelle et confinent élèves et professeurs pendant plusieurs heures. Le lendemain, les enseignants font valoir leur droit de retrait puis, excédés, se constituent en collectif avec les parents d'élèves pour exiger des réponses des pouvoirs publics. Comment en est-on arrivé là ? Qui est vraiment responsable de la dégradation de la vie dans ce quartier ? Quel rôle ont joué municipalité, État et Éducation nationale face à la montée d'un réseau mafieux ? Comment parler d'une même voix, s'organiser, pour faire cesser ce mépris des classes de la Castellane ? Pendant plus d'un an, un militant syndical partage, avec parents et enseignants, la vie, les grandes difficultés et les petites victoires d'un collectif hétéroclite qui s'est fait porte-parole d'enfants sacrifiés par la République.
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Autopsie des terrorismes : Le monde de l'après-11-Septembre
Noam Chomsky
- Agone
- 17 Novembre 2016
- 9782748902921
« Les définitions des "guerres de basse intensité" menées par les États-Unis et celles du terrorisme sont presque identiques. Conçu comme l'utilisation de moyens coercitifs dirigés contre des populations civiles afin d'atteindre des visées politiques, religieuses ou autres, le terrorisme n'est donc qu'une composante de l'action des États.
Plus nous pouvons imputer de crimes à nos ennemis, plus nous sommes indignés ; plus notre responsabilité y est importante - et plus nous pouvons les faire cesser -, moins nous nous y intéressons. Contrairement aux grandes déclarations, il n'est pas vrai que "le terrorisme, c'est le terrorisme. Il n'y en a pas de deux sortes". Il en existe manifestement deux : le leur et le nôtre. Et cela ne vaut pas seulement pour le terrorisme. »
Une première version de ce livre est parue en 2001. Dix ans après,les attentats du 11-Septembre, les États-Unis exécutent Ben Laden. Cinq ans plus tard, la France entre à son tour dans la « guerre contre le terrorisme », bombardements à l'extérieur, état d'urgence et lois d'exception à l'intérieur.
Après avoir analysé le contexte historique international des attentats, l'auteur discute de la politique des démocraties occidentales au regard des principes du procès de Nuremberg. N'y a-t-il pas incompatibilité entre la justice internationale et l'immunité que s'accordent les grandes puissances ?
Linguiste, Noam Chomsky est professeur émérite au Massachusetts Institute of Technology (MIT, Boston). Parallèlement à sa prestigieuse carrière universitaire, il est mondialement connu pour ses engagements politiques et sa critique de la politique étrangère des États-Unis.
Les lecteurs coutumiers des analyses de Noam Chomsky retrouveront sans doute dans ce petit livre la plus grande part des faits à la base de son inlassable observation de la politique étrangère des grandes puissances. Faits historiques qui, pour ne pas être confidentiels, sont à peu près absents des déclarations des gouvernements et des médias officiels. L'occultation de ces faits est en effet indispensable pour maintenir l'adhésion des populations à la poursuite des politiques des grandes puissances. Et le rappel de ces faits dérangeants - dont la liste s'allonge sans cesse (les mêmes raisons du plus fort produisant les mêmes effets sur les plus faibles) - constitue la tâche de toutes celles et tous ceux qui veulent regarder derrière le voile du discours dominant. Activité préalable à tout projet de changement social.
« Ces faits ont été complètement effacés de l'histoire. Il faudrait quasiment les crier sur tous les toits », faisait remarquer Noam Chomsky à Greg Ruggiero lors de la première édition de ce livre. Dix ans plus tard, pour cette réédition, le monde n'ayant pas changé, ce programme non plus. -
Officiers ; des classes en lutte sous l'uniforme
Christel Coton
- Agone
- Ordre Des Choses
- 16 Mars 2017
- 9782748903294
Les remarques anodines sur les tares des armes non combattantes sont légion et elles contribuent toujours à les dévaluer plus ou moins gentiment.
David, saint-cyrien, évoque la piètre qualité de l'annexe « Génie de l'exercice » dont il fait partie. Damien, membre de l'infanterie, s'en amuse et, tout en élevant la voix et en bombant le torse, il lui lance : « Ça, c'est un truc que tu n'as pas encore compris. Que vous n'êtes qu'une annexe ! Sans nous, vous n'existez pas. » Il lui tend son pied à baiser et lance mi-sérieux, mi-complice : « Sans l'infanterie, vous êtes rien du tout ! Vous n'existez que par nous et pour nous ! » David ne s'en offusque pas et nourrit même l'interaction de quelques clichés bien trouvés sur les sapeurs peu disposés à se surcharger de travail.
Alors que la lutte contre le terrorisme nous habitue toujours plus à la présence de militaires dans l'espace public, et que certains en appellent à l'armée pour « recadrer » et « remotiver » la jeunesse déshéritée, on sait en réalité bien peu de choses sur cette institution. Cet ouvrage, fruit d'une enquête par immersion en milieu officier, nous ouvre les portes d'un univers encore méconnu et en renouvèle les cadres d'analyse tout à la fois sociologiques et politiques. L'auteure, sociologue, a mené cette enquête en devenant stagiaire dans une école d'étatmajor, puis civile « embarquée » dans un régiment de combat. On découvre une institution étonnante traversée par des conflits et des rapports de force qui nous éclairent sur la violence ordinaire du monde social. Sous l'uniforme, des tensions sociales, scolaires et politiques polarisent très fortement l'entre-soi militaire. Tout en nous apprenant qui sont les futurs chefs de l'armée française, cet ouvrage vient rappeler que tandis que la critique antimilitariste a beaucoup faibli depuis la fin de la conscription, l'armée continue de recruter largement dans les classes populaires.
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Les migrants de Calais ; enquête sur la vie en transit
Sophie Djigo
- Agone
- Contre-feux
- 21 Octobre 2016
- 9789782748904
« Au-delà de la condition de migrant, ce que ces hommes et ces femmes nous donnent la charge de penser, c'est tout à la fois la difficulté de vivre dans un lieu qu'on n'a pas choisi et qui est (devenu) invivable, la responsabilité des États européens dans la stratification de la mobilité mondiale aussi bien que dans les conflits mondiaux, la légitimité du rapport d'appropriation à un territoire «national», la question de savoir où aller lorsqu'on ne peut pas rester là où l'on est, et qui choisit et décide du lieu où l'on peut aller. Au fond, les migrants de Calais sont pris dans un étau qui les prive doublement de choix : ils n'ont pas choisi de naître et de grandir dans leur pays d'origine et, une fois parvenus à Calais, on leur signifie qu'ils ne peuvent pas non plus choisir un nouveau lieu de vie. Que signifie alors cette vie en transit ? Peut-on vivre sans chez-soi dans un lieu comme la «jungle» ? Que vivent et que veulent ces hommes et ces femmes réfugiés en pareils lieux ? Pourquoi la France condamne-t-elle les migrants illégaux à se replier dans ces espaces ? Quel alternative peut-on raisonnablement envisager ? » Indissociablement enquête sociologique et philosophique, ce livre explore la condition de migrant, d'abord au travers de leur point de vue, ensuite par une analyse du vocabulaire dans lequel on les enferme, on les regarde et par lequel ils se racontent. Mais on voit aussi ce que leur condition nous dit de la politique d'accueil et d'asile de l'État français, des liens contradictoires entre démocratie et politique d'immigration, de la façon dont la France ne représente plus un « bien » pour les immigrés en quête d'asile, en dépit de sa longue tradition de défense des libertés et des droits humains.
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Histoire de France populaire : D'il y a très longtemps à nos jours, pour les grands et les petits
Laurence De Cock, Fred Sochard
- Agone
- Memoires Sociales
- 15 Novembre 2024
- 9782748905700
L'histoire se construit, mais elle se raconte aussi. Et c'est ce qui la rend accessible au plus grand nombre. Mais aussi ce qui nous permet de comprendre le présent. Dans la poursuite du travail de Howard Zinn et de Gérard Noiriel, ce livre propose de revisiter les mythes nationaux à l'aune des avancées historiques les plus récentes. Il interroge les origines de la France, retrace les résistances et les révoltes pour placer au coeur de l'histoire les acteurs et actrices oubliées par le grand roman national et colonial. Ce récit de plus de 2000 ans cerne les différences manières dont, d'une frontière et d'un siècle à l'autre, les populations se mélangent pour donner ce qu'appelle le peuple français. Illustrations et couverture par Fred SOCHARD.