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Prix
Gallimard
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« J'ai voulu l'oublier cette fille. L'oublier vraiment, c'est-à-dire ne plus avoir envie d'écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n'y suis jamais parvenue. » Dans Mémoire de fille, Annie Ernaux replonge dans l'été 1958, celui de sa première nuit avec un homme, à la colonie de S dans l'Orne. Nuit dont l'onde de choc s'est propagée violemment dans son corps et sur son existence durant deux années.
S'appuyant sur des images indélébiles de sa mémoire, des photos et des lettres écrites à ses amies, elle interroge cette fille qu'elle a été dans un va-et-vient implacable entre hier et aujourd'hui.
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Lu par Loïc Corbery
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«J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...»
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Cela fait longtemps que Régis Debray ne prend plus sa plume pour une épée. Qu'à cela ne tienne. Nostalgique sans amertume ni ressentiment, il voit se réveiller en lui certains souvenirs incongrus, de ceux qui font un drôle de parcours, de quatre à quatre-vingt-quatre ans. En passant par les Deux-Sèvres, les USA, les Andes, la prison, Moscou et la rue d'Ulm. Sans oublier ces rencontres qui furent autant de leçons et d'amitiés surgissant un jour sans jamais s'évanouir - Bernard Pivot, François Maspero, Chris Marker, Stéphane Hessel, Simone Signoret, Julien Gracq, Edgar Morin... Passé embuscades et mots d'auteur, ce n'est pas de clore le bal qu'il s'agit, mais de récapituler une existence pour mieux envisager la suivante. Donc pas de temps à perdre. Il faut se préparer simplement... à faire mieux la prochaine fois.
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La splendide promesse : Mon itinéraire républicain
Danièle Sallenave
- Gallimard
- Blanche
- 27 Février 2025
- 9782073098412
Je suis une enfant des années d'après-guerre, élevée dans l'amour de la république, de ses principes, de ses symboles et de ses mythes au coeur de l'Ouest conservateur et clérical. Qu'ai-je fait de cet héritage, et qu'a-t-il fait de moi ? Je ne me donne pas en exemple, je raconte. Mon itinéraire, mon parcours dans une époque mouvementée. Fin de la guerre d'Algérie, mai 68, découverte du tiers-monde, chute du Mur, sursauts populistes d'une France en proie au mécontentement et au doute... Une rude mise à l'épreuve de l'idéal républicain. Des voyages, des rencontres, des engagements, des amitiés, des ruptures. Et pour finir une conviction têtue. La république n'est rien si elle oublie «la splendide promesse faite au tiers état», selon la formule de Mandelstam. Une promesse de justice, d'instruction et de progrès. D. S.
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Rétro-chaos est le récit de vie de Daniel Cordier qui serait demeuré s'il n'avait pas eu le temps de publier Alias Caracalla. Au début des années 2000, il subit une lourde opération. Il profite de sa convalescence pour dresser un bilan. C'est toute son existence qu'il retrace alors, depuis son enfance entre parents divorcés et «séquestration» en pension jusqu'à l'écriture d'Alias Caracalla. Mêlant avec sa spontanéité habituelle anecdotes inédites et réflexions rétrospectives, il raconte la genèse de son engagement à l'extrême droite et la façon dont il s'en déprit sous l'influence de la France libre et de la Résistance. Il évoque non seulement Jean Moulin, son patron vénéré, mais également la très jeune équipe du secrétariat clandestin aux prises avec le dénuement et la peur. Il revient sur ses rapports compliqués avec son autre «grand homme», Jean Dubuffet, au temps où il était un acteur majeur du marché de l'art contemporain. Il explique enfin, de manière détaillée et concrète, comment il se fit historien au fil de sa monumentale biographie de Jean Moulin et comment il reprit possession de son passé en travaillant à Alias Caracalla. Au terme de ce livre, il se demande s'il a vécu «une vie pour rien». Au lecteur de trancher.
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«Si tu étais si attaché à ta carte d'ouvrier, c'est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n'auras connu que des titres de transport et de résidence. Le titre en latin veut dire l'inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n'était hélas que pour t'effacer. Tu as figuré sur l'interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d'autres avant toi à malaxer dans les tranchées.» En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. L'auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d'Algérie en 1962, embauché comme manoeuvre à la Société métallurgique de Normandie. Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l'injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d'identité et d'intégration.
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Histoire intime de la Ve République Tome 3 : tragédie française
Franz-Olivier Giesbert
- GALLIMARD
- Biblos
- 2 Novembre 2023
- 9782072969300
Dans Le Sursaut, j'ai raconté le redressement gaulliste de 1958, et dans La Belle Époque, la gestion de «mère de famille» des années Pompidou et Giscard. C'était un autre siècle. Mais les décennies suivantes, que j'essaie de faire revivre ici, celles de Mitterrand, Chirac, même Sarkozy et Hollande, nous paraissent elles aussi lointaines, avec leurs promesses et leurs ombres : bicentenaire de la Révolution, chute du Mur, 11 Septembre, irruption des «lieux de mémoire» et éclatement concomitant de notre roman national... Mitterrand prétendait «changer la vie» en 1981. Onéreuse illusion. La présidence Chirac s'est enrayée sitôt commencée, marquée pourtant par quelques décisions mémorables. Le repli s'est poursuivi, bon an mal an, sous leurs successeurs, qui n'ont pas toujours démérité. La France n'a certes pas encore touché le fond, mais elle s'est laissée aller, au point de ne plus maîtriser ni ses comptes publics ni ses flux migratoires. Sans oublier le délitement de l'autorité qui ronge nos âmes, notre industrie qui se défait, comme notre moral, et la juxtaposition des ghettos communautaires sous l'égide du «vivre-ensemble». Ce qui n'empêche ni les plaisirs, ni les rires, ni les joies, ni les chansons de Véronique Sanson et de Francis Cabrel qui égaient notre vie, ni la nostalgie de ceux qui nous ont quittés sans jamais partir - Aragon, Barbara, Johnny Hallyday, Belmondo... Puisant dans mes carnets et le Journal que j'ai tenu pendant des années, j'ai voulu raconter comme je l'avais vécu ce temps de faux espoirs et de vraies ruptures, dans un va-et-vient entre nos perceptions d'alors et notre regard d'aujourd'hui. Avec la conviction qu'il n'y a jamais de fatalité en histoire. F.-O.G.
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Des rivières sauvages, des vallées sombres, des gorges, des torrents, des cascades, et, au creux des collines, un lac immense : dans un récit autobiographique, Françoise Chandernagor nous décrit la Creuse, pays des sources et des eaux qui inspira Claude Monet. Pauvre, secrète et longtemps inaccessible, cette région du Massif central - dont, pendant trois siècles, les fils devaient migrer chaque printemps vers des chantiers parisiens pour survivre -, cette terre granitique vouée au chêne et au genêt, fut le paradis de son enfance. Une enfance à demi paysanne, placée sous l'égide d'un grand-père lui-même "maçon migrant". Dans un hameau de dix-sept feux, une enfance libre et buissonnière qui est à l'origine de sa vocation d'écrivain. À travers le sort de ceux qu'elle a connus dans son village, et les changements économiques ou climatiques violents de ces dernières années, Françoise Chandernagor, avec son art de conteuse, montre la transformation de cette "île" hors du temps, son île battue des vents où, longtemps, on n'arrivait qu'à pied : "Eux savaient où était caché l'or vrai, et ils se promettaient qu'un jour ils reviendraient vers leurs landes familières, reviendraient dans leur village sans route, perdu entre Limoges et Clermont, pour y contempler chaque été, et jusqu'à en être aveuglés, les paillettes de soleil que nos vents fous arrachent aux rivières."
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«Le combat ne m'a pas forgé le coeur et l'âme, il m'a simplement rendu lucide. J'en sais désormais suffisamment pour ne pas me croire préservé, par ma simple qualité d'homme, du surgissement de l'animal qui gît en moi.» Dans ce récit à la première personne, le général Lecointre évoque son parcours de jeune officier - de la naissance d'une vocation jusqu'aux terrains de guerre au Rwanda, à Sarajevo ou en Irak - et donne à voir l'expérience d'homme de guerre dans ce qu'elle a de plus concret, unique, et parfois indicible. Jamais un grand chef militaire n'avait évoqué avec autant d'acuité et de lucidité les doutes et les réalités auxquels se confrontent les soldats : le sentiment de vivre des événements qui ne peuvent être compris que d'eux, la peur paralysante qui surgit à tout moment et, surtout, l'interrogation fondamentale sur le sens de l'action. Comment garder son humanité quand, au coeur du combat, la violence gagne de plus en plus les esprits ? On croyait la guerre réservée aux livres d'histoire, et la voici de nouveau. Cet Entre guerres l'appréhende de manière saisissante et profonde, tout comme il évoque avec pudeur la singulière fraternité unissant les hommes qui dédient leur vie au service de la France.
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En 1990, Bartabas rencontre Pina Bausch. Une amitié entre eux se noue, et il lui présente le cheval Micha Figa - le partenaire idéal, selon lui, pour révéler la personnalité profonde de la danseuse. C'est le début d'une aventure initiatique sans pareille, qui durera plus de dix ans. Lors de ces nuits volées, au gré de leurs rencontres, Pina Bausch et Micha Figa tissent un lien qui aurait dû déboucher sur un spectacle attendu. La vie en a voulu autrement. Restent les moments de grâce qui ont échappé aux projecteurs, et dont Bartabas, qui en fut l'unique témoin, nous livre ici le récit halluciné. Un geste vers le bas, hommage d'un artiste à une autre, nous entraîne dans les coulisses de la création, et raconte ce qui peut se jouer d'irrationnel et de sublime entre l'homme et l'animal.
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Ce texte rassemble des réflexions, des citations et des portraits, à partir desquels Philippe Labro propose une sorte de « livre de sagesse » où l'on reconnait ses passions pour la littérature, la musique, la politique et la nature. Ainsi le volume recèle d'informations inédites sur des personnages illustres que l'auteur a connus, tels que Serge Gainsbourg, Johnny Hallyday, Romain Gary, Tom Wolfe, Jean-Pierre Melville, Georges Pompidou... Ce sont des portraits vivants, souvent étonnants, car Philippe Labro nous donne accès à l'intimité de leur création. Il a écrit des chansons pour Hallyday et tout un album pour Serge Gainsbourg. Il a travaillé avec le cinéaste Jean-Pierre Melville, qui lui a prodigué ses conseils pour réaliser des films. En politique, les analyses de Philippe Labro se nourrissent à la fois des hommes qu'il a fréquentés, comme Pompidou et Chirac, mais aussi de la lecture scrupuleuse des oeuvres de Churchill et du Général de Gaulle, dont il donne ici un éclairage original. Au contact de Tom Wolfe et de Romain Gary, l'auteur a pu s'intéresser à la part mystérieuse de l'écriture et à l'effort qu'elle requiert de l'écrivain.Dans ce livre de réflexions et de souvenirs, l'auteur déploie un sens aigu de la narration pour donner vie à ses portraits et à ses analyses. C'est également un texte de sagesse où Philippe Labro essaie de comprendre ce feu sacré qui habite les quelques grands créateurs qu'il a pu approcher et qui ont donné du sens à son parcours. Pour le lecteur, c'est un livre édifiant, une traversée lumineuse dans un destin qui est au contact des autres s'est chargé de leurs enseignements.
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« Arrêtez. Il y en a trop. Ça n'est plus crédible.
J'ai beau savoir, et ma cousine a beau me fournir de son côté des informations toutes plus criantes de vérité, je refuse de continuer l'inventaire. La nausée me prend, la tête me tourne.
Ils sont trop nombreux, c'est trop systématique. Et pourtant jamais pareil.
Pourquoi tenter de reconstituer la généalogie de ces chaînes d'abus, de meurtres psychiques, de saccage, pourquoi se faire du mal en cherchant à s'approcher au plus près de ce qui s'est vraiment passé? Parce qu'il faut raconter ce que ces gens si bien élevés, ces bons bourgeois français, se sont autorisés à faire subir à leurs rejetons, petits, fragiles, tellement dépendants d'eux. Et tâcher de le dire dans le détail. Omettre ou minimiser la réalité serait encore ménager les agresseurs. Il faut aussi essayer de comprendre, analyser. Expliciter comment sur quatre générations - et je n'écris peut-être que pour stopper la malédiction -, en toute impunité, tant de personnes ont instrumentalisé, maltraité leurs enfants, sans jamais être inquiétées.
La loi des grands nombres me délie soudain de ma peur, de mes hontes et du silence imposés. » A l'issue de la parution de Noces de charbon à l'automne 2013, une cousine lointaine de Sophie Chauveau prend contact avec elle, éberluée de constater que la romancière semble avoir subi une enfance et une adolescence similaires à la sienne, c'est-à-dire totalement saccagées par les comportements incestueux de leurs pères. Cette coïncidence fait tristement écho à des rumeurs entendues dans leurs familles respectives sur des ancêtres eux-mêmes soupçonnés de crimes sexuels. Elles commencent alors une sorte d'enquête, épouvantable et nécessaire inventaire dressant peu à peu la liste d'une telle quantité de pervers et de victimes dans cette famille hors normes que leur témoignage unique et édifiant prend une force inouïe.
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Les faits : autobiographie d'un romancier
Philip Roth
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 22 Novembre 1990
- 9782070721450
Les faits se présente comme l'autobiographie non conventionnelle d'un écrivain qui a déconstruit notre idée de la fiction. Cette oeuvre, d'une franchise inventive et irrésistible, dévoile le rapport intime et complexe que Philip Roth entretient avec l'art et l'existence. Sur le fil entre souvenirs des faits et souvenirs imaginés, l'auteur de La contrevie se concentre sur cinq moments fondateurs de son identité d'homme et de romancier:son enfance à Newark dans les années 1930 et 1940; son expérience de l'américanité à l'université; son premier mariage chaotique; l'indignation de la communauté juive américaine à la parution de Goodbye, Colombus; et enfin, la découverte dans les années 1960 d'une liberté créatrice qui donnera naissance à Portnoy et son complexe.Mais comment écrire à propos des faits de l'existence lorsqu'on a passé une vie entière à changer l'ordinaire en extraordinaire avec une originalité et une audace si féroces? Comment un romancier chevronné, jamais mieux servi que par «la chair de la fiction», peut-il encore prétendre se présenter « sans fard »? Tel est le questionnement au coeur du livre que Roth explore avec malice et clairvoyance. Et ce n'est pas un hasard si c'est à son héros de papier et alter-ego, Nathan Zuckerman, qu'il donne ici le dernier mot.Cette nouvelle traduction redonne tout son lustre à la verve incomparable d'un des plus grands auteurs américains de sa génération. Elle révèle avec habileté l'humour, l'intelligence et la précision d'un texte qu'il est précieux de redécouvrir aujourd'hui, à la lumière de toute une oeuvre littéraire.
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«Une journée où je n'écris pas a un goût de cendres», disait-elle. Simone de Beauvoir (1908-1986) fut philosophe, romancière, théoricienne du féminisme, militante anticolonialiste, elle fut la moitié du «couple existentialiste» (et mythique) qu'elle forma avec Sartre, et elle fut aussi, bien sûr, une des grandes mémorialistes de notre temps. Lécriture de soi a toujours été présente dans sa vie. Dès ses dix-huit ans, elle tint un journal intime. Elle continua sa vie durant, par intermittence. C'est la volonté de raconter son amie d'enfance, Zaza, et la douleur liée à sa disparition qui font se concrétiser son désir autobiographique. Commencées en 1956, les Mémoires d'une jeune fille rangée paraissent en 1958. Ce livre allait devenir le premier volume d'une vaste et ambitieuse entreprise mémoriale. Pourtant, à l'origine, il devait se suffire à lui-même : Simone de Beauvoir y avait assouvi son ambition de «totalité». Mais il amorça un processus d'écriture qui allait se déployer sur un quart de siècle. «On ne peut jamais se connaître mais seulement se raconter.» Des Mémoires à La Cérémonie des adieux (1981), six ouvrages couvrent pratiquement toute l'existence de Beauvoir, de sa naissance à la mort de Sartre en avril 1980. S'y succèdent toutes les modalités du récit de soi. L'autobiographie dans Mémoires d'une jeune fille rangée, où elle retrace la conquête de son autonomie et fait revivre son désir d'adolescente : «devenir un écrivain célèbre». Les mémoires, récit d'une vie dans sa condition historique, avec La Force de l'âge (1960), qui suit le parcours du «Castor» de 1929 à 1944 - dix années de liberté et de bonheur brisées par la guerre, et par la prise de conscience d'une sorte d'aveuglement -, puis La Force des choses (1963), où le passé remémoré finit par rejoindre le moment de la rédaction et où l'écriture de soi rallie l'écriture du monde. L'autoportrait, dans Tout compte fait (1972), où la stricte chronologie le cède au thématique. Le témoignage enfin, dans La Cérémonie des adieux, où Beauvoir évoque les dix dernières années de la vie de Sartre. Au centre, Une mort très douce (1964), court et admirable récit consacré à la maladie et à la disparition de sa mère. L'oeuvre mémoriale de Simone de Beauvoir ne cessa d'enlacer l'Histoire. «Répertoire des rêves d'une génération», embrassant la presque totalité du XX? siècle, elle fut souvent lue comme un document, un précieux témoignage sur une époque. «Ses souvenirs sont les nôtres, disait François Nourissier ; en parlant d'elle, Simone de Beauvoir nous parle de nous.» Le temps est sans doute venu de la lire autrement, comme une oeuvre littéraire. On a parfois reproché à Beauvoir sa sèche précision, la monotonie de son style ou bien encore une écriture trop «intellectuelle». C'était ne pas voir que ce style, recherché par elle, relevait de la mise à distance du monde et de la volonté de faire entendre sa propre voix, vivante.
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«Une journée où je n'écris pas a un goût de cendres», disait-elle. Simone de Beauvoir (1908-1986) fut philosophe, romancière, théoricienne du féminisme, militante anticolonialiste, elle fut la moitié du «couple existentialiste» (et mythique) qu'elle forma avec Sartre, et elle fut aussi, bien sûr, une des grandes mémorialistes de notre temps. Lécriture de soi a toujours été présente dans sa vie. Dès ses dix-huit ans, elle tint un journal intime. Elle continua sa vie durant, par intermittence. C'est la volonté de raconter son amie d'enfance, Zaza, et la douleur liée à sa disparition qui font se concrétiser son désir autobiographique. Commencées en 1956, les Mémoires d'une jeune fille rangée paraissent en 1958. Ce livre allait devenir le premier volume d'une vaste et ambitieuse entreprise mémoriale. Pourtant, à l'origine, il devait se suffire à lui-même : Simone de Beauvoir y avait assouvi son ambition de «totalité». Mais il amorça un processus d'écriture qui allait se déployer sur un quart de siècle. «On ne peut jamais se connaître mais seulement se raconter.» Des Mémoires à La Cérémonie des adieux (1981), six ouvrages couvrent pratiquement toute l'existence de Beauvoir, de sa naissance à la mort de Sartre en avril 1980. S'y succèdent toutes les modalités du récit de soi. L'autobiographie dans Mémoires d'une jeune fille rangée, où elle retrace la conquête de son autonomie et fait revivre son désir d'adolescente : «devenir un écrivain célèbre». Les mémoires, récit d'une vie dans sa condition historique, avec La Force de l'âge (1960), qui suit le parcours du «Castor» de 1929 à 1944 - dix années de liberté et de bonheur brisées par la guerre, et par la prise de conscience d'une sorte d'aveuglement -, puis La Force des choses (1963), où le passé remémoré finit par rejoindre le moment de la rédaction et où l'écriture de soi rallie l'écriture du monde. L'autoportrait, dans Tout compte fait (1972), où la stricte chronologie le cède au thématique. Le témoignage enfin, dans La Cérémonie des adieux, où Beauvoir évoque les dix dernières années de la vie de Sartre. Au centre, Une mort très douce (1964), court et admirable récit consacré à la maladie et à la disparition de sa mère. L'oeuvre mémoriale de Simone de Beauvoir ne cessa d'enlacer l'Histoire. «Répertoire des rêves d'une génération», embrassant la presque totalité du XX? siècle, elle fut souvent lue comme un document, un précieux témoignage sur une époque. «Ses souvenirs sont les nôtres, disait François Nourissier ; en parlant d'elle, Simone de Beauvoir nous parle de nous.» Le temps est sans doute venu de la lire autrement, comme une oeuvre littéraire. On a parfois reproché à Beauvoir sa sèche précision, la monotonie de son style ou bien encore une écriture trop «intellectuelle». C'était ne pas voir que ce style, recherché par elle, relevait de la mise à distance du monde et de la volonté de faire entendre sa propre voix, vivante.
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«Je pense ne plus avoir assez de vie devant moi pour écrire une autre autobiographie. Ces paroles, dans cet entretien accordé par Romain Gary à Radio-Canada, serrent le coeur. Peu de mois après l'enregistrement, il mettait fin à ses jours, le 2 décembre 1980. Si l'on retrouve, dans la présente transcription de cet entretien, bien des confidences, des anecdotes, des opinions déjà lues dans La Promesse de l'aube et La nuit sera calme, il faut le considérer comme le dernier état de son autobiographie, ou tout au moins de ce qu'il a bien voulu dévoiler de l'ambition, des espoirs, des succès et des humiliations qui ont fait sa vie.» Roger Grenier.
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À la mort de ses parents, Niki de Saint Phalle entame l'écriture d'un cycle autobiographique. Elle explore la mémoire familiale à la recherche de réponses à rebours du temps, fouillant l'Histoire depuis la Grande Dépression jusqu'aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, de sa naissance à son mariage avec Harry Mathews. Traces constitue l'un des trois temps de ce projet intime dans lequel l'artiste nous invite. Dans un style volontairement naïf, elle raconte ses parents, New York, les châteaux, l'enfance, la guerre, les jeux, les joies, les rêves et les peines. Les drames n'apparaissent qu'entre les lignes ; le traumatisme initial est partout et nulle part à la fois. Dans ce vrai livre-trésor, Niki de Saint Phalle nous offre en dessins, en photos et autres merveilles colorées les clés de son imaginaire. Bien plus qu'une autobiographie illustrée, Traces est un portrait artistique d'une grande délicatesse, un tête-à-tête intime avec l'une des plus grandes artistes du XX? siècle.
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« Chaque jour est précieux, parce que nous respirons encore pour rester attentifs, chacun à notre façon, émus par la lumière qui tombe sur une haute branche, la table de travail le matin, la tombe d'un poète bien-aimé. » Un livre de jours retrace en photos une année de vie dans l'univers de Patti Smith. Chaque jour est l'occasion de découvrir un nouveau cliché de l'autrice ou de sa collection. De sa guitare favorite à des images de son enfance en passant par son édition rare d'Une saison en enfer ou un portrait d'Allen Ginsberg, nous plongeons de manière ludique et esthétique au coeur du monde fascinant d'une artiste culte qui se dévoile ici comme jamais. Accompagnés de légendes pleines d'esprit et de douceur, les 366 visuels, poétiques, tendres et souvent nostalgiques, sont aussi une célébration de la vie et de toutes les petites réjouissances qu'elle offre chaque jour. Pour rendre hommage à la France et à ses lecteurs français qui lui sont si chers, Patti Smith a personnalisé cette édition avec une préface et des photos inédites.
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Depuis des années, mes amis me pressent, en m'écoutant raconter mes histoires, d'écrire mes Mémoires. Je me suis toujours refusé à cette tâche que je sentais pourtant, moi-même, nécessaire.Les souvenirs ici réunis ne s'apparentent donc pas à des Mémoires, au sens classique du terme, mais à un mélange de ce que j'ai baptisé «lieux de mémoire» et «ego-histoire». Pour mieux dire, ils relèvent de ce que l'on appelait autrefois un roman d'apprentissage.Je me suis spontanément concentré sur les traits singuliers de mes jeunes années : la guerre de neuf à treize ans pour un enfant juif ; une famille faite d'individualités fortes ; une impossibilité à me plier aux normes universitaires sans pouvoir cependant m'en détacher ; une initiation amoureuse des moins banales ; une ouverture à plusieurs types de vie qui n'a pas été offerte à tous. Une jeunesse qui m'a fait ce que je suis.P. N.
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Oeuvres complètes
François Villon
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 16 Octobre 2014
- 9782070129249
Qui fut François Villon (1431-apr. 1463)? Un vagabond, un étudiant, un voleur, un «mauvais garçon»? Telle est en tout cas l'image qu'il a laissée, transmise même, puisque tel il se décrit à travers sa poésie. La réalité est peut-être en partie différente. Les documents d'archives qui nous sont parvenus, et qui sont ici reproduits, laissent planer le mystère. Si Villon connaît le langage des «coquillards», son appartenance à cette organisation de malfaiteurs reste incertaine : le (passionnant) rapport d'enquête sur la bande procure une liste de ses membres et décrypte leur argot, sans jamais citer notre homme.
Si l'on met de côté la légende, reste la poésie, faite d'interrogations et d'inquiétudes, de mélancolie et de nostalgie : une danse de vie et de mort. Considéré comme le premier poète moderne, Villon aime jouer avec les langues, et il les connaît toutes : celle des cours, dans lesquelles il fut reçu, celles du peuple et des métiers, l'argot et les proverbes. Il se les approprie, les détourne, en fait surgir la fragilité et la beauté. Encore faut-il pouvoir y accéder. Une traduction en français moderne figure ici en regard du texte original.
Dès le lendemain de sa disparition, Villon fut augmenté, imité, réinterprété, réinventé et célébré par ses lecteurs, et notamment par les écrivains. Un choix de textes (et d'illustrations) propose donc, sous l'intitulé «Lectures de François Villon», les échos de la fortune du poète du XVe au XXe siècle.
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Dans un récit intime en forme de confession, Dominique Bona retrace sa vie d'écrivain, à la fois romancière et biographe. Elle dévoile ses émotions, ses sentiments et les rencontres qui ont construit sa propre identité. Romain Gary, Berthe Morisot, Gala Dali, Stefan Zweig, Camille Claudel, Colette:elle raconte la part cachée de ses livres, les enquêtes pleines de risques et d'embûches, les coups de foudre, les hasards et les désillusions qui ont fait de chacun d'eux une histoire personnelle. Si elle convoque avec tendresse et humour les personnages de sa famille imaginaire, c'est elle que l'on découvre, sous le masque que tout écrivain s'impose, dans cette autobiographie d'une biographe passionnée.
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Mémoires Tome 1 et Tome 2
Simone de Beauvoir
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 17 Mai 2018
- 9782072780592
Coffret de deux volumes vendus ensemble