Pourquoi Colette ? Un grand écrivain, c'est aussi un écrivain qui crée des mythes, qui renouvelle notre mythologie. « Créer un poncif, c'est le génie », disait Baudelaire. Colette a créé quatre mythes : Claudine; Sido, Gigi, et Colette, elle-même, grand écrivain national, monstre sacré. Admirée par Simone de Beauvoir, pionnière de la transgression et de la provocation, elle fait souffler dans ses romans ce vent de liberté qui nous manque tant aujourd'hui. Antoine Compagnon décline toutes les facettes de Colette, des plus connues ou plus secrètes. De Claudine, sa première héroïne, dont son mari, Willy, s'appropria la paternité, signant de son propre nom les textes de son épouse et récoltant le succès et l'argent à sa place. Sido, inspirée par sa propre mère, sans doute sa plus belle invention romanesque. En passant par Gigi, son double littéraire charmante, légère, heureuse en amour et en mariage - à l'opposé de sa créatrice qui fuira « l'homme, souvent méchant » et trouvera refuge auprès des femmes. De sa Bourgogne natale à la présidence de l'académie Goncourt - elle qui n'avait aucun diplôme -, Colette ne fut jamais là où on l'attendait et emmena la littérature là où personne d'autre n'avait osé aller. Plus accessible que Proust, plus moderne que Gide, Claudel ou Valéry, Colette réussit la prouesse d'être à la fois lue dans les écoles et d'avoir conçu une oeuvre toujours aussi sulfureuse. Lire Colette aujourd'hui, c'est embrasser le XXe siècle dans toute son extravagance, grâce à un style qui n'a pas pris une ride.
Puisque l'époque nous assigne à résidence, prenons la fuite et passons l'été à bord du bateau ivre de la poésie : Arthur Rimbaud.
Sylvain Tesson s'attaque au mythe Rimbaud en le sortant de la kermesse biographique et en le dépoussiérant de ses vieux habits de jeune monstre de la poésie : Rimbaud anarchiste, communard, voyou, punk, beatnik, sauvage, avant-gardiste, moderne, trouvère, futuriste... Certes mais surtout Rimbaud, poète.
A ses côté, Sylvain Tesson marche et traverse les paysages réels ou imaginaires suivant le cap tracé par René Char : « Rimbaud poète, cela suffit et cela est infini » A la vitesse de l'éclair mais aussi avec humour et lucidité, des Ardennes au désert africain Sylvain Tesson en voyageur aventureux perce à jour le voyant monstrueux qui révolutionna la poésie et qui n'avait qu'un ennemi : l'ennui.
Un été particulièrement incandescent où la route est une illumination.
Un été avec Rimbaud est le 9 e titre de la collection.
L'Iliade est le récit de la guerre de Troie. L'Odyssée raconte le retour d'Ulysse en son royaume d'Ithaque. L'un décrit la guerre, l'autre la restauration de l'ordre. Tous deux dessinent les contours de la condition humaine. À Troie, c'est la ruée des masses enragées, manipulées par les dieux. Dans l'Odyssée on découvre Ulysse, circulant entre les îles, et découvrant soudain la possibilité d'échapper à la prédestination. Entre les deux poèmes se joue ainsi une très violente oscillation : malédiction de la guerre ici, possibilité d'une île là-bas, temps des héros de côté là, aventure intérieure de ce côté ci.
Ces textes ont cristallisé des mythes qui se répandaient par le truchement des aèdes dans les populations des royaumes mycéniens et de la Grèce archaïque il y a 2500 ans. Ils nous semblent étranges, parfois monstrueux. Ils sont peuplés de créatures hideuses, de magiciennes belles comme la mort, d'armées en déroute, d'amis intransigeants, d'épouses sacrificielles et de guerriers furieux. Les tempêtes se lèvent, les murailles s'écroulent, les dieux font l'amour, les reines sanglotent, les soldats sèchent leurs larmes sur des tuniques en sang, les hommes s'étripent et une scène tendre interrompt le massacre pour nous rappeler que les caresses arrêtent la vengeance.
Préparons-nous : nous passerons des fleuves et des champs de bataille, nous serons jetés dans la mêlée, conviés à l'assemblée des dieux, nous essuierons des tempêtes et des averses de lumière, nous serons nimbés de brumes, pénétrerons dans des alcôves, visiterons des îles, prendrons pied sur des récifs. Parfois, des hommes mordront la poussière, à mort. D'autres seront sauvés. Toujours les dieux veilleront. Et toujours le soleil ruissellera et révèlera la beauté mêlée à la tragédie. Des hommes se démèneront pour mener leurs entreprises mais derrière chacun d'eux, un dieu veillera et jouera son jeu. L'Homme sera-t-il libre de ses choix ou devra-t-il obéir à son destin ? Est-il un pauvre pion ou une créature souveraine ?
Les poèmes auront pour décor des îles, des caps et des royaumes dont un géographe, Victor Bérard, effectua dans les années 1920 une très précise localisation. La Mare Nostrum est ce haut lieu d'où a jailli l'une des sources de notre Europe, qui est la fille d'Athènes autant que de Jérusalem.
Mais une question nous taraude. D'où viennent exactement ces chants, surgis des profondeurs, explosant dans l'éternité ? Et pourquoi conservent-ils à nos oreilles cette incomparable familiarité ? Comment expliquer qu'un récit de 2500 ans d'âge, résonne à nos oreilles avec un lustre neuf, un pétillement aussi frais que le ressac d'une calanque ? Pourquoi ces vers paraissent-ils avoir été écrits pas plus tard qu'aujourd'hui, par un très vieux poète à la jeunesse immortelle, pour nous apprendre de quoi seront fait nos lendemains ? En termes moins lyriques (Homère est le seul maître en la matière) d'où provient la fraîcheur de ce texte ? Pourquoi ces dieux et ces héros semblent malgré la terreur qu'ils inspirent et le mystère qui les nimbe, des êtres si amicaux ?
Après Montaigne, Antoine Compagnon nous invite à passer un été avec Pascal. Un siècle de différence entre les deux hommes qui sont tous les deux fondateurs de notre modernité, c'est-à-dire de la liberté d'esprit. Pascal (XVIIe siècle) comme Montaigne (XVIe siècle) traite de l'homme, de la société, de l'univers, du pouvoir, de la foi, de l'angoisse, de la mort, du jeu : le tout et le rien. Nous connaissons tous les sentences célèbres de Pascal : "Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie", "Qui veut faire l'ange fait la bête", "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point".
Antoine Compagnon évoque à la fois la vie du génie Pascal (auteur du traité des Coniques), tout en allant chercher la signification de ses pensées elliptiques. Avec cette tournure d'esprit combinatoire, Pascal explore tous les possibles de la réflexion. En quarante et un chapitres (dont six inédits) il s'intéresse aussi bien à la question de la violence et de la vérité, de la tyrannie, à l'esprit de finesse, au divertissement et au juste milieu.
Antoine Compagnon nous fait découvrir l'écrivain du miracle et de la grâce dont la pensée permet de mieux nous connaitre.
« Les gens seraient étendus sur la plage ou bien, sirotant un apéritif, ils s'apprêteraient à déjeuner, et ils entendraient causer de Montaigne sur le poste. Quand Philippe Val m'a demandé de parler des Essais sur France Inter durant l'été, quelques minutes chaque jour de la semaine, l'idée m'a semblé très bizarre, et le défi si risqué que je n'ai pas osé m'y soustraire.
D'abord, réduire Montaigne à des extraits, c'était absolument contraire à tout ce que j'avais appris, aux conceptions régnantes du temps où j'étais étudiant. À l'époque, l'on dénonçait la morale traditionnelle tirée des Essais sous la forme de sentences et l'on prônait le retour au texte dans sa complexité et ses contradictions. Quiconque aurait osé découper Montaigne et le servir en morceaux aurait été aussitôt ridiculisé, traité de minus habens, voué aux poubelles de l'histoire comme un avatar de Pierre Charron, l'auteur d'un Traité de la sagesse fait de maximes empruntées aux Essais. Revenir sur un tel interdit, ou trouver comment le contourner, la provocation était tentante.
Ensuite, choisir une quarantaine de passages de quelques lignes afin de les gloser brièvement, d'en montrer à la fois l'épaisseur historique et la portée actuelle, la gageure paraissait intenable. Fallait-il choisir les pages au hasard, comme saint Augustin ouvrant la Bible ? Prier une main innocente de les désigner ? Ou bien traverser au galop les grands thèmes de l'oeuvre ? Donner un aperçu de sa richesse et de sa diversité ? Ou encore me contenter de retenir certains de mes fragments préférés, sans souci d'unité ni d'exhaustivité ? J'ai fait tout cela à la fois, sans ordre ni préméditation.
Enfin, occuper l'antenne à l'heure de Lucien Jeunesse, auquel je dois la meilleure part de ma culture adolescente, c'était une offre qui ne se refuse pas ».
En 40 chapitres, Antoine Compagnon interprète Montaigne d'une façon claire, limpide, drôle. De l'engagement jusqu'au trône du monde en passant par la conversation ou l'éducation. Professeur au collège de France, ce grand spécialiste de l'autobiographie nous présente un Montaigne estival qui permet de bronzer notre âme.
L'été avec Montaigne bénéficiera d'une forte promotion sur l'antenne de France Inter (Messages et émissions).
Marcel Proust se répétait Chant d'automne de Baudelaire :
« J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre/ Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer / Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre / Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer ».
Peut-être aucun poète ne nous t-il a laissé autant d'images durables et de vers mémorables. Il fut le poète du crépuscule, de l'ombre, du regret, de l'automne. Mais il est l'homme de tous les paradoxes. Il y a d'ailleurs chez lui une perpétuelle nostalgie du soleil sur la mer, du soleil de midi en été : «Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ».
L'été pour Baudelaire fut celui de l'enfance. Un été à jamais révolu. Et sa poésie est aussi la recherche de ce paradis perdu. Moderne et antimoderne, Baudelaire est d'une certaine manière notre contemporain. Aucun poète n'a mieux parlé des femmes - des femmes et de l'amour - que Baudelaire dans quelques poèmes sublimes comme La Chevelure ou L'invitation au voyage.
Ce fut un homme blessé, un cruel bretteur, un fou génial, un agitateur d'insomnies.
Baudelaire aura été l'un des plus lucides observateurs de la désacralisation de l'art dans le monde moderne, lui qui admirait tant la peinture de Delacroix et de Manet. Dandy et proche des chiffonniers, anarchiste de gauche puis de droite, il fut l'homme de tous les paradoxes et originalités.
En 30 chapitres qui sont autant de diamants noirs, Antoine Compagnon aborde le réalisme et le classicisme de Baudelaire, le rôle de Paris et de Honfleur, de la ville et de la mer mais aussi le rire, la procrastination et le catholicisme. Dans le même esprit qu'Un été avec Montaigne, « à sauts et à gambades », Antoine Compagnon nous fait redécouvrir Les Feurs du mal et Les Petits poèmes en prose en nous faisant partager un Baudelaire inclassable et irréductible.
« Il y a deux Paul Valéry : celui des petits classiques illustrés [...] et le sacripant drolatique, l'anar espiègle, le gamin salace aux mauvaises pensées, «l'esprit le plus méphistophélique de notre littérature», sans parler du coureur et du farceur. Oui, cela fait deux en un : le bienséant et le frondeur, l'homme d'institution et l'irréconcilié. » L'été sied à Paul Valéry (1871-1945), ce solaire impénitent qui nous enjoint de plonger dans la mer pour mieux renaître. Même en maillot de bain, ce grand amoureux des femmes, de la peinture et de la musique, reste un homme du trait, du brillant, de l'éclat, du paradoxe et du charnel. Son oeuvre dessine une rose des vents. L'auteur de l'universel Cimetière marin est aussi « un lanceur d'alerte » sur la fragilité de notre civilisation et de notre société mondialisée.
Paul Valéry, notre contemporain brûlant, est un poète à lire de toute urgence par temps de détresse.
Régis Debray est philosophe, essayiste et romancier.
Un été avec Paul Valéry est à l'origine une série d'émissions diffusées pendant l'été 2018 sur France Inter.
Il y a cent ans, le premier tome de À la recherche du temps perdu était publié et allait révolutionner le paysage littéraire mondial.
Rares sont les lecteurs qui osent encore s'abandonner à la prose si particulière de La Recherche et aux messages que délivre son auteur, Marcel Proust...
L'été avec Proust est l'occasion d'explorer les sept tomes de ce roman, à travers ses grandes lignes fondatrices et bien sûr ses plus belles pages, en compagnie d'un spécialiste, d'un écrivain ou philosophe.
Antoine Compagnon aborde ainsi la conception très singulière du temps proustien, alors que Jean-Yves Tadié présente quelques personnages-clés du roman.
Jérôme Prieur et Nicolas Grimaldi traitent respectivement des mondanités et des tourments amoureux.
Julia Kristeva évoque les pouvoirs de l'imagination, Michel Erman dévoile les lieux les plus emblématiques de La Recherche, alors que Raphaël Enthoven nous montre que Proust n'est pas seulement romancier, mais aussi philosophe.
Enfin, le livre s'achève avec Adrien Goetz sur le sujet de la création artistique et littéraire, ambition suprême du narrateur et de Proust lui-même.
Un été avec Proust est, à l'origine, une série d'émissions diffusées pendant l'été 2012 sur France Inter.
« Mais comment ne pas regretter la sagesse d'avant, comment ne pas donner un dernier souvenir à cette innocence que nous ne reverrons plus. [...] On ne parle aujourd'hui que de l'égalité. Et nous vivons dans la plus monstrueuse inégalité économique que l'on ait jamais vue dans l'histoire du monde. On vivait alors. On avait des enfants. Ils n'avaient aucunement cette impression que nous avons d'être au bagne. Ils n'avaient pas comme nous cette impression d'un étranglement économique, d'un collier de fer qui tient à la gorge et qui se serre tous les jours d'un cran. [...].
De tout ce peuple les meilleurs étaient peut-être encore ces bons citoyens qu'étaient nos instituteurs. Il est vrai que ce n'était point pour nous des instituteurs, ou à peine. C'étaient des maîtres d'école. [...].
Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs ».
Charles Péguy.
Édition présentée par Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et à l'Université Columbia (New York).
Victor Hugo rêvait d'être « Chateaubriand ou rien ». Sa vie et son oeuvre dépasseront cette ambition. Il sera un océan à lui seul : romancier, poète, dramaturge, pamphlétaire, académicien, pair de France, député. Tout en conservant le génie de l'enfance, Victor Hugo empoigna le XIXème siècle, combattit les injustices, la peine de mort, et toutes les formes d'aliénation. Il croyait au mouvement, au progrès. Son défi était de n'avoir jamais peur. Malgré les épreuves, les deuils familiaux, l'exil, Victor Hugo choisit de vivre : « Je suis celui que rien n'arrête/Celui qui va ». Il mit sa force, son souffle dans l'amour des siens, la conquête des femmes, la création et la passion de l'humanité : « Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une ».
Passer un été avec Victor Hugo ce n'est pas seulement se reposer à l'ombre d'un géant mais aussi voyager en sa compagnie, aimer jusqu'à l'épuisement et partager son sens de l'humour loin de l'image scolaire.
Chaque fois qu'une tempête s'annonce dans l'Histoire, on convoque Machiavel, car il est celui qui sait philosopher par gros temps. En effet, depuis sa mort en 1527, on ne cesse de le lire, et toujours pour s'arracher à la torpeur. Mais que sait-on de cet homme hormis le substantif inventé par ses contempteurs pour désigner cette angoisse collective, ce mal politique, le machiavélisme ?
Né dans une république de princes, la Florence oligarchique de la Renaissance et de Savanarole, Machiavel est très tôt sensible à la politique. Premier secrétaire de la Seconde chancellerie, historien, dramaturge, poète, philosophe, politologue avant l'heure, admirateur des peintres, des ingénieurs, des médecins et des cartographes, incorrigible provocateur, Machiavel est surtout un très fin spectateur. En Europe, il voyage, scrute les rapports de force qui meuvent les hommes, renifle les remugles du pouvoir. Il s'étonne de voir, qu'en France, Louis XII tient son peuple d'une main de fer et que ce dernier ne l'en aime que davantage. Peu à peu, l'homme aiguise son style. Chez lui, tout est bon pourvu que l'on puisse exercer l'art du mot juste, « la vérité effective de la chose » : « L'amour est préférable, mais la force, parfois, inévitable ».
La chance de Machiavel est d'avoir toujours été déçu par les hommes d'État qu'il a croisés sur son chemin. C'est pour cela qu'il a dû inventer son Prince de papier. Si le livre s'attache à dissocier l'action politique de la morale commune, la question demeure aujourd'hui encore de savoir, non pas pourquoi, mais pour qui écrit Machiavel. Pour les princes ou pour ceux qui veulent leur résister ? Et qu'est-ce que l'art de gouverner ? Est-ce celui de prendre le pouvoir ou celui de le conserver ? Qu'est-ce que le peuple ? Peut-il se gouverner lui-même ? Pensez-vous que les bonnes lois naissent de législateurs vertueux ? La fin peut-elle justifier les moyens ? Au-delà de conseils cyniques aux puissants, Machiavel s'interroge en profondeur sur l'idée de la souveraineté populaire car « le peuple connaît celui l'opprime ».
Avec verve et une savoureuse érudition, Patrick Boucheron nous éclaire sur cet éveilleur inclassable, visionnaire et brûlant comme un soleil d'été sur la terre toscane. Et avec lui, nous écoutons Machiavel, comme tous les autres avant nous, au futur.
Un été avec Machiavel est à l'origine une série d'émissions diffusées pendant l'été 2016 sur France Inter.
La veille de son mariage avec la jolie Viviane, Fernand de Bois d'Enghien tente sans succès de rompre avec sa maîtresse, la chanteuse de music-hall Lucette Gautier.
Mais la future belle-mère de Bois d'Enghien, la baronne Duverger, invite la jeune femme à chanter lors de la cérémonie. Lucette accepte sans savoir que le futur marié n'est autre que son amoureux... Pour compliquer le tout, débarquent à l'improviste un clerc de notaire "par profession, littérateur par vocation", un général sud-américain bien décidé à "touer" ses rivaux, un homme du monde à l'haleine discutable, un ancien amant entretenu et quelques pique-assiettes.
Tous se retrouvent ensuite chez la baronne qui a bien du mal à tenir sa fille, jeune première particulièrement éveillée, trouvant son fiancé bien trop sage... Les quiproquos s'enchaînent tant et si bien que l'amour ne tient plus qu'à un fil !
Marié et écrivain sans succès, André, surprend sa femme Berthe en flagrant délit d'adultère. Il trouve refuge chez son ami Cyprien, peintre et irréductible célibataire, et jure qu'on ne l'y reprendra plus. Mais le temps fait son oeuvre et la vie de garçon le lasse. C'est la « crise juponnière » ! Les deux anti-héros aux prises avec leurs pulsions et frustrations sexuelles finissent par se remettre en ménage.
Vision très pessimiste du couple, "En ménage" dresse une critique sociale pleine d'ironie et de raffinement qui doit autant à Schopenhauer qu'à Baudelaire. La plume nerveuse et incroyablement riche de Huysmans fait aussi le ménage du côté de la littérature en mettant à la fois en oeuvre et en procès le roman naturaliste qu'il réinvente.
A rebours des conventions, ce roman d'éducation - ou de désapprentissage - est d'une modernité foudroyante dans son analyse presque médicale du couple et de la sexualité. Cette oeuvre farouchement décadente dissèque le mariage comme une maladie et attaque au vitriol l'ordre bourgeois autant que son hypocrisie.
« Hakuna matata », une phrase philosophique ? Tel est le pari de ce livre. Aux côtés de Merlin l'enchanteur ou de la Fée Bleue de Pinocchio, apparaissent d'autres sorciers aux pouvoirs surprenants.
Montaigne nous enseigne ce qu'Aladdin devrait demander au génie pour être heureux. Raiponce et Heidegger invitent à ne pas redouter la mort. Pocahontas interroge notre rapport à l'autre.
De Blanche-Neige au Livre de la Jungle, de La Petite Sirène à La Reine de Neiges, les grands dessins animés, leurs personnages et leurs chansons éclairent les concepts philosophiques les plus puissants.
Magicienne chevronnée, Marianne Chaillan nous initie à la profonde sagesse de ces chefs-d'oeuvre. Quoi de plus réjouissant que de s'instruire en se divertissant ?
Écrivain et professeur de philosophie, Marianne Chaillan est l'auteur de Game of Thrones, une métaphysique des meurtres, La Playlist des Philosophes et Harry Potter à l'école de la philosophie.
" Quiconque a semé des privilèges doit recueillir des révolutions".
Mon Oncle Benjamin est l'oeuvre la plus célèbre de Claude Tillier (1801-1844). Ce roman pamphlétaire se déroulant sous le règne de Louis XV, met en scène un medecin libertaire et libertin qui s'attaque à l'ordre établi, aux valeurs monarchiques et bourgeoises.
Le roman (1843) a connu trois adaptations cinématographiques : une adaptation française par René Le Prince (1923) ; une adaptation soviétique (Ne Pleure pas, titre français) de Gueorgui Daniela (1969) et la plus connue, franco-italienne, réalisée par Edouard Molinaro en 1969 avec Jacques Brel dans le rôle-titre.
En plein désert, un géologue rencontre la princesse Greta qui débarque sur terre et lui dit d'un ton farouche et impérieux: "Dessine-moi une chauve-souris!" La princesse Greta vit sur une minuscule planète, 100% bio où la ouche d'ozone est très pure. Mais des insectes menacent ses plants de quinoa et seule une chauvesouris peut les chasser de façon éco-responsable.
Mais avant d'arriver sur terre, Greta a fait escale sur différents astéroïdes : l'astéroïde Charlie (Chaplin) l'astéroïde Ernesto (Guevara), l'astéroïde Frank (Sinatra), l'astéroïde, Karl (Marx), l'astéroïde Nelson( Mandela), l'astéroïde Janis (Joplin), l'astéroïde Albert (Einstein).
A chaque fois s'établit un échange piquant sur l'esprit d'enfance, le capitalisme, la révolution, la violence, le rock, la méchanceté des hommes, la nature. Jusqu'au jour où la princesse rencontre un pangolin, animal hautement philosophique, menacé par la race humaine, qui lui enseigne le langage du coeur et de l'amour.
Évitez de dire à votre épouse des inexactitudes terminologiques, autrement dit des mensonges. Elles ont une intuition formidable pour déceler tout arrangement, même mineur, avec la réalité.
Ne dites pas à votre femme que vous l'aimez tendrement pour ensuite la traiter comme une moins que rien. Elle préférera les actes d'amour aux paroles creuses.
Aucun doute là-dessus : les femmes ont plus d'influence sur la vie maritale que les hommes. Par conséquent, s'il y a des tensions dans votre couple, ne rejetez pas la faute sur votre époux. Demandez-vous honnêtement si vous faites de votre mieux.
En voiture, abstenez-vous de faire des remarques à votre mari sur sa conduite. Cela ne fera que l'irriter et pourrait même causer un accident grave.
Véritables guides de Self-Help avant l'heure, ces deux petits ouvrages se trouvaient sur toutes les tables de nuit des jeunes mariés dans les années trente. De la vie de couple à l'éducation des enfants en passant par la gestion des finances et la manière de s'habiller, aucun sujet n'est laissé au hasard.
Si quelques conseils restent d'une surprenante actualité, d'autres sont hilarants par leur sexisme suranné.
Mais en les combinant pour passer outre les distinctions de genres, ils peuvent tout-à-fait se lire comme un petit manuel de bonne conduite du couple et feront de très bons cadeaux de mariage décalés.
Eugène Ribadier a épousé Angèle dont le premier mari est mort prématurément. Le portrait de celui-ci trône cependant, omniprésent, dans le salon. Angèle a été une femme trompée. Elle suspecte son second mari d'être aussi volage que le premier, et le traque dans ses conseils d'administration ou dans les réunions de son club.
Eugène est en effet un coureur de jupons qui, pour défier la méfiance de sa femme, a mis en place un système scientifique : l'hypnose. Ainsi, le soir, il endort son épouse, la laisse allongée dans le salon et court vers de nouvelles amours. Mais voilà que débarque un ami de la famille, Thommereux qui, après avoir été follement amoureux d'Angèle et éconduit par elle, s'est exilé à Batavia. Vont se succéder une série de quiproquos tous plus cocasses les uns que les autres : qui trompe qui ? Le mari, la femme ou l'amant ? Et à ce trio impétueux, s'ajoute aussi la cour des domestiques qui ne tardent pas à entrer dans la danse.
C'est le triomphe de l'esprit français, de la légèreté, de l'humour et de l'imbroglio. Un remède hilarant contre la sinistrose ambiante.
Lorsque Marcia Coulihan voit débarquer Lonesome Rhodes dans la petite radio locale de Fox, Wyoming, où elle assure l'intérim, elle saisit vite son intelligence derrière le personnage de péquenot naïf qu'il incarne à la perfection. Dès sa première chronique, Rhodes déchaîne l'enthousiasme des auditeurs.
S'inspirant du village d'Arkansas dont il affirme être originaire, il met en scène les personnages truculents de « sa famille » le cousin Abernathy, la tante Lucybelle sans oublier « son pépé » Bascom pour s'adresser directement à l'Amérique ordinaire, entre deux extraits de folk et d'énormes éclats de rire : « c'qui nous faut c'est un peu plus de bons sentiments chrétiens et rudement moins de ce tourneboulis de notre époque. » Son destin bascule quand il fait campagne contre le shérif local. Le Time dépêche un chroniqueur et Lonesome, accompagné de Marcia, s'envole vers Chicago où il conquiert une audience nationale grâce son émission quotidienne « Votre voyageur de l'Arkansas ».
Galvanisé par le succès, Lonesome se mêle de tout, donne, entre deux histoires drôles, son avis sur les maux, réels ou imaginaires, dont souffre le pays. Il s'érige en porte-parole d'une Amérique modeste, conservatrice et rurale, mais pétrie de bon sens. Comme le souligne Marcia : « En ce siècle d'angoisses atomiques, l'Amérique en revenait à la sagesse des bons vieux adages qui avaient fait sa grandeur. » L'argent afflue, les publicitaires se battent pour gérer son image, placer des produits dans son émission, des millions d'anonymes envoient des dons à sa fondation caritative.
La consécration intervient avec son show TV, grande messe nationale, qui fait trembler les politiques de tous bords. Lonesome Rhodes devient un état dans l'état et profite de son influence pour s'adresser directement aux gouvernants étrangers, comme Winston Churchill.
Ivre de pouvoir et d'alcool, il se tue accidentellement avant d'avoir eu le temps de déclarer la guerre aux « angliches » et aux « ruskoffs ».
Adaptée au cinéma par Elia Kazan, Un homme dans la foule est une satire féroce, angoissante, du populisme et de l'influence des médias de masse. Écrit en écho au maccarthysme de l'époque, l'irrésistible ascension de l'incontrôlable et outrancier Lonesome Rhodes ne peut que résonner aujourd'hui.
Évitez de dire à votre épouse des inexactitudes terminologiques, autrement dit des mensonges. Elles ont une intuition formidable pour déceler tout arrangement, même mineur, avec la réalité.
Ne dites pas à votre femme que vous l'aimez tendrement pour ensuite la traiter comme une moins que rien. Elle préférera les actes d'amour aux paroles creuses.
Aucun doute là-dessus : les femmes ont plus d'influence sur la vie maritale que les hommes. Par conséquent, s'il y a des tensions dans votre couple, ne rejetez pas la faute sur votre époux. Demandez-vous honnêtement si vous faites de votre mieux.
En voiture, abstenez-vous de faire des remarques à votre mari sur sa conduite. Cela ne fera que l'irriter et pourrait même causer un accident grave.
Véritables guides de Self-Help avant l'heure, ces deux petits ouvrages se trouvaient sur toutes les tables de nuit des jeunes mariés dans les années trente. De la vie de couple à l'éducation des enfants en passant par la gestion des finances et la manière de s'habiller, aucun sujet n'est laissé au hasard.
Si quelques conseils restent d'une surprenante actualité, d'autres sont hilarants par leur sexisme suranné.
Mais en les combinant pour passer outre les distinctions de genres, ils peuvent tout-à-fait se lire comme un petit manuel de bonne conduite du couple et feront de très bons cadeaux de mariage décalés.
On connaît tous l'oeuvre d'Alphonse Daudet (1840-1897) : Les lettres de mon moulin, Le Petit Chose, Tartarin de Tarascon, Les contes du lundi. On a eu une image mièvre et scolaire de cet écrivain provençal dont l'oeuvre de mémorialiste reste encore à ce jour largement méconnue. Alphonse Daudet fut un témoin privilégié du XIXe siècle et du Second Empire. Après une jeunesse mouvementée, cet enfant de Nîmes travailla entre 1861 et 1865 au cabinet du duc de Morny, le plus haut personnage de l'Empire, après Napoléon III. Aussi ces Mémoires se lisent-ils comme une feuille de température politique et artistique sur le Second Empire, la Commune et le début de la IIIe République. Car Daudet fut avant tout un portraitiste de premier ordre. Il décrit aussi bien la bohème de Murger que les personnages politiques de premier plan comme Gambetta ou Henri Rochefort. Mais c'est aussi toute l'effervescence de la vie littéraire, des frères Goncourt, en passant par Tourgueniev, que croque l'écrivain dans un style vif et mordant. Dans ses Mémoires d'une sombre beauté, il n'oublie pas non plus d'évoquer la genèse et l'histoire de ses livres (Tartarin de Tarascon, Le Petit Chose, etc.). Voici le livre qui rendra toute sa place à Daudet dans le panthéon des écrivains du XIXe siècle.
Dans ce livre qu'il consacre aux dix-sept dernières années de la vie de saint Paul, depuis le départ de sa première mission jusqu'à son arrivée à Rome (45-61 ap. J.-C.), Ernest Renan retrace les voyages de l'apôtre des gentils et embarque le lecteur dans un véritable road trip à travers l'Empire romain.
Il analyse le caractère et la psychologie de Paul - ce génie furieux mais non sans défauts ni malice et vanité. Il nous montre comment cet « homme d'action », ce beatnik avant l'heure, a oeuvré pour répandre la « vraie » religion : « Il y avait sept ans qu'il était chrétien et pas un jour son ardente conviction ne s'était endormie ».
Sont évoquées ses ruptures et querelles avec les disciples de Jésus, Pierre surtout, et son « infériorité » par rapport à ces derniers : « Il n'a pas vu Jésus, il n'a pas entendu sa parole ». On voit Paul se heurter à la division des premières Églises qui se fondent autour du bassin méditerranéen, se débattre devant ses juges pour ne pas renier sa conviction en la résurrection du Christ...
Ernest Renan, dans un style brillant et coloré - « il a la monomanie du paysage », disait Mérimée -, tente d'expliquer comment se répand une foi nouvelle ; comment elle se transforme en culte ; pourquoi l'on adhère à une religion qui prône pauvreté plutôt que richesse, défend les faibles plutôt que les puissants.
Uruguay est un magnifique récit, devenu introuvable, sur l'enfance, l'exil, la langue française.
Dans un style ample, la phrase se met à embrasser tout une vie.
« Une phrase, une journée, toute la vie, n'est-ce pas la même chose pour qui est né sous les signes jumeaux du voyage et de la mort ? » Dans une préface inédite, Marie-Laure de Folin, petite fille de Supervielle, évoque ses souvenirs avec son grand-père.