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GALLIMARD
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Lambeau, subst. masc. 1. Morceau d'étoffe, de papier, de matière souple, déchiré ou arraché, détaché du tout ou y attenant en partie. 2. Par analogie:morceau de chair ou de peau arrachée volontairement ou accidentellement. Lambeau sanglant; lambeaux de chair et de sang. Juan, désespéré, le mordit à la joue, déchira un lambeau de chair qui découvrait sa mâchoire (Borel, Champavert, 1833, p. 55). 3. Chirurgie:segment de parties molles conservées lors de l'amputation d'un membre pour recouvrir les parties osseuses et obtenir une cicatrice souple. Il ne restait plus après l'amputation qu'à rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu'une épaulette à plat (Zola, Débâcle, 1892, p. 338). (Définitions extraites du Trésor de la Langue Française).
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«J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...»
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Ma vie sans gravité
Thomas Pesquet
Lu par Loïc Corbery- Gallimard
- Ecoutez Lire
- 11 Janvier 2024
- 9782073052629
Lu par Loïc Corbery
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La splendide promesse : Mon itinéraire républicain
Danièle Sallenave
- Gallimard
- Blanche
- 27 Février 2025
- 9782073098412
Je suis une enfant des années d'après-guerre, élevée dans l'amour de la république, de ses principes, de ses symboles et de ses mythes au coeur de l'Ouest conservateur et clérical. Qu'ai-je fait de cet héritage, et qu'a-t-il fait de moi ? Je ne me donne pas en exemple, je raconte. Mon itinéraire, mon parcours dans une époque mouvementée. Fin de la guerre d'Algérie, mai 68, découverte du tiers-monde, chute du Mur, sursauts populistes d'une France en proie au mécontentement et au doute... Une rude mise à l'épreuve de l'idéal républicain. Des voyages, des rencontres, des engagements, des amitiés, des ruptures. Et pour finir une conviction têtue. La république n'est rien si elle oublie «la splendide promesse faite au tiers état», selon la formule de Mandelstam. Une promesse de justice, d'instruction et de progrès. D. S.
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Crénom, Baudelaire !
Jean Teulé
Lu par Dominique Pinon- Gallimard
- Ecoutez Lire
- 7 Janvier 2021
- 9782072924644
Après Rimbaud, Verlaine et Villon, Jean Teulé se devait de se pencher sur la vie et l'oeuvre de Charles Baudelaire. L'oeuvre éblouit, le personnage fascine. Cet homme au caractère épouvantable, qui ne respectait rien, qui méprisait les usages et les êtres humains en général, n'a eu d'autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Il a réuni à travers cent poèmes l'ignoble et le sublime et les a jetés à la face de l'humanité. Cent fleurs du mal qui ont changé à jamais le destin de la poésie française. Jean Teulé s'est nourri de cette matière pour atteindre ce lieu mystérieux où, telle la lave des volcans, surgit la création.
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«Si tu étais si attaché à ta carte d'ouvrier, c'est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n'auras connu que des titres de transport et de résidence. Le titre en latin veut dire l'inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n'était hélas que pour t'effacer. Tu as figuré sur l'interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d'autres avant toi à malaxer dans les tranchées.» En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. L'auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d'Algérie en 1962, embauché comme manoeuvre à la Société métallurgique de Normandie. Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l'injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d'identité et d'intégration.
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Rétro-chaos est le récit de vie de Daniel Cordier qui serait demeuré s'il n'avait pas eu le temps de publier Alias Caracalla. Au début des années 2000, il subit une lourde opération. Il profite de sa convalescence pour dresser un bilan. C'est toute son existence qu'il retrace alors, depuis son enfance entre parents divorcés et «séquestration» en pension jusqu'à l'écriture d'Alias Caracalla. Mêlant avec sa spontanéité habituelle anecdotes inédites et réflexions rétrospectives, il raconte la genèse de son engagement à l'extrême droite et la façon dont il s'en déprit sous l'influence de la France libre et de la Résistance. Il évoque non seulement Jean Moulin, son patron vénéré, mais également la très jeune équipe du secrétariat clandestin aux prises avec le dénuement et la peur. Il revient sur ses rapports compliqués avec son autre «grand homme», Jean Dubuffet, au temps où il était un acteur majeur du marché de l'art contemporain. Il explique enfin, de manière détaillée et concrète, comment il se fit historien au fil de sa monumentale biographie de Jean Moulin et comment il reprit possession de son passé en travaillant à Alias Caracalla. Au terme de ce livre, il se demande s'il a vécu «une vie pour rien». Au lecteur de trancher.
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Anne d'Autriche : La régente absolue
Joël Cornette
- Gallimard
- Nrf Biographies
- 10 Avril 2025
- 9782073018496
Fille d'un roi d'Espagne, elle partit à quatorze ans épouser un roi de France, sans autre mission que de lui donner un héritier ni autre liberté que de cultiver sa grande dévotion. Le destin en décida autrement : Anne d'Autriche sera la dernière régente de l'Ancien Régime - une «régente absolue», dira Voltaire - et la dernière femme à gouverner la France. Tenue à distance par un Louis XIII soupçonneux et un Richelieu toujours aux aguets, elle allait s'éveiller à la politique, à quarante-deux ans, sous l'empire de la nécessité, pour sauver le trône de son fils, l'enfant roi Louis XIV. Durant son bref «règne» (1643-1651), la monarchie faillit sombrer sous les coups de multiples révoltes, les guerres domestiques de la Fronde, moment explosif, le plus périlleux que connut la royauté avant 1789. Face à des événements inopinés, des affronts, des trahisons, comme celle de Condé, premier prince du sang, elle sut faire preuve, secondée par Mazarin, d'une grande intelligence politique, mélange de pragmatisme, de persuasion et d'indomptable courage. Avant de rétablir coûte que coûte la paix intérieure, antichambre du grand règne de guerre et de gloire auquel son fils allait associer son nom. Anne d'Autriche incarne le pouvoir au féminin : une reine éminemment politique, percluse de piété, que le hasard des circonstances destina à piloter sans faiblesse dans la tempête le navire malmené de l'État. Par-delà les polémiques et les dénigrements dont on l'a souvent accablée, cette biographie la restitue telle qu'elle fut. En majesté.
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Je dirai malgré tout que cette vie fut belle
Jean d' Ormesson
- Gallimard
- Blanche
- 1 Janvier 2016
- 9782070178292
Pour se défendre dans un procès qu'il s'intente à lui-même, l'auteur fait défiler au galop un passé évanoui. Il va de l'âge d'or d'un classicisme qui règne sur l'Europe à l'effondrement de ce « monde d'hier » si cher à Stefan Zweig. De Colbert, Fouquet, Bossuet ou Racine à François Mitterrand, Raymond Aron, Paul Morand et Aragon.
Mais les charmes d'une vie et les tourbillons de l'histoire ne suffisent pas à l'accusé :
« Vous n'imaginiez tout de même pas, que j'allais me contenter de vous débiter des souvenirs d'enfance et de jeunesse ? Je ne me mets pas très haut, mais je ne suis pas tombé assez bas pour vous livrer ce qu'on appelle des Mémoires. » Les aventures d'un écrivain qui a aimé le bonheur et le plaisir en dépit de tant de malheurs cèdent peu à peu la place à un regard plus grave sur le drame qui ne cesse jamais de se jouer entre le temps et l'éternité, et qui nous emportera.
Écrivain, chroniqueur, journaliste et philosophe, Jean d'Ormesson est né en 1925. Il a longtemps mené de front une carrière de journaliste, principalement au Figaro, une carrière de premier plan à l'Unesco et sa carrière d'écrivain. Il a été élu à l'Académie française en 1973. L'essentiel de son oeuvre est publié aux Éditions Gallimard, en particulier dans la Bibliothèque de la Pléiade.
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Histoire intime de la Ve République Tome 3 : tragédie française
Franz-Olivier Giesbert
- Gallimard
- Biblos
- 2 Novembre 2023
- 9782072969300
Dans Le Sursaut, j'ai raconté le redressement gaulliste de 1958, et dans La Belle Époque, la gestion de «mère de famille» des années Pompidou et Giscard. C'était un autre siècle. Mais les décennies suivantes, que j'essaie de faire revivre ici, celles de Mitterrand, Chirac, même Sarkozy et Hollande, nous paraissent elles aussi lointaines, avec leurs promesses et leurs ombres : bicentenaire de la Révolution, chute du Mur, 11 Septembre, irruption des «lieux de mémoire» et éclatement concomitant de notre roman national... Mitterrand prétendait «changer la vie» en 1981. Onéreuse illusion. La présidence Chirac s'est enrayée sitôt commencée, marquée pourtant par quelques décisions mémorables. Le repli s'est poursuivi, bon an mal an, sous leurs successeurs, qui n'ont pas toujours démérité. La France n'a certes pas encore touché le fond, mais elle s'est laissée aller, au point de ne plus maîtriser ni ses comptes publics ni ses flux migratoires. Sans oublier le délitement de l'autorité qui ronge nos âmes, notre industrie qui se défait, comme notre moral, et la juxtaposition des ghettos communautaires sous l'égide du «vivre-ensemble». Ce qui n'empêche ni les plaisirs, ni les rires, ni les joies, ni les chansons de Véronique Sanson et de Francis Cabrel qui égaient notre vie, ni la nostalgie de ceux qui nous ont quittés sans jamais partir - Aragon, Barbara, Johnny Hallyday, Belmondo... Puisant dans mes carnets et le Journal que j'ai tenu pendant des années, j'ai voulu raconter comme je l'avais vécu ce temps de faux espoirs et de vraies ruptures, dans un va-et-vient entre nos perceptions d'alors et notre regard d'aujourd'hui. Avec la conviction qu'il n'y a jamais de fatalité en histoire. F.-O.G.
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Album offert par votre libraire pour l'achat simultané de trois volumes Pléiade. Chez les libraires participant à la promotion et dans la limite des stocks disponibles. Un dessin signé «Dex» représente un profil d'homme coiffé d'une casquette que l'on devine à double visière et qui a tout l'air d'une deerstalker-cap. L'homme fume une pipe courbe au fourneau rond, de type bent billiard ou bent apple. La matière qui constitue le dessin est remarquable. Il s'agit de mots. Parfois isolés, comme Elementary qui forme à soi seul le fourneau de la pipe. Parfois réunis en groupes, The Greek Interpreter à la visière de la casquette, The Sign of Four sur le nez et la joue du personnage, The Valley of Fear dans son cou. Parfois enfin assemblés en phrases : There is nothing more deceptive than an obvious fact ; Dogs don't make mistakes ; ou Watson here will tell you that I never can resist a touch of the dramatic*. C'est bien vu : Sherlock Holmes est une créature de papier. Il n'existe, du moins à l'origine, que par les titres de ses aventures, par les expressions qui l'identifient et par les sentences qu'on lui prête. «On» ? le docteur Watson bien sûr, narrateur de la quasi-totalité des histoires qui mettent en scène son peu banal colocataire, Holmes. Sir Arthur Conan Doyle, qui signe les récits de Watson, a fort à faire avec ce Holmes. Certes, il doit à son succès de pouvoir offrir à sa famille une vie confortable, mais la créature occulte le créateur et contrarie la diffusion de ses autres histoires, celles où le détective consultant cède la place à d'autres héros. Cet Album de la Pléiade, le premier qui soit consacré à un personnage de fiction, retrace en quelque sorte l'histoire des relations entre Doyle et Holmes, et raconte la progressive émancipation de ce dernier qui, comme le montrent les images rassemblées et le récit à la fois malicieux et savant de Baudouin Millet, vit désormais sa propre vie, dans son pays et abroad, pour le plus grand plaisir de ses adeptes, lecteurs, spectateurs, téléspectateurs et autres aficionados. *«Il n'y a rien de plus trompeur qu'un fait évident» ; «Les chiens ne se trompent pas» ; «Watson ici présent vous dira que je ne sais pas résister à une petite touche de théâtralité».
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«Le combat ne m'a pas forgé le coeur et l'âme, il m'a simplement rendu lucide. J'en sais désormais suffisamment pour ne pas me croire préservé, par ma simple qualité d'homme, du surgissement de l'animal qui gît en moi.» Dans ce récit à la première personne, le général Lecointre évoque son parcours de jeune officier - de la naissance d'une vocation jusqu'aux terrains de guerre au Rwanda, à Sarajevo ou en Irak - et donne à voir l'expérience d'homme de guerre dans ce qu'elle a de plus concret, unique, et parfois indicible. Jamais un grand chef militaire n'avait évoqué avec autant d'acuité et de lucidité les doutes et les réalités auxquels se confrontent les soldats : le sentiment de vivre des événements qui ne peuvent être compris que d'eux, la peur paralysante qui surgit à tout moment et, surtout, l'interrogation fondamentale sur le sens de l'action. Comment garder son humanité quand, au coeur du combat, la violence gagne de plus en plus les esprits ? On croyait la guerre réservée aux livres d'histoire, et la voici de nouveau. Cet Entre guerres l'appréhende de manière saisissante et profonde, tout comme il évoque avec pudeur la singulière fraternité unissant les hommes qui dédient leur vie au service de la France.
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Dans Van Gogh le suicidé de la société, publié en 1947, quelques mois avant sa mort, Antonin Artaud rend au peintre un éblouissant hommage. Non, Van Gogh n'était pas fou, martèle-t-il, ou alors il l'était au sens de cette authentique aliénation dont la société et les psychiatres ne veulent rien savoir.«Je vois à l'heure où j'écris ces lignes, le visage rouge sanglant du peintre venir à moi, dans une muraille de tournesols éventrés,dans un formidable embrasement d'escarbilles d'hyacinthe opaque et d'herbages de lapis-lazuli.Tout cela, au milieu d'un bombardement comme météorique d'atomes qui se feraient voir grain à grain,preuve que Van Gogh a pensé ses toiles comme un peintre, certes, et uniquement comme un peintre, mais qui serait,par le fait même,un formidable musicien.»
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Des rivières sauvages, des vallées sombres, des gorges, des torrents, des cascades, et, au creux des collines, un lac immense : dans un récit autobiographique, Françoise Chandernagor nous décrit la Creuse, pays des sources et des eaux qui inspira Claude Monet. Pauvre, secrète et longtemps inaccessible, cette région du Massif central - dont, pendant trois siècles, les fils devaient migrer chaque printemps vers des chantiers parisiens pour survivre -, cette terre granitique vouée au chêne et au genêt, fut le paradis de son enfance. Une enfance à demi paysanne, placée sous l'égide d'un grand-père lui-même "maçon migrant". Dans un hameau de dix-sept feux, une enfance libre et buissonnière qui est à l'origine de sa vocation d'écrivain. À travers le sort de ceux qu'elle a connus dans son village, et les changements économiques ou climatiques violents de ces dernières années, Françoise Chandernagor, avec son art de conteuse, montre la transformation de cette "île" hors du temps, son île battue des vents où, longtemps, on n'arrivait qu'à pied : "Eux savaient où était caché l'or vrai, et ils se promettaient qu'un jour ils reviendraient vers leurs landes familières, reviendraient dans leur village sans route, perdu entre Limoges et Clermont, pour y contempler chaque été, et jusqu'à en être aveuglés, les paillettes de soleil que nos vents fous arrachent aux rivières."
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« Arrêtez. Il y en a trop. Ça n'est plus crédible.
J'ai beau savoir, et ma cousine a beau me fournir de son côté des informations toutes plus criantes de vérité, je refuse de continuer l'inventaire. La nausée me prend, la tête me tourne.
Ils sont trop nombreux, c'est trop systématique. Et pourtant jamais pareil.
Pourquoi tenter de reconstituer la généalogie de ces chaînes d'abus, de meurtres psychiques, de saccage, pourquoi se faire du mal en cherchant à s'approcher au plus près de ce qui s'est vraiment passé? Parce qu'il faut raconter ce que ces gens si bien élevés, ces bons bourgeois français, se sont autorisés à faire subir à leurs rejetons, petits, fragiles, tellement dépendants d'eux. Et tâcher de le dire dans le détail. Omettre ou minimiser la réalité serait encore ménager les agresseurs. Il faut aussi essayer de comprendre, analyser. Expliciter comment sur quatre générations - et je n'écris peut-être que pour stopper la malédiction -, en toute impunité, tant de personnes ont instrumentalisé, maltraité leurs enfants, sans jamais être inquiétées.
La loi des grands nombres me délie soudain de ma peur, de mes hontes et du silence imposés. » A l'issue de la parution de Noces de charbon à l'automne 2013, une cousine lointaine de Sophie Chauveau prend contact avec elle, éberluée de constater que la romancière semble avoir subi une enfance et une adolescence similaires à la sienne, c'est-à-dire totalement saccagées par les comportements incestueux de leurs pères. Cette coïncidence fait tristement écho à des rumeurs entendues dans leurs familles respectives sur des ancêtres eux-mêmes soupçonnés de crimes sexuels. Elles commencent alors une sorte d'enquête, épouvantable et nécessaire inventaire dressant peu à peu la liste d'une telle quantité de pervers et de victimes dans cette famille hors normes que leur témoignage unique et édifiant prend une force inouïe.
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«Tu as fermé ta lettre de deux cachets à la cire rouge portant le monogramme de notre patronyme, la lettre K, élégamment inscrite dans une ellipse. Je conserve un souvenir d'enfance du sceau et de son bâton de cire, qui faisaient partie de l'immense bric-à-brac acquis aux salles d'enchères par Rodolphe durant son exil londonien. Sans doute avait-il trouvé dans cette onzième lettre de l'alphabet vendue au hasard de l'encan dans un lot disparate, fréquente en anglais comme en tchèque mais rare en français, le tesson de notre identité persistant dans la tourmente.Ce modeste K, qui appartenait peut-être à un King, un Kellogg, un Kenneth prématurément tué ou ruiné par la guerre, magnifiait soudain notre survie familiale à travers les tribulations du XX? siècle... Petit garçon j'avais tenté de jouer avec cet objet fascinant qui produisait des dessins en relief : je me souviens comment tu fis fondre pour moi avec ton briquet - tu étais encore fumeur dans les années 1960 - la cire qui grésillait. Je me remémore son parfum de brûlé, les bulles noires et rouges, la pâte molle qui en séchant fit naître ce camée cramoisi, chétif et précieux.»
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En 1990, Bartabas rencontre Pina Bausch. Une amitié entre eux se noue, et il lui présente le cheval Micha Figa - le partenaire idéal, selon lui, pour révéler la personnalité profonde de la danseuse. C'est le début d'une aventure initiatique sans pareille, qui durera plus de dix ans. Lors de ces nuits volées, au gré de leurs rencontres, Pina Bausch et Micha Figa tissent un lien qui aurait dû déboucher sur un spectacle attendu. La vie en a voulu autrement. Restent les moments de grâce qui ont échappé aux projecteurs, et dont Bartabas, qui en fut l'unique témoin, nous livre ici le récit halluciné. Un geste vers le bas, hommage d'un artiste à une autre, nous entraîne dans les coulisses de la création, et raconte ce qui peut se jouer d'irrationnel et de sublime entre l'homme et l'animal.
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«Une journée où je n'écris pas a un goût de cendres», disait-elle. Simone de Beauvoir (1908-1986) fut philosophe, romancière, théoricienne du féminisme, militante anticolonialiste, elle fut la moitié du «couple existentialiste» (et mythique) qu'elle forma avec Sartre, et elle fut aussi, bien sûr, une des grandes mémorialistes de notre temps. Lécriture de soi a toujours été présente dans sa vie. Dès ses dix-huit ans, elle tint un journal intime. Elle continua sa vie durant, par intermittence. C'est la volonté de raconter son amie d'enfance, Zaza, et la douleur liée à sa disparition qui font se concrétiser son désir autobiographique. Commencées en 1956, les Mémoires d'une jeune fille rangée paraissent en 1958. Ce livre allait devenir le premier volume d'une vaste et ambitieuse entreprise mémoriale. Pourtant, à l'origine, il devait se suffire à lui-même : Simone de Beauvoir y avait assouvi son ambition de «totalité». Mais il amorça un processus d'écriture qui allait se déployer sur un quart de siècle. «On ne peut jamais se connaître mais seulement se raconter.» Des Mémoires à La Cérémonie des adieux (1981), six ouvrages couvrent pratiquement toute l'existence de Beauvoir, de sa naissance à la mort de Sartre en avril 1980. S'y succèdent toutes les modalités du récit de soi. L'autobiographie dans Mémoires d'une jeune fille rangée, où elle retrace la conquête de son autonomie et fait revivre son désir d'adolescente : «devenir un écrivain célèbre». Les mémoires, récit d'une vie dans sa condition historique, avec La Force de l'âge (1960), qui suit le parcours du «Castor» de 1929 à 1944 - dix années de liberté et de bonheur brisées par la guerre, et par la prise de conscience d'une sorte d'aveuglement -, puis La Force des choses (1963), où le passé remémoré finit par rejoindre le moment de la rédaction et où l'écriture de soi rallie l'écriture du monde. L'autoportrait, dans Tout compte fait (1972), où la stricte chronologie le cède au thématique. Le témoignage enfin, dans La Cérémonie des adieux, où Beauvoir évoque les dix dernières années de la vie de Sartre. Au centre, Une mort très douce (1964), court et admirable récit consacré à la maladie et à la disparition de sa mère. L'oeuvre mémoriale de Simone de Beauvoir ne cessa d'enlacer l'Histoire. «Répertoire des rêves d'une génération», embrassant la presque totalité du XX? siècle, elle fut souvent lue comme un document, un précieux témoignage sur une époque. «Ses souvenirs sont les nôtres, disait François Nourissier ; en parlant d'elle, Simone de Beauvoir nous parle de nous.» Le temps est sans doute venu de la lire autrement, comme une oeuvre littéraire. On a parfois reproché à Beauvoir sa sèche précision, la monotonie de son style ou bien encore une écriture trop «intellectuelle». C'était ne pas voir que ce style, recherché par elle, relevait de la mise à distance du monde et de la volonté de faire entendre sa propre voix, vivante.
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«Une journée où je n'écris pas a un goût de cendres», disait-elle. Simone de Beauvoir (1908-1986) fut philosophe, romancière, théoricienne du féminisme, militante anticolonialiste, elle fut la moitié du «couple existentialiste» (et mythique) qu'elle forma avec Sartre, et elle fut aussi, bien sûr, une des grandes mémorialistes de notre temps. Lécriture de soi a toujours été présente dans sa vie. Dès ses dix-huit ans, elle tint un journal intime. Elle continua sa vie durant, par intermittence. C'est la volonté de raconter son amie d'enfance, Zaza, et la douleur liée à sa disparition qui font se concrétiser son désir autobiographique. Commencées en 1956, les Mémoires d'une jeune fille rangée paraissent en 1958. Ce livre allait devenir le premier volume d'une vaste et ambitieuse entreprise mémoriale. Pourtant, à l'origine, il devait se suffire à lui-même : Simone de Beauvoir y avait assouvi son ambition de «totalité». Mais il amorça un processus d'écriture qui allait se déployer sur un quart de siècle. «On ne peut jamais se connaître mais seulement se raconter.» Des Mémoires à La Cérémonie des adieux (1981), six ouvrages couvrent pratiquement toute l'existence de Beauvoir, de sa naissance à la mort de Sartre en avril 1980. S'y succèdent toutes les modalités du récit de soi. L'autobiographie dans Mémoires d'une jeune fille rangée, où elle retrace la conquête de son autonomie et fait revivre son désir d'adolescente : «devenir un écrivain célèbre». Les mémoires, récit d'une vie dans sa condition historique, avec La Force de l'âge (1960), qui suit le parcours du «Castor» de 1929 à 1944 - dix années de liberté et de bonheur brisées par la guerre, et par la prise de conscience d'une sorte d'aveuglement -, puis La Force des choses (1963), où le passé remémoré finit par rejoindre le moment de la rédaction et où l'écriture de soi rallie l'écriture du monde. L'autoportrait, dans Tout compte fait (1972), où la stricte chronologie le cède au thématique. Le témoignage enfin, dans La Cérémonie des adieux, où Beauvoir évoque les dix dernières années de la vie de Sartre. Au centre, Une mort très douce (1964), court et admirable récit consacré à la maladie et à la disparition de sa mère. L'oeuvre mémoriale de Simone de Beauvoir ne cessa d'enlacer l'Histoire. «Répertoire des rêves d'une génération», embrassant la presque totalité du XX? siècle, elle fut souvent lue comme un document, un précieux témoignage sur une époque. «Ses souvenirs sont les nôtres, disait François Nourissier ; en parlant d'elle, Simone de Beauvoir nous parle de nous.» Le temps est sans doute venu de la lire autrement, comme une oeuvre littéraire. On a parfois reproché à Beauvoir sa sèche précision, la monotonie de son style ou bien encore une écriture trop «intellectuelle». C'était ne pas voir que ce style, recherché par elle, relevait de la mise à distance du monde et de la volonté de faire entendre sa propre voix, vivante.
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«Je pense ne plus avoir assez de vie devant moi pour écrire une autre autobiographie. Ces paroles, dans cet entretien accordé par Romain Gary à Radio-Canada, serrent le coeur. Peu de mois après l'enregistrement, il mettait fin à ses jours, le 2 décembre 1980. Si l'on retrouve, dans la présente transcription de cet entretien, bien des confidences, des anecdotes, des opinions déjà lues dans La Promesse de l'aube et La nuit sera calme, il faut le considérer comme le dernier état de son autobiographie, ou tout au moins de ce qu'il a bien voulu dévoiler de l'ambition, des espoirs, des succès et des humiliations qui ont fait sa vie.» Roger Grenier.
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Dans ce récit autobiographique bref et lumineux, Patti Smith, qui a été distinguée par le National Book Award, revient sur les moments les plus précieux de son enfance, les convoquant avec un réalisme saisissant qui confine au fantastique. L'auteur mêle l'évocation de la petite fille qu'elle était à des souvenirs à la fois authentiques et imaginaires de sa jeunesse new yorkaise, passée parmi les cafés de la rue MacDougal. Glaneurs de rêves, dont l'écriture a été achevée le jour du 45e anniversaire de Patti Smith, dans le Michigan, a été initialement publié aux États-Unis sous la forme d'un mince volume. Vingt ans plus tard, le texte est réédité et paraît enfin en France dans une version augmentée, complétée de fragments inédits et accompagnée de nouvelles photographies et illustrations.
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Lyon-Vaise, 4 avril 1915. Jour de Pâques. Six heures du soir. Mon petit Lou très chéri. Je t'écris sans savoir si même je dois t'écrire et si mes lettres te font plaisir. Nous sommes en gare de Lyon-Vaise. Je t'écris sur mon sac individuel. Il paraît que nous allons non en Argonne mais à Mourmelon-le-Petit dans le groupe de 90 du 38ème 43e batterie qui a été amochée. Dès que j'ai su que définitivement t'étais plus à moi, en ai eu un peu de peine, peut-être même beaucoup. Je suis fidèle comme un dogue ai-je écrit dans Alcools et tu aurais dû te douter que tout ce que je disais de te tromper était pas vrai. Pour le moment, je préfère mourir et ferai possible pour cela. Si pas possible, on verra. " Cette nouvelle édition est augmentée de plusieurs lettres restées longtemps inédites.
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À la mort de ses parents, Niki de Saint Phalle entame l'écriture d'un cycle autobiographique. Elle explore la mémoire familiale à la recherche de réponses à rebours du temps, fouillant l'Histoire depuis la Grande Dépression jusqu'aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, de sa naissance à son mariage avec Harry Mathews. Traces constitue l'un des trois temps de ce projet intime dans lequel l'artiste nous invite. Dans un style volontairement naïf, elle raconte ses parents, New York, les châteaux, l'enfance, la guerre, les jeux, les joies, les rêves et les peines. Les drames n'apparaissent qu'entre les lignes ; le traumatisme initial est partout et nulle part à la fois. Dans ce vrai livre-trésor, Niki de Saint Phalle nous offre en dessins, en photos et autres merveilles colorées les clés de son imaginaire. Bien plus qu'une autobiographie illustrée, Traces est un portrait artistique d'une grande délicatesse, un tête-à-tête intime avec l'une des plus grandes artistes du XX? siècle.