Peut-on tenter de comprendre où nous en sommes avec la loi pénale s'agissant des mineurs et de la sexualité ? Consentement, contrainte, emprise, où en est le droit avec ces notions ?Où en sommes-nous de la répression de la pédophilie mais aussi de la loi sur les rapports au sexe des mineurs entre eux et sur leur accès à la pornographie ?Le rapport des mineurs à la sexualité soulève toujours autant de passions et de craintes dans l'opinion publique, alors que son encadrement par le droit est peu ou mal connu.Des années 1960 à la décennie 1990, la loi pénale enregistra, lentement, les effets d'un mouvement d'émancipation qui consacra le reflux de morales sexuelles traditionnelles. Des interdits entravant l'accès à une sexualité libre furent un à un mis en cause.Ce mouvement a conduit à infléchir, mais sans les bouleverser, les lois pénales encadrant la sexualité des mineurs.Depuis lors, un profond basculement s'est opéré, d'une émancipation tempérée vers une protection toujours renforcée des mineurs. Malgré d'incessantes réformes la loi pénale est par certains jugée insatisfaisante. Il lui est reproché de ne pas assez protéger les personnes, et notamment les mineurs, de toutes les formes de violences, de contrainte et d'emprise.Ce livre expose simplement, avec rigueur, clarté et sans passion, les termes d'un débat qui mérite mieux que des anathèmes. Ne serait-ce que par respect pour les victimes d'hier, d'aujourd'hui ou de demain.
Pendant vingt-huit ans, Nelly G. a été violée et torturée par son père. De cet inceste sont nés six garçons. Dans le petit village tranquille comme dans la cité populaire où le père travaillait, on savait et on en parlait. Pour comprendre le laisser-faire général, l'ethnologue Léonore Le Caisne a, pendant une année complète, rencontré Nelly, les habitants, les commerçants et les élus, décryptant l'incessant commérage sur la famille G. et l'indignation collective suscitée par la prise de parole publique de Nelly, mais aussi la mise en scène de ce fait divers par la presse. Son analyse montre que la relation incestueuse entre le père et sa fille n'est pas qu'une affaire familiale mais aussi une affaire collective : cet inceste s'est inscrit dans le cours de la vie du village et de la cité jusqu'à en devenir un élément presque ordinaire.
Léonore Le Caisne
« Faut se calmer, essayer d'être ce qu'on est c'est-à-dire pas grand-chose. Mettre tout ça à peu près en ordre, déjà, déjà ce serait pas mal. Tout sera dans le bon ordre à partir de là, et dans le bonheur peut-être un jour. Et puis je vais essayer d'être polie. Précise, logique et claire pour une fois. »
"J'ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m'a abordé dans la rue et j'ai fini par lui proposer de monter. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu'il allait me tuer. Le lendemain, les démarches médicales et judiciaires ont commencé".
É. L.
La familia grande c'est l'histoire d'une famille qui aime débattre, rire et danser, qui aime le soleil et l'été. Mais que faire face au poids du secret ? Que faire quand on sait ? Que faire quand son jumeau est victime, qu'il dit et qu'il demande le secret. Que l'on est jeune. Que l'on aime sa mère et son beau-père. Que la famille éclatera si l'on dit. Que l'on a personne à qui dire. Quand la mère refuse d'entendre. Que l'on admire et que l'on aime. Que l'emprise s'exerce. Ecrire. La familia grande c'est la famille de Camille Kouchner. Le récit incandescent d'une femme qui ose enfin raconter ce qui a longtemps fait taire la Familia grande. Camille Kouchner écrit le silence, et parle pour tous ceux qui n'osent pas.
Essai sur le durcissement du code pénal. L'auteur montre que les peines de plus en plus lourdes tendent à rompre avec la conception humaniste et réparatrice de la peine. Cette judiciarisation croissante est liée à la nouvelle demande de justice des victimes. Une comparaison avec la situation américaine démontre que cette évolution est encore réversible en France.
Dans les tribunaux où il a exercé ses fonctions de juge des enfants, Édouard Durand a vu des enfants grandir et d'autres mourir. Celui que l'on surnomme parfois « l'ange gardien des petits » consacre sa vie à leur protection.
Au cours de ces entretiens, il nous raconte ce que nous préférons souvent ignorer : les violences conjugales, celles faites aux enfants, l'inceste. Il affirme avec force que la maison doit être un lieu de sécurité et que nous en sommes collectivement responsables. Déjouer la stratégie de l'agresseur, restaurer le langage face à la violence, remettre la loi à sa place : pour permettre aux enfants de grandir et les protéger, Édouard Durand appelle à une législation plus impérative, qui ne soit plus soumise aux aléas de perception d'un juge, d'un expert, d'une assistante sociale.
Ce livre nous élève en nous mettant à hauteur d'enfant. S'il dit la maltraitance, il rapporte aussidesmoments de joie quand la vie reprend son cours. Et entre les lignes, se dessine le portrait d'un homme qui refuse d'être spectateur de la violence, d'un juge engagé pour dire la loi d'une voix forte et claire.
Affaires d'Outreau, de Toulouse, ou encore des disparues de l'Yonne : comment la justice pénale qui fait l'objet de tant de réformes peut-elle connaître encore de tels sinistres ? Car depuis une décennie, cette institution subit une mutation qui va s'accélérant : des lois nouvelles la réforment, les apports de la Cour européenne des droits de l'homme la modifient, les pratiques de l'institution changent, comme ses rapports à la police, aux médias, aux collectivités territoriales.
Mais dans ce tourbillon de la réforme permanente, nombre de questions n'ont pas reçu de véritables réponses - le rôle des procureurs, l'avenir des juges d'instruction, les profils des juges professionnels et non professionnels, les cartes judiciaires et le fonctionnement en réseau -, qui pèsent sur la capacité de la justice pénale à se transformer vraiment.
La justice est-elle promise à devenir de plus en plus « sécuritaire », suivant ainsi l'air du temps ? Quelles sont ses capacités à satisfaire ou résister à cette perspective ? Bien au-delà des conjonctures politiques nationales et internationales et des formes actuelles de l'insécurité, ne rentre-t-elle pas de plain-pied dans la société du contrôle ?
Elles sont neuf. Neuf femmes avocates que les projecteurs ignorent, préférant leurs confrères, les fameux « ténors du barreau ».
Chacune de ces avocates a, dans le coeur, un procès particulier, un de ceux dont on ne se remet jamais vraiment. Elles ont défendu Guy Georges, la famille d'Ilan Halimi, Bertrand Cantat, Charles Pasqua, un Premier ministre des Balkans, ou des anonymes accusés de matricide, d'agression sexuelle, de tentative de meurtre. Ces procès, ce qu'ils disent d'elles, elles le racontent pour la première fois.
Une passionnante plongée dans la psyché des grandes pénalistes qui confirme que la hauteur et la complexité d'un métier sont aussi une affaire de femmes.
Laëtitia Perrais avait 18 ans et la vie devant elle. Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, elle a été enlevée. Puis tuée. Par la vague d'émotion sans précédent qu'il a soulevée, ce fait divers est devenu une affaire d'État. À travers cette enquête de vie, Ivan Jablonka rend Laëtitia à elle-même. À sa liberté et à sa dignité.
« Depuis tant d'années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. Jusqu'au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer dans un livre. ».
Séduite à l'âge de quatorze ans par un célèbre écrivain quinquagénaire, Vanessa Springora dépeint, trois décennies plus tard, l'emprise qui fut exercée sur elle et la trace durable de cette relation tout au long de sa vie de femme. Au-delà de son histoire intime, elle questionne dans ce récit les dérives d'une époque et d'un microcosme littéraire aveuglé par le talent et la notoriété.