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Poésie
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« Ce livre, dont le titre : Fleurs du Mal, - dit tout, est revêtu [...] d'une beauté sinistre et froide ; il a été fait avec fureur et patience. D'ailleurs, la preuve de sa valeur positive est dans tout le mal qu'on en dit. Le livre met les gens en fureur », écrivait Baudelaire à sa mère, le 9 juillet 1857.
En 1861 paraît la seconde version du recueil. Les poèmes qui le composent sont le creuset d'« opérations magiques », de correspondances inattendues : les plus charmantes créatures côtoient des monstres abominables, le sublime émane du trivial... Magnifiant damnés et charognes, le poète-alchimiste confère à la douleur et à la laideur une dimension esthétique, dotant son recueil d'une modernité géniale : « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or. »
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En 1913, Apollinaire publie Alcools, son premier recueil d'importance, qui rassemble quinze ans de poésie. S'il est alors influencé par un symbolisme sur le déclin, il s'en démarque par d'audacieuses innovations : la ponctuation disparaît et des inventions récentes, comme l'avion et l'automobile, font leur entrée en poésie.
Alcools est une oeuvre contrastée, où la tour Eiffel et le pont Mirabeau côtoient des champs de colchiques et des forêts légendaires, où l'agitation du progrès se mêle aux motifs consacrés de l'amour perdu et du temps qui passe. Tantôt clairs comme le son des cloches rhénanes, tantôt sombres comme les geôles de la prison de la Santé, ces poèmes ouvrent la voie à un nouveau lyrisme. Partagés entre tradition et modernité, ils reflètent la créativité bouillonnante d'une époque sur le point de basculer dans le chaos de la Grande Guerre.
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En 1903, Rilke entame une correspondance avec un jeune homme de vingt ans, Franz Kappus, qui lui a envoyé ses premiers essais poétiques. Plusieurs lettres suivront, que Kappus publiera en 1929, trois ans après la mort de Rilke.
Ces textes sont devenus immédiatement célèbres et comptent parmi les plus beaux de Rilke : au fil du temps et des réponses, ils composent une superbe méditation sur la solitude, la création, l'amour, l'accomplissement de l'être.
Au-delà de ce recueil, d'autres lettres ont été ajoutées, adressées à Lou-Andréas Salomé, Friedrich Westhoff et Clara Rilke.
Elles continuent de parler « de la vie et de la mort, et de ceci que l'une et l'autre sont grandes et magnifiques ».
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Qu'est-ce que les contemplationsoe " c'est l'existence humaine sortant de l'énigme du berceau et aboutissant à l'énigme du cercueil; c'est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le désespoir, et qui s'arrête éperdu au bord de l'infini " (préface).
Le recueil des contemplations rassemble des textes écrits par hugo sur plus de vingt ans, et classés selon une chronologie fictive. de la célèbre réponse à un acte d'accusation, où le poète pose en révolutionnaire de la langue, à ce que dit la bouche d'ombre, inspiré de l'expérience du spiritisme, en passant par les poèmes sur la mort de léopoldine, ce sont les mémoires d'une âme qui se dessinent en creux.
Parues en 1856 entre les châtiments et la légende des siècles, les contemplations marquent le sommet de l'oeuvre poétique de victor hugo.
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L'intégralité du poème épique qui chante un épisode de la guerre de Troie et fonde, avec les figures d'Achille, d'Hector et de Patrocle, le mythe du héros. Avec un dossier critique.
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Sept mois avant sa mort, Apollinaire publie des poèmes «de la paix et de la guerre», écrits de 1913 à 1916, sous le titre Calligrammes. Ce néologisme, qu'il forge à partir des mots «calligraphie» et «idéogramme», annonce un mode d'expression original : le poème-dessin, qui allie jeu du langage et jeu des formes. Les mots dessinent ici un cigare, là une montre ou une colombe, et traversent la page sous forme de gouttes de pluie ou de trains partant pour les champs de bataille de la Première Guerre mondiale... Car Apollinaire a en partie composé ses Calligrammes au front, pour ses correspondantes aimées, Lou et Madeleine. S'il a pu se nourrir du spectacle de la guerre, c'était pour mieux la transfigurer. Et c'est aussi pour continuer de croire en l'avenir qu'il a osé, sous le fracas des bombes, cette étonnante synthèse de plusieurs arts.Dossier : 1. Une conférence d'Apollinaire : «L'Esprit nouveau et les poètes»2. Les poètes et la Grande Guerre3. Autour du calligramme4. Poètes contemporains d'Apollinaire5. Le jugement d'André Breton.
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Lorsque l'éditeur Hetzel commande à Hugo des «Petites Épopées», il ne se doute pas que le poète bâtira un monument littéraire, La Légende des Siècles, dont l'ambition est, ni plus ni moins, de retracer l'histoire de l'humanité. Le résultat est une fresque lyrique, épique et satirique à la fois, qui, des exploits de chevaliers errants aux crimes des pires tyrans, des premiers temps du monde à un au-delà de l'histoire, offre de l'homme un portrait contrasté. Suivant ce chemin sinueux, Hugo livre une interrogation inquiète sur le Progrès : qu'espérer dans cette nuit d'atrocités où se devine l'ombre du Second Empire ? Cette nouvelle édition reprend la première des trois séries de La Légende des Siècles. Sa genèse et ses enjeux sont ici restitués dans toute leur ampleur et toute leur complexité.
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Pour Mallarmé, l'expérience du réel est trop subtile et trop complexe pour être communiquée par le langage courant, l'« universel reportage ». Le poète, cédant l'initiative aux mots, permet au dire de retrouver sa virtualité par un jeu infini de correspondances. À la tradition de l' énonciation claire et directe, chère à Boileau et à ses successeurs, il oppose une poétique de l'allusion, de la suggestion et du mystère.
Chantre de la modernité, le poète symboliste lance un défi au lecteur : en faisant appel à son imagination créatrice, c'est à lui de déchiffrer le sens du poème. Car « nommer un objet, écrit Mallarmé, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve ».
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L'Art d'être grand-père (1877) est le testament poétique de Victor Hugo : à soixante-quinze ans, il écrit ses derniers vers. Entièrement dédié à ses petits-enfants Georges et Jeanne, le recueil marque une parenthèse intimiste au sein d'une oeuvre majoritairement engagée, et livre une ode à l' innocence enfantine.
Longtemps méconnu, «L'Art d'être grand-père, dit Aragon, est un livre d'avenir». C'est qu'il ne s'agit pas seulement «d'obéir aux petits» et de sourire à leurs enfantillages : Hugo, parvenu à l'âge de savoir pardonner, se dévoile apaisé et plein d'espoir, lui «qu'un tout petit enfant rend tout à fait stupide».
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Qu'est-ce qu'une bonne tragédie ? Qu'est-ce qu'une comédie vraiment drôle ? Comment bien comprendre les règles de leur composition ? Quelle est la méthode pour devenir un bon critique littéraire et dramatique ? Les questions posées par la Poétique résonnent avec une acuité particulière dans la Grèce des compétitions théâtrales que connaît Aristote. Mais elles dépassent le contexte antique pour nourrir les réflexions contemporaines liées à la littérature et aux beaux-arts. Plus qu'un manuel technique, cette oeuvre, la plus connue et la plus traduite d'Aristote, est un véritable traité d'esthétique philosophique, analysant le travail du poète sans jamais perdre de vue une idée fondamentale : la maîtrise de son art doit servir le plaisir du récepteur. Donnée dans une nouvelle traduction qui rend accessible le texte d'Aristote au lecteur d'aujourd'hui, helléniste ou non, la Poétique ouvre le débat sur la signification et la valeur de l'art, et sur son importance pour la vie humaine.
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"Le plus grand plaisir qui soit après amour, c'est d'en parler." Nul n'en a mieux parlé, et plus intensément, que cette "Belle Cordière" dont le Débat de Folie et d'Amour, les Élégies et même les Sonnets sont encore injustement méconnus. Ses contemporains ne s'y sont pourtant pas trompés, qui avaient vu en elle une autre Sapho, capable de créer un nouveau langage poétique. Cette édition moderne des oeuvres complètes (la seule à comprendre les Écrits de l'originale) permettra de jeter un regard neuf sur l'un des plus grands poètes de la Renaissance.
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En 1929, Valéry réunit ses trois principaux recueils de vers en un seul volume, sous le titre discret de Poésies. Pendant plus de dix ans, il ajuste l'ensemble avec grand soin : il multiplie les variantes, ajoute des «pièces diverses», en supprime d'autres. Il faut attendre 1942 pour aboutir à l' édition complète et définitive de son oeuvre en vers. C'est cette édition que nous reproduisons ici.
L'oeuvre de Valéry hérite autant de la rigueur formelle des classiques que de l'ampleur de questionnement des modernes. Elle manifeste un souci de l'art pur, de l'accès au plus rare, au plus immatériel. Cette exigence fait de lui un poète résolument tourné vers l'intellect. Mais il est aussi celui qui défend le travail poétique comme un faire, s'astreignant à un patient labeur, ciselant le vers avec la précision de l'artisan. En somme, Valéry s'installe dans ce qui n'est ni la poésie ni l'intelligence, mais leur étreinte ou leur douleur commune : l'écriture.
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Dix jours après le coup d'Etat du 2 décembre 1851,Victor Hugo se retrouve en exil, chassé de son pays. Il renonce au confort de sa vie bourgeoise, à son siège de député et à son fauteuil d'académicien pour s'engager dans une lutte sans répit contre l'empereur Napoléon III, qu'il a rebaptisé "Napoléon le petit". Sur file de Jersey, il compose ses Châtiments, arme politique qui fait du poète le porte-parole du peuple, de la République et de la justice.
Parce qu'il lui semble inconcevable dans ces conditions d'écrire un "volume de poésie pure", Hugo donne à cette oeuvre pamphlétaire une dimension poétique nouvelle, agrandie par la sincérité de la colère et le voisinage de l'océan.
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Capitale de la douleur ; Les dessous d'une vie
Paul Eluard
- Flammarion
- Gf ; Poesie
- 13 Mars 2024
- 9782080424563
Fruit de cinq années de production poétique, Capitale de la douleur (1926) est l'un des recueils les plus célèbres de Paul Éluard. S'y trouve retracé le parcours initiatique d'un jeune poète, qui exorcise son désespoir par la recherche d'un verbe pur, simple et enchanteur. La poésie qui en résulte est, pour André Breton, un «miracle», un «secret qui prend les couleurs de l'éternité». Publié la même année, Les Dessous d'une vie ou la Pyramide humaine achève de consacrer le poète comme étendard des avant-gardes littéraires du siècle. Rassemblant poèmes en prose, récits de rêves et textes surréalistes, ce second recueil révèle en creux la part onirique de Capitale de la douleur et réaffirme la recherche, par Éluard, d'une forme verbale capable de réparer la discontinuité du monde. DOSSIER - Surréalisme et poésie : le dialogue Éluard-Breton - Dans la fabrique des recueils - Échos littéraires et artistiques.
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« Qu'est-ce qu'un paradis qu'on achète au prix de son salut éternel ? »
Dans Les Paradis artificiels (1860), qui se composent de deux volets, Le Poème du haschisch et Un mangeur d'opium, Baudelaire philosophe sur les effets du haschisch et traduit, en les éclairant d'une lueur tragique, les Confessions d'un mangeur d'opium anglais de Thomas De Quincey, publiées quarante ans plus tôt. Comme dans son oeuvre poétique, l'auteur des Fleurs du Mal y explore le « goût de l'infini » qui pousse constamment l'homme à la recherche de l'idéal. Objet hybride, qui tient à la fois de la traduction, de l'essai, du conte et du poème, Les Paradis artificiels sont une méditation sur la volonté et l'imagination, sur les sombres tentations qui déchirent l'âme humaine, et par-dessus tout sur la puissance rédemptrice de l'art.
Dossier
1. L'opium et le haschisch dans la littérature romantique
2. Les Paradis artificiels et leurs lecteurs. -
La poésie de François Villon est double : à côté d'une philosophie optimiste et d'un rire tout rabelaisien se déploie la satire grinçante d'un homme que le désespoir menace. Oscillant entre sa vision carnavalesque de l'existence et son obsession de la mort, cet excellent artisan du vers use d'un mélange de bouffonnerie et de gravité, d'ironie et de pathétique, de grossièreté et de délicatesse. Il rit, il pleure. Cette ambiguïté rend compte de l'incertitude du monde : à ses yeux, il est quasiment impossible d'appréhender la réalité, les êtres humains et le langage, qui gardent leur opacité. Face à ces apparences trompeuses, le texte littéraire devient le lieu de la métamorphose du réel : masques, changements de rôles et animalisation des hommes bouleversent les normes et triomphent des angoisses. Pour autant, Villon n'est pas dupe : le rire libère, mais il ne dure pas ; la fête est là, mais la fête finira.Publiée pour la première fois à l'Imprimerie nationale, cette édition a obtenu le Grand prix de l'édition critique de l'Académie française en 1984.
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Publié à titre posthume en 1869, Le Spleen de Paris, également connu sous le titre Petits poèmes en prose, fut conçu comme un « pendant » aux Fleurs du Mal. Baudelaire y fait l'expérience d'une « prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ».
Explorateur des méandres de la ville et de la noirceur de l'âme humaine, le poète saisit sur le vif des scènes de la vie urbaine, croquant les saltimbanques, les bourgeois élégants et les ouvriers, les femmes du monde et les prostituées. Au-delà du fait divers ou de l'anecdote, tour à tour lyriques et cyniques, résignés et révoltés, les poèmes du Spleen de Paris célèbrent les paradoxes de la métropole moderne, illuminée par le fantasme de rivages lointains et de paradis perdus.
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Parmi la génération romantique qui révolutionna le vers poétique, Vigny occupe une place de choix : il est le poète de l'optimisme raisonné, de la foi en l'avenir et en la nouveauté.
Qu'est-ce que le Beau ? Qu'est-ce qu'être Poète ? Qu'est-ce, enfin, que la Poésie ? Tâchant de répondre à ces questions existentielles, Vigny assigne au poète une mission morale : guider le peuple vers le progrès. Il choisit alors des formes d'expression anciennes pour les adapter à des contenus modernes : la religion, l'hostilité de la nature, le déterminisme, le pouvoir politique... Si le poète lève le voile sur les illusions humaines, c'est pour mieux élever les consciences, offrant une poésie emplie de symboles, silencieuse et abstraite.
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Comment une figue de paroles et pourquoi
Francis Ponge
- Flammarion
- Gf ; Poesie
- 10 Mai 2023
- 9782080426703
Qui n'a appris qu'il fallait bannir la répétition et lui préférer l'emploi des synonymes ? À l'encontre de cette tradition scolaire qu'il juge propre à l'ambiguïté et à l'obscurité, Francis Ponge définit un art poétique iconoclaste : la répétition, bien au contraire, permet d'affûter le cheminement du poème, qui traque son objet - ici, la figue - pour en exprimer tous les sucs poétiques. «Je ne sais ce qu'est la poésie, mais par contre assez bien ce que c'est qu'une figue», dit Ponge. Mâché, ruminé, le langage parcourt alors tous les avatars de la figue - «son concret contradictoire» -, suscitant des associations d'idées et des paradoxes toujours plus déroutants.
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La divine comedie ; le purgatoire ; purgatorio
Dante Alighieri
- Flammarion
- Gf ; Bilingue
- 2 Septembre 2005
- 9782080712172
Quand Virgile et Dante, à l'aube du dimanche de Pâques de l'année 1300, débarquent sur la plage de l'Anti-purgatoire, après avoir traversé les cercles infernaux et reparcouru, à travers un boyau obscur, tout l'espace du centre de la terre à sa surface, l'impression de bonheur est intense, quasi paradisiaque... Au contraire, les récits de voyages imaginaires de la même époque décrivent des purgatoires qui sont des sortes d'enfers : mêmes feux, mêmes tortures - seulement écourtées, seulement «à terme» Dante rompt brutalement avec cette tradition ; son Purgatoire semble plutôt tendre vers le Paradis. Malgré les tourments racontés, la mémoire du lecteur garde l'image d'une montagne au milieu de la mer, dans la lumière du soleil, habitée par les anges, rythmée par les manifestations de l'art - sculptures, chants, rencontres de poètes, image d'un lieu où devenir bon signifie devenir léger...
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Les Contemplations, écrit Hugo, «c'est l'existence humaine sortant de l'énigme du berceau et aboutissant à l'énigme du cercueil ; c'est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le désespoir, et qui s'arrête éperdu au bord de l'infini».Face à la perte de sa fille Léopoldine et à la mort symbolique que représente l'exil, Hugo inscrit la parole subjective dans la marche de l'histoire et fait du déchirement un acte créateur. De la célèbre «Réponse à un acte d'accusation», où le poète pose en révolutionnaire de la langue, aux poèmes sur le deuil, il offre une réflexion poignante sur les pouvoirs de la littérature contre la destruction et le passage du temps. Tombeau à la mémoire d'une âme disparue, Les Contemplations (1856) marquent le sommet de l'oeuvre poétique de Victor Hugo.Dossier : 1. Le recueil en son temps2. «Les Mémoires d'une âme».
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" L'empereur dicte des ordres à ses capitaines, le pape adresse des bulles à la chrétienneté, et le fou écrit un livre ", lit-on à la fin de Gaspard de la Nuit : la folie d'Aloysius Bertrand fut peut-être de consacrer sa vie à cette unique oeuvre - il est mort en 1841 sans même avoir la certitude qu'elle paraîtrait un jour.
Il n'est, pourtant, de meilleure invitation au voyage que ce recueil de poèmes, qui dans une langue abondant d'archaïsmes nous promène du Dijon médiéval à la foire de Salamanque, des campagnes flamandes aux ruelles fantastiques et gothiques du vieux Paris... On explore la nuit et ses énigmes, on pénètre un univers occulte, tissé de proverbes, de romances et de chroniques, et hanté des figures d'autrefois : Pierrot et Arlequin, le chevalier Melchior et les hidalgos espagnols y côtoient ondines, salamandres, sorcières du sabbat et alchimistes...
Saluant en Bertrand l'inventeur d'une forme poétique nouvelle, Aragon écrivait : " Pour la première fois, le poète semble parler d'ailleurs, et longtemps je me suis demandé pourquoi. Je me suis peu à peu assuré que ce dépaysement de la voix vient du fait qu'alors l'auteur se tenait en un lieu nouveau, étrange, étranger : il était au seuil du poème en prose, d'un poème à l'état naissant. "
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Délaissant les constructions savantes et les méandres narratifs de ses précédents ouvrages, Anne Calas a suivi pour ce nouvel ensemble une pente très douce, mieux apte à traduire les nuances d'un paysage intérieur et extérieur dont le trouble reste entier mais qui semble tout de même plus apaisé que dans ses premiers livres. Composées de courtes séquences, de scènes esquissées comme autant d'aquarelles verbales, ces pages laissent entrevoir les éclats d'un monde physique et mental dont la beauté fragile, immédiate, serait saisie avant l'embrasement par la grâce d'une écriture à la transparence trompeuse, qui désigne et préserve son mystère d'un même élan. Dans ses déclinaisons subtiles et son dialogue avec le monde visible (et invisible), c'est bien d'une quête qu'il s'agit, ou tout au moins d'une avancée : vers une clarté plus secrète dont la poésie est ici le sujet - ou l'enjeu.
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La face nord de Juliau, Dix-neuf
Nicolas Pesquès
- Flammarion
- Gf ; Poesie
- 21 Février 2024
- 9782080437136
La colline est toujours plusieurs corps, c'est la force de l'apparence. Elle peut devenir le vôtre, celui du désir d'écrire, d'aimer. Alors toutes les images tourbillonnent jusqu'à vouloir suspendre le dialogue qui les nourrit, mettre la présence à l'épreuve de leur élan. Dans la vraie vie, avec les images arrive la fiction, et quand les corps touchent à ça, quelque chose se brise. La vitre des mots vole en éclats. La catastrophe affronte l'hypothèse du bonheur. C'est la fin d'une aventure. La fin des Juliau. N. P.