«Rien n'a plu davantage dans les lettres persanes, que d'y trouver, sans y penser, une espèce de roman. On en voit le commencement, le progrès, la fin : les divers personnages sont placés dans une chaîne qui les lie. À mesure qu'ils font un plus long séjour en Europe, les moeurs de cette partie du monde prennent, dans leur tête, un air moins merveilleux et moins bizarre : et ils sont plus ou moins frappés de ce bizarre et de ce merveilleux, suivant la différence de leurs caractères. Dans la forme de lettres, l'auteur s'est donné l'avantage de pouvoir joindre de la philosophie, de la politique et de la morale, à un roman ; et de lier le tout par une chaîne secrète et, en quelque façon, inconnue.» Montesquieu.
L'Orient et l'Occident, le sérail et les salons, les intrigues des sultanes et la coquetterie des Parisiennes, les muftis et le pape... Voilà de quoi se nourrit la correspondance entretenue par Usbek et Rica, seigneurs persans partis à la découverte de la France de Louis XIV, avec leurs amis demeurés à Ispahan.
Sous couvert d'un regard éloigné, Montesquieu dresse dans les Lettres persanes (1721) un examen sans concession des moeurs de son temps. Satirique et enjoué, ce roman polyphonique offre un condensé des théories les plus audacieuses de l'auteur. Éloge du rationalisme et de l'esprit critique, réflexion sur le bonheur, plaidoyer pour une politique et une religion raisonnables : la philosophie tient tout entière dans ce livre en apparence badin, qui s'est imposé comme l'un des premiers chefs-d'oeuvre des Lumières.
J'ai d'abord examiné les hommes, et j'ai cru que, dans cette infinie diversité de lois et de moeurs, ils n'étaient pas uniquement conduits par leurs fantaisies. J'ai posé les principes, et j'ai vu les cas particuliers s'y plier d'euxmêmes, les histoires de toutes les nations n'en être que les suites, et chaque loi particulière liée avec une autre loi, ou dépendre d'une autre plus générale. Quand j'ai été rappelé à l'antiquité, j'ai cherché à en prendre l'esprit, pour ne pas regarder comme semblables des cas réellement différents, et ne pas manquer les différences de ceux qui paraissent semblables. Je n'ai point tiré mes principes de mes préjugés, mais de la nature des choses. Ici, bien des vérités ne se feront sentir qu'après qu'on aura vu la chaîne qui les lie à d'autres. L. M.
J'ai d'abord examiné les hommes, et j'ai cru que, dans cette infinie diversité de lois et de moeurs, ils n'étaient pas uniquement conduits par leurs fantaisies.
J'ai posé les principes, et j'ai vu les cas particuliers s'y plier d'euxmêmes, les histoires de toutes les nations n'en être que les suites, et chaque loi particulière liée avec une autre loi, ou dépendre d'une autre plus générale.
Quand j'ai été rappelé à l'antiquité, j'ai cherché à en prendre l'esprit, pour ne pas regarder comme semblables des cas réellement différents, et ne pas manquer les différences de ceux qui paraissent semblables.
Je n'ai point tiré mes principes de mes préjugés, mais de la nature des choses.
Ici, bien des vérités ne se feront sentir qu'après qu'on aura vu la chaîne qui les lie à d'autres.
L. M.
Véritable somme politique, De l'esprit des lois (1748) est le chef-d'oeuvre de Montesquieu. L'auteur y engage tout à la fois une réflexion sur les différents gouvernements,une enquête sur les sociétés humaines et une analyse comparée des lois, afin de former tout homme à évaluer l'intervention législatrice. En s'attachant à saisir «l'esprit des lois» - ou rapports que les lois entretiennent avec le climat, la religion, les moeurs, les richesses et le commerce de chaque peuple -, il propose une manière nouvelle d'appréhender la réalité sociale.Cette anthologie, qui rassemble et présente les livres les plus célèbres de L'Esprit des lois, permet au lecteur de saisir les principaux enjeux philosophiques de cet ouvrage incontournable.Plan de l'anthologie : 1. Le projet de L'Esprit des lois2. Une réflexion politique3. Une enquête sur les sociétés humaines4. La liberté5. La justice
«C'est [une] double lecture que requièrent les Méditations ; un ensemble de propositions formant système, que chaque lecteur doit parcourir s'il veut en éprouver la vérité ; et un ensemble de modifications formant exercice, que chaque lecteur doit effectuer, par lesquelles chaque lecteur doit être affecté, s'il veut être à son tour le sujet énonçant, pour son propre compte, cette vérité.» (Michel Foucault)
«On trouvera rassemblées ici pour la première fois toutes les oeuvres de Montesquieu, à l'exception de sa Correspondance. Je n'ai pas la prétention d'avoir réussi dès l'abord une entreprise jamais tentée jusqu'ici et qu'on ne saurait probablement mener à bien sans un certain nombre de tâtonnements. Mon dessein principal a été de montrer l'unité de cette oeuvre, de mettre en lumière la loi particulière et comme naturelle qui a présidé à son développement. Aussi je n'ai pas réuni d'un côté les ouvrages traditionnellement connus et fréquemment édités, de l'autre, ceux, tout aussi importants par l'étendue et la qualité, que les volumes confidentiels publiés à Bordeaux il y a une cinquantaine d'années, ont révélés à un très petit cercle d'amateurs locaux, et dont encore aujourd'hui le public cultivé pressent à peine la valeur, quand il ne continue pas d'en ignorer l'exigence. Au contraire, j'ai tout mêlé : oeuvres célèbres et oeuvres inconnues, oeuvres longuement mûries, oeuvres de circonstance, travaux annexes, ébauches et simples matériaux. De la sorte, les trois ou quatre chefs-d'oeuvre qu'on a coutume d'admirer apparaissent reliés par un contexte ininterrompu où ils ne représentent plus que des points privilégiés. On se trouve devant une sorte de tissu organique très inégalement différencié, mais où toujours circule, par d'innombrables canaux qui se ramifient sans fin, une pensée singulièrement persévérante.» Roger Caillois.
Lorsqu'il s'agit du regard, Montesquieu ne prêche plus la modération : le bonheur consiste pour notre âme à étendre la sphère de sa présence. Dans ce petit traité du plaisir qu'est l'Essai sur le goût, l'exigence d'harmonie et de symétrie n'émane pas simplement d'une raison théoricienne soucieuse d'introduire partout son ordre : à travers cet ordre même, c'est un élargissement d'horizon qui s'opère. Où l'oeil dominera désormais un plus vaste spectacle, contemplant un royaume visible en pleine lumière, où rien nulle part ne se dérobe. L'instinct de maîtrise et de possession aura trouvé satisfaction. (Jean Starobinski) Suivi d'un texte de Jean Starobinski
«On trouvera rassemblées ici pour la première fois toutes les oeuvres de Montesquieu, à l'exception de sa Correspondance. Je n'ai pas la prétention d'avoir réussi dès l'abord une entreprise jamais tentée jusqu'ici et qu'on ne saurait probablement mener à bien sans un certain nombre de tâtonnements. Mon dessein principal a été de montrer l'unité de cette oeuvre, de mettre en lumière la loi particulière et comme naturelle qui a présidé à son développement. Aussi je n'ai pas réuni d'un côté les ouvrages traditionnellement connus et fréquemment édités, de l'autre, ceux, tout aussi importants par l'étendue et la qualité, que les volumes confidentiels publiés à Bordeaux il y a une cinquantaine d'années, ont révélés à un très petit cercle d'amateurs locaux, et dont encore aujourd'hui le public cultivé pressent à peine la valeur, quand il ne continue pas d'en ignorer l'exigence. Au contraire, j'ai tout mêlé : oeuvres célèbres et oeuvres inconnues, oeuvres longuement mûries, oeuvres de circonstance, travaux annexes, ébauches et simples matériaux. De la sorte, les trois ou quatre chefs-d'oeuvre qu'on a coutume d'admirer apparaissent reliés par un contexte ininterrompu où ils ne représentent plus que des points privilégiés. On se trouve devant une sorte de tissu organique très inégalement différencié, mais où toujours circule, par d'innombrables canaux qui se ramifient sans fin, une pensée singulièrement persévérante.» Roger Caillois.
Jeter des idées sur le papier et les voir aller leur chemin en toute liberté fait partie des intentions proclamées d'emblée par l'auteur : « Ce sont des idées que je n'ai point approfondies et que je garde pour y penser dans l'occasion. » Mais « Mes pensées », pour Montesquieu, ce sont aussi celles qui permettent de garder en réserve, ou par devers soi, une formule définitive, un jugement aussi méchant que brillant, une maxime dont on se demande si, à force d'être banale, elle ne serait pas étonnamment profonde. Alors qu'un autre recueil de Montesquieu, le Spicilège, est surtout tourné vers l'histoire et constitue un réservoir documentaire, Mes pensées révèlent bien davantage un esprit en action. On y trouvera notamment un chapitre entier échappé de L'Esprit des lois, et les restes d'un ouvrage qui a été dépecé pour en alimenter un autre. Tous les thèmes chers à Montesquieu sont présents, notamment un long développement sur la théorie du pouvoir.
Deux Persans, Usbek et Rica, en voyage à Paris, s'étonnent du mode de vie des Français. Ils partagent leur surprise dans des lettres qu'ils échangent avec leurs amis et serviteurs restés en Perse. Sous couvert de naïveté, ces deux fins observateurs y décrivent la monarchie de Louis XIV ainsi que les moeurs de la société qu,ils découvrent. Mais, bien vite, c'est leur propre système social qui les rattrape : profitant de leur absence, le sérail se révolte...
En 1721, Montesquieu fait paraître de manière anonyme le premier roman épistolaire. Imprégnées de l'esprit des Lumières, les Lettres persanes révèlent un dispositif narratif habile où le prétendu décentrement du regard tend au lecteur un miroir sans complaisance.
«C'est un malheur qu'il y a trop peu d'intervalle entre le temps où l'on est trop jeune, et le temps où l'on est trop vieux.» «Il n'est pas étonnant qu'on ait tant d'antipathie pour les gens qui s'estiment trop : c'est qu'il n'y a pas beaucoup de différence entre s'estimer beaucoup soi-même et mépriser beaucoup les autres.» «Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie : il ne faut pas être au-dessus des hommes ; il faut être avec eux.» Un florilège de piques alertes et de propos sagaces, une invitation à porter un regard tolérant et solidaire sur les autres, par l'auteur de l'Esprit des lois.
La fiction apparaît chez Montesquieu comme un véritable mode de pensée, ou même d'expérimentation : libéré de toute entrave, parfois même sans que la publication soit envisagée de manière précise (elle pouvait connaître, comme pour l'Histoire véritable, des obstacles redoutables), il peut grâce à elle aborder tous les sujets, envisager frontalement les questions les plus ardues, tout en laissant intact le plaisir d'écrire et de lire.
Tout écrit peut donc être investi d'une profondeur philosophique, et inversement la philosophie ne se concoit pas chez lui autrement que comme un exercice où l'esprit s'aiguise au contact des mots. C'est une pensée complexe, ondoyante, qui jamais ne se contente des apparences et encore moins des idées reçues, qui cherche toujours un nouveau moyen d'aborder le réel, de rendre compte de l'inexplicable, de saisir ce qui paraît rebelle à toute raison.
Et pour cela, rien ne vaut l'imagination et la fantaisie qui se déploient dans le roman, le conte, l'apologue, la lettre, le dialogue, la fiction antique, le poème prétendument imité du grec, toutes ces formes diverses et voisines que l'on trouve rassemblées ici : opuscules qui, sauf exception, ne furent pas publiés de son vivant, brèves compositions conservées dans les Pensées en attendant un sort meilleur, ou extraits de plus vastes ensembles (comme les contes insérés dans les Lettres persanes), auxquels les éditeurs donnent ici leur pleine valeur.
Cette formule, on l'a reconnue : c'est celle du "conte philosophique", qu'il faut se garder d'identifier avec la production du seul Voltaire. Ainsi s'impose le modèle d'une écriture "totale", qui permet d'incorporer dans la même trame, comme le fait le chef d'oeuvre du genre, l'Histoire véritable, la satire sociale et les considérations morales comme la réflexion politique et philosophique, le tout sur un ton allègre qui permet de détourner en les pastichant toutes les règles du genre.
Comme les personnages éponymes des fictions antiques, le héros ou anti-héros est revenu de tout. Son expérience est celle de toute une humanité, conçue dans sa plus grande diversité. Dans une France où, en 1737, sous l'influence des autorités religieuses, le pouvoir n'a pas trouvé d'autre moyen pour restaurer la morale publique que d'interdire les romans, Montesquieu défend l'idée qu'on y trouve au contraire le meilleur moyen de rendre meilleurs l'individu et la société.
Toujours soucieux de rendre compte du réel, Montesquieu sait que la fiction devient alors le meilleur moyen d'agir sur le monde.
Aux antipodes d'une fresque pittoresque retraçant l'histoire tumultueuse de l'Empire romain sur le thème de la grandeur et de la décadence, ces Considérations et ces Réflexions sont bien plutôt deux textes de réflexion politique : Montesquieu, par une argumentation limpide et lapidaire qui fait fi de l'anecdote, dégage ici des principes d'analyse historique d'une singulière actualité. En pesant l'influence respective des hommes et des institutions, des moeurs et des techniques, il extrait de l'histoire ce qui est véritablement essentiel, ce qui détermine le cours des événements : sur le monument de l'histoire antique s'élève une des premières manifestations de science politique.
Quel est le gouvernement le plus adapté à la nature humaine ? Posée au XVIIIe siècle par Montesquieu, cette question est profondément actuelle. Ce traité de théorie politique publié en 1748 expose les grands principes régissant l'histoire des sociétés politiques. Il examine les différents types de gouvernements, monarchie, aristocratie, république et despotisme. Et il pose la question de l'existence d'un régime politique universellement valable. Personnalité essentielle du Siècle des Lumières, Montesquieu a marqué le monde intellectuel en tant que philosophe de l'histoire et figure fondatrice de la science politique.
L'édition de L'Esprit des lois de Robert Derathé, parue en 1973, est considérable par la qualité du travail éditorial qu'elle met en oeuvre et par les informations qu'elle met à la disposition des lecteurs. Elle est complétée par une mise à jour bibliographique qui témoigne de l'importance quantitative (plus de 1600 entrées) et de la richesse des travaux effectuées depuis sur le grand ouvrage de Montesquieu. Ce volume contient l'introduction de Robert Derathé, les trois premières parties de L'Esprit des lois et la mise à jour bibliographique.
L'édition de L'Esprit des lois de Robert Derathé, parue en 1973, est considérable par la qualité du travail éditorial qu'elle met en oeuvre et par les informations qu'elle met à la disposition des lecteurs. Elle est complétée par une mise à jour bibliographique qui témoigne de l'importance (plus de 1600 entrées) des travaux effectuées depuis sur le grand ouvrage de Montesquieu. Ce volume contient les trois dernières parties de L'Esprit des lois, la Défense de L'Esprit des lois et la «table analytique des matières».
Satire plaisante de la société française sous la forme de 161 lettres , 'Les Lettres Persanes' ont été traduites à travers le monde. Tous les sujets sont abordés: religion, justice, célibat des prêtres, etc. Dans cette 78ème lettre, Rica retranscrit la lettre d'un Français visitant et critiquant l'Espagne avant de conclure qu'un Espagnol en France en dirait tout autant.. En scannant les QR codes, vous pourrez écouter les textes en français et en créole
Les Lettres persanes est une lecture du niveau 2 correspondant à un niveau débutant en français.
Projet audacieux en son temps, De l'esprit des lois a révolutionné la pensée politique et ouvert la voie à la sociologie contemporaine. Le maître-livre de Montesquieu indispensable à quiconque veut comprendre les rouages de l'Histoire politique et de notre modernité.