En corps à l'école ! L'image ancienne des corps contraints, assis toute la journée, passifs et à l'écoute, qui se tiennent sages, dans la même position depuis les jésuites. L'énergie animale tout entière bridée par l'intellect. Face à ça les corps libérés, épanouis, qui s'ébattent joyeux dans la prairie, pratiquent le BrainGym© ou autre méthode de libération cognitive. Le bien-être à l'école s'est retrouvé en lien avec le corps entendu comme évidence naïve de l'enfant, proche de la nature. Dans ce numéro, nous aimerions interroger cette dichotomie, et proposer peut-être un tiers possible : le corps, loin du refuge de notre part animale ou de notre nature, est un objet social, autant l'envisager comme tel.
Et maintenant, on fait quoi ? Ce numéro est exceptionnel car il est coordonné par 7 collectifs et revues : Aggiornamento Histoire-géo, Cahiers de pédagogies radicales, Carnets rouges, Enseignant·es pour la planète, Icem-Pédagogie Freinet, Questions de classe(s)-N'Autre école, SVT Égalité La parenthèse électorale refermée les problèmes sociaux demeurent. L'école, l'air de rien, s'est imposée comme sujet pendant la campagne, mais le seul aspect évoqué a été celui de la gestion très néo-libérale des ressources humaines : rémunération, temps de travail, tâches à accomplir, renforcement des hiérarchies (et de la répression), gestion à flux tendus, dérèglementation, etc.. Sauf que pendant les cinq précédentes années, sous l'influence du ministre Blanquer, l'institution a été profondément modifiée sur le plan de ses pratiques et son orientation idéologique (chasse au wokisme et à l'islamo-gauchisme, réacpublicanisme décomplexé), le tout enrobé de scientisme et clairement marqué par l'appar
Quant aux signataires de l´Appel des enseignant·es pour la planète, leur constat est clair : "Tout se passe dans l´Éducation nationale comme si rien ne se passait sur Terre."Sur le modèle de l´élevage industriel intensif, l´éducation est devenue une activité hors-sol. Au-delà du constat de l´inadéquation actuelle des contenus et de l´organisation de l´école à répondre aux enjeux écologique, le prochain numéro de N´autre école interroge ses acteurs et les pratiques pédagogiques sur leur capacité à inventer de nouvelles organisations du travail et à partager des connaissances qui pourraient changer notre vision du monde et notre rapport à l´écosystème. En quoi l´école peut-elle répondre, à son niveau, aux défis que suppose une réelle transition écologique ? Telle est la question à laquelle ce nouveau numéro de la revue cherche des réponses.
Souvent associées dans l'esprit du public, les figures de Célestin Freinet et de Maria Montessori ne sauraient se confondre. Si elles s'inscrivent toutes deux dans le courant de l'éducation nouvelle, ces deux pédagogies se nourrissent à des sources différentes et surtout se fixent des finalités radicalement opposées.
En proposant pour la première fois un recueil des textes rédigés par Freinet sur la pédagogie Montessori, ce nouveau hors-série de la revue N'Autre école met à disposition du plus grand nombre un outil de réflexion et de critique - pédagogique, sociale et politique - du business Montessori aujourd'hui en plein essor.
L'école n'est pas seulement ce lieu dont les médias parlent, si mal la plupart du temps, et assez peu au final. C'est aussi le lieu où les médias sont objets ou moyen d'enseignement. Mais ce n'est pas simple. D'un côté la lutte contre les fake-news via le fact-checking, de l'autre la commande constante des « éducations à ». Les jeunes consomment beaucoup de médias mais s'interrogent assez peu sur leurs usages et leurs finalités. D'où la nécessité d'une éducation aux médias qui donne lieu à des expériences pédagogiques diverses. Comment s'appuyer sur les pratiques de la jeunesse pour les réguler et les complexifier, les amener à penser avec, contre et au-delà des discours médiatiques ?
Pour les migrants mineurs qui arrivent à être scolarisés, rien n'est réglé : le chemin pour obtenir des papiers est long, aléatoire, difficile car dépendant au lycée professionnel du bon vouloir de patrons, et avec de terribles "retours à la case départ".
Sur leur parcours ces jeunes rencontrent aussi la solidarité : RESF, des associations, des parents d'élèves et des enseignants qui en les aidant veulent faire de l'école, dans et hors ses murs, un lieu d'accueil. C'est de cette militance, peu connue et peu reconnue, faite d'aide et d'accompagnement quotidien, souvent jusqu'au guichet des préfectures, dont ce numéro spécial de N'autre école veut témoigner.
Mobiles, télés, consoles de jeu, tablettes et ordinateurs rythment et dévorent notre quotidien.
Que change le numérique pour les enfants, les élèves, les enseignants et les personnels de l'éducation dans leurs vies et leurs pratiques? Les écrans sont-ils bon pour la santé des élèves? L'informatique et le numérique tiennent-ils leur promesse d'efficacité, de rapidité? Libèrent-ils ou asservissent-ils davantage à des taches répétitives et bureaucratiques? Les TICES sont-ils les outils pédagogiques annoncés?
Dans une confrontation de points de vue et de pratiques sur chacune de ces questions, nous cherchons à donner des arguments pour une critique sociale, éducative et pédagogique du numérique à l'école.
Que veut-on faire apprendre aux élèves ? Quels savoirs, quels savoir-faire veut-on leur faire acquérir ? On a laissé à l´institution le soin de régler ce problème, que ce soit à travers les corps d´inspection ou les grandes Directions du Ministère (Direction des Écoles, DLC, ...). Pourtant, qu´on soit enseignant·e, parent d´élève, syndicaliste ou simple citoyen·ne, on ne peut se désintéresser de ce qu´apprennent les élèves à l´école. En effet, le choix des disciplines enseignées dépend de multiples facteurs, mais reflète dans tous les cas les objectifs idéologiques de la classe dominante pour une population scolaire donnée. Un travail réflexif sur ce sujet est d´autant plus important que les disciplines enseignées servent dans le système actuel non seulement à faire acquérir des connaissances - idéologiquement choisies - mais aussi à évaluer et à sélectionner.
"Si l'école faisait son travail, j'aurais du travail".
Si le medef s'est toujours intéressé à l'école, son dernier slogan ne cache plus l'ambition du patronat de concurrencer une institution qu'il n'a eu de cesse de délégitimer. L'école c'est aujourd'hui un marché à prendre. Il s'agit, de mettre "en même temps" l'école "en marche" et "en marché", en convoquant les neurosciences, les pédagogies du libre épanouissement individuelle (Montessori ou Alvarez) ou les nouvelles technologies. Afin que chacun fructifie son "capital humain", se met en place une "offre" scolaire concurrentielle et segmentée: école low-cost (Espérance banlieues), établissements "prestigieux" (hors contrat et hors de prix), business parascolaire, etc.
Ce numéro invite à décoder, derrière le marketing, cette "nouvelle guerre scolaire", avec comme volonté de défendre l'école publique, non pour ce qu'elle est, mais pour ce que l'on voudrait qu'elle soit.
On assiste aujourd'hui à une création exponentielle d'écoles privées hors contrat (+15% en 2017) en lien avec une récupération et un détournement des "pédagogies alternatives". Ce phénomène s'explique par la convergence entre trois mouvances distinctes, partageant un même rejet de l'école publique : une droite catholique galvanisée par le succès de la "Manif pour tous", un courant néolibéral partisan du "libre choix" des familles et du marché scolaire, et un courant "écologique" cherchant à créer des îlots de pédagogie "bienveillante". Tous mettent en avant la "méthode" de Maria Montessori et les neurosciences.
L'enjeu est bien idéologique: jeter à bas l'idée d'une école égalitaire et émancipatrice commune à tou.te.s les élèves, au profit d'une vision individualiste et vitaliste de "l'enfant". Ce hors-série examine le phénomène, ses réseaux et ses références pédagogiques; il dénonce ces offensives, au nom d'un service public de l'éducation, à réinventer autour des notions de bien commun et d'égalité.
Les programmes scolaires sont une question récurrente quand on parle de l'école. Leur conception en dit beaucoup sur une société. Élaborer un programme, c'est opérer des choix qui ne sont jamais idéologiquement neutres. C'est en particulier vrai d'une discipline comme l'histoire-géographie que d'aucuns voudraient transformer en roman national et qu'il faudrait inculquer aux apprenant.es au mépris des débats savants et du jugement critique.
Des pédagogues, au nom de la liberté d'enseigner, du tâtonnement expérimental ou de la non-hiérarchisation des savoirs, ont fait une critique radicale des programmes et des manuels scolaires. Mais peut-on vraiment s'en passer et pour quoi faire à la place ?
Dans un contexte où la parole et les pratiques tendent à être bridées par un gouvernement autoritaire et dirigiste, qui voit dans les enseignant·es de simples exécutant·es et dans les élèves des boîtes à remplir, déconnectées de tout milieu et de toute expérience, il est des voies encore peu explorées en France et qui, pourtant, pourraient constituer une réponse à la fois éducative, éthique et politique à ces tentatives de soumission. Inspirées de Paulo Freire en particulier, les pédagogies critiques questionnent et semblent attirer de plus en plus, sans pour autant qu'en France, il y ait unanimité dans leur définition ni dans leurs champs d'application.
Une plongée dans le quotidien de l'école, par celles et ceux qui y travaillent, y apprennent, y souffrent et y luttent, tel est le propos de ce dossier de la revue N'Autre école. Élèves, enseignant.es, personnels d'entretien, de restauration, de santé, agent.es administratifs, assistant.es de vie scolaire, accompagnant.es d'élèves en situation de handicap, et autres protagonistes scolaires, ces voix qui nous parlent de l'école, loin des fantasmes médiatiques ou des clichés militants, éclairent les multiples facettes d'une institution traversée par ses contradictions. Un dossier complété par de nombreuses rubriques : lectures, international, pratiques pédagogiques...