Entre la fondation supposée de Rome et le démantèlement de son empire, plus d'un millénaire s'est écoulé. La distance est grande des pauvres cabanes du Palatin, où - peut-être - le roi Romulus ramenait le soir ses troupeaux, jusqu'au palais impérial dont les premières fondations devaient, près de huit cents ans plus tard, être jetées au même endroit par Tibère. C'est dire s'il serait vain de prétendre fixer une image unique de ce qu'aurait été la « vie privée » des Romains. Dans ce volume qui réunit trois de ses titres parus dans la collection « Que sais-je ? », Pierre Grimal n'en tente pas moins de nous replonger dans la vie quotidienne des hommes qui ont été les témoins et les acteurs d'une histoire longue et fascinante, s'arrêtant plus spécifiquement sur la société du siècle d'Auguste et sur le monde des villes, si structurantes pour l'empire. Ce faisant, il démontre, avec un génie de la vulgarisation qui a formé des générations de latinistes, qu'il n'y a aucune barrière entre les deux histoires : la « grande histoire », qui se préoccupe des guerres et des révolutions, et l'autre, dont l'objet est peut-être plus humble, mais aussi plus intime et pénètre plus avant dans la connaissance de la psychologie et des hommes eux-mêmes...
Rome et la littérature ? Une histoire à perdre son latin ! Et de fait, la littérature romaine n'est pas la littérature latine, cette langue ayant été parlée et écrite jusque bien après la fin de l'empire. Par « littérature romaine », il faut comprendre celle de Rome, de la Rome républicaine et conquérante, de la Rome impériale et triomphante. Cette littérature est animée par l'esprit romain, célèbre la gloire de ceux qui sont devenus, avec bien des souffrances, les maîtres du monde. Elle s'efforce aussi de définir les valeurs fondamentales sur lesquelles repose cette conquête. Elle suit, parfois devance, l'évolution des esprits et contribue à la formation d'une civilisation originale. En réunissant quatre titres de Pierre Grimal parus à ce sujet dans la collection « Que sais-je ? », ce volume nous fait entendre de nouveau la voix d'un formidable vulgarisateur, qui n'eut pas son pareil pour ressusciter une civilisation fascinante et les hommes qui l'ont faite.
En revenant sur cette littérature en général, et en s'arrêtant plus particulièrement sur deux figures majeures, celle de Cicéron et celle de Sénèque, ainsi que sur le statut si spécifique du théâtre antique - création littéraire au service d'une fonction collective -, Pierre Grimal signe une déclaration d'amour à des oeuvres qui, pour la plupart, n'ont rien perdu de leur fraîcheur et de leur force.
Le Néolithique a été baptisé ainsi en 1865 par le préhistorien John Lubbock, qui divisait l'âge de la pierre en deux : d'une part l'« âge de la pierre ancienne », soit le Paléolithique ; d'autre part l'« âge de la pierre nouvelle », c'est-à-dire le Néolithique.
De fait, c'est à cette époque de son histoire, vers 8 500 à 6 000 ans avant notre ère, que l'humanité a connu des bouleversements techniques et sociaux de toute première importance.
Invention de l'agriculture et de l'élevage, sédentarisation, mise au point d'outils de pierre polie, poterie, céramique, débuts de l'architecture... On ne compte plus les innovations de ce que certains ont appelé une véritable « révolution ». Le phénomène, pourtant, fut progressif, et plus ou moins lent selon les régions.
Anne Lehoërff nous raconte avec passion et érudition la fabuleuse histoire de ces ancêtres qui ont posé les bases des sociétés humaines.
Existe-t-il des traits universels dans la structure des langues, c'est-à-dire dans l'ensemble, plus ou moins cohérent, des principes qui en assurent le fonctionnement, sur le plan des sons, de la grammaire et du lexique ? C'est à cette question, qui fascine les philosophes et les linguistes depuis la nuit des temps, que cet ouvrage se propose de répondre.
Pour ce faire, l'auteur s'appuie sur une analyse complète du matériau sonore, de l'organisation des énoncés mais aussi des rapports entre la langue, le sujet humain et la société à laquelle il appartient.
Dénoncer les relations de pouvoirs occultes, provoquer des résistances, permettre aux voix trop souvent étouffées de s'exprimer, produire des savoirs vrais qui puissent s'opposer aux gouvernementalités dominantes, défier nos libertés et nos possibilités d'action, faire surgir l'historicité de nos systèmes de savoir, de pouvoir et de subjectivation, montrer que rien en nous n'est fatalité, en définitive changer nos vies : telle est la tâche du philosophe selon Michel Foucault. À partir de l'analyse de ses oeuvres, cet ouvrage nous montre comment la philosophie de Foucault s'élabore dans des récits - histoires de la folie exclue, de l'accueil de la mort, des systèmes de pensée, des prisons, des guerres ou encore de l'aveu ou des plaisirs - qui, s'ils ne recherchent plus des significations ultimes, nous permettent de nous inventer à nouveau.
En France, il a fallu attendre la loi du 16 octobre 1999 pour que l'expression « guerre d'Algérie » soit officiellement reconnue. De 1954 à 1962, l'euphémisme « opérations de maintien de l'ordre » permettait de ne pas reconnaître le statut de belligérants à ceux que l'État considérait comme des « rebelles », des « terroristes »...
Dans une perspective centrée sur la France, et en partant de la chronologie des faits, Guy Pervillé retrace l'histoire d'une décolonisation douloureuse. Plus de quarante ans après les accords d'Évian, il interroge nos difficultés à normaliser les rapports francoalgériens.
Mettre à la disposition d'un large public d'étudiants ou d'amateurs les textes constitutionnels majeurs, de la déclaration de 1789 à la Constitution de 1958, tel est le propos de ce recueil parfaitement à jour des dernières révisions constitutionnelles et de leurs divers prolongements légaux. Il sera ainsi tout aussi utile à l'historien qu'au juriste, au monde de ceux qui fréquentent les Écoles et les Universités qu'aux citoyens désireux de nourrir leur réflexion institutionnelle ou de réfléchir aux grandes étapes de l'exception constitutionnelle française.
De la chute du tsar à celle du dernier président du Soviet suprême, retour sur plus de sept décennies d'une histoire complexe et mouvementée, marquée par deux guerres mondiales et la guerre froide. Combien y a-t-il eu réellement de révolutions en Russie en 1917 ? Entre léninisme et stalinisme, continuité ou rupture ? Quelles sont les causes de l'effondrement de l'empire soviétique ?
À ces questions et à de nombreuses autres, Nicolas Werth apporte des réponses claires et documentées. Une somme de référence, où il dresse l'inventaire d'une certaine idée de l'utopie communiste devenue réalité.
S'il s'écoule plus d'un siècle entre 1337 et 1453, bornes chronologiques traditionnellement retenues à propos de la « guerre de Cent Ans », cette expression approximative a le mérite de présenter immédiatement le principal caractère du conflit opposant la France et l'Angleterre : son exceptionnelle longévité. Une telle durée contribue largement à la complexité de ces temps d'hostilité, dont cet ouvrage s'attache à clarifier les causes, décrire les grandes phases, et exposer les conséquences, sans les isoler de leur cadre historique plus général.
La pensée de Marx souffre encore d'avoir été longtemps associée à des régimes politiques discrédités. Pourtant, Marx reste sans doute le penseur le plus pertinent de l'économie capitaliste et de ses dérives, du travail et de la révolution. Il importe donc de débarrasser l'oeuvre de ses gloses et autres commentaires pour en revenir au texte même. C'est ce à quoi s'emploie Jean-Numa Ducange dans cet abécédaire, où il a retenu une centaine de mots caractéristiques du vocabulaire de Marx, suivis de la définition même qu'en propose ce dernier. Une bonne manière de faire connaissance (ou de reprendre le contact) avec un penseur-phare dont la philosophie de l'histoire a profondément imprégné nos imaginaires. Aliénation, État, luttes de classes, matérialisme, prolétariat, travail... «?À la lettre?»?: une collection pour revisiter ses classiques «?dans le texte?».
L'affaire Dreyfus a fini depuis longtemps de diviser le pays, les salons et jusqu'aux familles. L'innocence du capitaine Dreyfus ne souffre pas discussion. En revanche, l'Affaire elle-même, par son ampleur et ses conséquences, est devenue un objet d'histoire plus que jamais vivant.
De l'accusation d'espionnage à la réhabilitation de Dreyfus, c'est cette histoire que Pierre Miquel raconte, décrivant, à travers elle, l'antisémitisme de la France de la fin du XIXe siècle, le pouvoir de la presse, la naissance de la figure de l'intellectuel et le triomphe (tardif) de l'opinion sur les forces traditionnelles que sont le Parlement, le gouvernement, la justice et l'armée.
Comparée aux États-Unis, la France semble bien versatile en matière constitutionnelle. Les historiens dénombrent ainsi près de quatorze constitutions depuis 1791 et chaque nouveau scrutin est l'occasion de débattre de l'opportunité d'une VIe République.
Pour comprendre notre État de droit et analyser les règles qui régissent les rapports entre les gouvernés et le pouvoir, la dimension historique est essentielle. Car notre système constitutionnel est le résultat de ces évolutions, réactions, tâtonnements et réécritures. Depuis le régime parlementaire jusqu'au présidentialisme en passant par la cohabitation et par l'adoption du quinquennat, c'est toute l'histoire de la quête d'une démocratie mieux réglée qui nous est ici présentée.
Disciple de Platon, précepteur d'Alexandre le Grand, Aristote intimide. Il est de ces penseurs qui nous rappellent que nous ne sommes que des " nains sur les épaules de géants ". Physique, métaphysique, biologie, zoologie, éthique, logique, rhétorique, politique, poétique... A croire qu'aucun domaine du savoir ne lui est resté étranger. De fait, à ses yeux, la philosophie est la connaissance des connaissances.
Difficile donc de prendre pied dans cette oeuvre foisonnante qui est pourtant une référence obligée pour quiconque veut s'initier à la philosophie ou mettre à l'épreuve sa pensée. Pour s'y retrouver, Daniel Larose a retenu dans cet abécédaire une centaine de mots caractéristiques du vocabulaire aristotélicien, suivis de l'explication qu'en propose Aristote lui-même dans ses traités. Une bonne manière d'explorer une pensée qui choquera parfois notre sensibilité contemporaine, mais qui ne cessera de stimuler notre réflexion.
Acte, cause finale, catégories, forme, matière, puissance, substance, syllogisme... "A la lettre" : une collection pour revisiter ses classiques "dans le texte"
L'évolution de la géographie reflète les grands débats intellectuels qui animent la scène occidentale ; elle répond également à la demande sociale, à celle des gouvernants en particulier : elle prospère là où se développent des bureaucraties, lorsqu'un empire s'étend ou lorsque la découverte d'un monde franchit une étape.
L'histoire de la géographie ne s'éclaire vraiment que lorsqu'on prend en compte à la fois le contexte intellectuel et l'arrière-plan politique et administratif qui caractérisent chaque époque.
Les parfums répondent aux modes, sont le reflet d'une époque, la transcendent parfois. Ils sont aussi affaire de chimie, de marketing, de processus de fabrication et de commercialisation. Ils doivent respecter des normes de sécurité de plus en plus précises. Ils représentent un marché international de plusieurs milliards d'euros. Ils sont surtout affaire de création.
À partir d'une palette de matières odorantes, Jean-Claude Ellena raconte comment fonctionne l'odorat et comment se compose un parfum. Il nous livre sa manière unique de créer une fragrance, de jouer avec nos souvenirs olfactifs pour rendre le parfum séducteur.
À l'heure de la désertification de vastes zones agricoles de la planète, de la remise en cause des élevages intensifs et de la transition biologique de l'agriculture, mais aussi à l'heure où le « repas gastronomique des Français » est classé patrimoine mondial et où les arts de la table ont envahi écrans et librairies, faut-il manger pour vivre ou vivre pour manger ? Dans cette histoire de l'alimentation, qu'ils ont pris le parti de ne pas traiter comme un continuum linéaire, Gilles Fumey et Jean-Pierre Williot montrent à quel point les systèmes de production - issus de symboliques et de techniques en constante évolution - sont en passe de connaître une véritable révolution. Matières premières, industrie agroalimentaire, mais aussi consommation à domicile et hors du foyer, enjeux politiques du repas : ils brossent un panorama mondial et thématique, sur fond de crise écologique et de famines récurrentes. L'abondance, de fait, est encore très loin d'être la chose du monde la mieux partagée...
Lorsque les Espagnols arrivèrent au Pérou en 1532, l'Empire des Incas s'étendait depuis le Cuzco jusqu'à la Colombie au nord, jusqu'au Chili et l'Argentine au sud.
Henri Favre retrace l'histoire de l'expansion de cette tribu qui est parvenue à dominer l'ensemble des Andes en moins d'un siècle. À la lumière des fouilles archéologiques les plus récentes et des sources documentaires nouvelles, il décrit la civilisation inca si éloignée de la civilisation européenne et révèle ainsi sa puissante originalité.
La « politique économique », c'est l'étude de ce qui relève de l'État dans la vie économique, c'est-à-dire les actions qui ne rentrent pas dans une stricte relation de marché. Les objectifs économiques de l'État et de son partenaire privilégié qu'est la banque centrale sont essentiellement d'éviter le chômage, l'inflation et le déficit extérieur, et les outils d'analyse à leur disposition sont ceux développés par la science économique. Jean-Marc Daniel nous montre sur quels fondements s'élabore une politique économique et comment elle résulte toujours d'un savant dosage entre instruments keynésiens et instruments classiques, entre politique budgétaire et politique monétaire.
Eckhart de Hochheim est sans aucun doute l'un des auteurs du Moyen Âge le plus lu, essentiellement pour ses sermons allemands. Le Maître séduit, fascine, enthousiasme.
Parce qu'il a subi un procès pour hérésie, on fait facilement de lui le chantre d'une spiritualité universelle, incomprise d'un magistère aux vues étroites et bornées ; un guide spirituel, libéré des dogmes sclérosants et affranchi du langage de l'Université.
De fait, premier dominicain à prêcher en langue vernaculaire, Eckhart invente un langage et des mots, use de métaphores et d'images afin de transmettre au public peu averti qui était le sien - notamment les béguines - une pensée précédemment déployée dans le latin scolastique. Malgré tout, sommes-nous encore vraiment capables, nous modernes, de pénétrer ainsi cette oeuvre dense, difficile, exigeante ?
Peut-être si, aujourd'hui comme hier, on admet une présence en nous qui, sans cesse recouverte par nos penchants et nos faiblesses, nous rappelle que l'absolu n'a pas déserté la création. Une présence que Maître Eckhart appelle Dieu.