Les démocraties monoculturelles et monoethniques se transforment.
Or, l'histoire nous apprend que les plus grandes démocraties (d'Athènes à la république de Sienne) furent aussi les plus promptes à défendre leur pureté ethnique, et qu'à l'inverse, seules les autocraties (de Byzance à Vienne) furent capables d'intégrer de manière pacifique à leur corps social de multiples ethnies. Alors, que faire ? Laisser ces minorités à la marge ? Patienter et attendre une homogénéisation culturelle qui n'adviendra jamais ? L'histoire l'a montré, ces deux solutions mènent aux plus graves des catastrophes.
Dans une analyse profonde, appuyée sur des exemples concrets issus de reportages réalisés sur le terrain (des États-Unis au Brésil, du Japon à la Hongrie), le politologue Yascha Mounk lance le plus grand des chantiers politiques jamais entrepris par une société humaine : faire advenir une véritable démocratie multiethnique. Comme une réponse à la fausse solution populiste qu'il avait dressée dans Le Peuple contre la démocratie, l'auteur pose ici, alliant rigueur universitaire et talent narratif, les jalons de cette « Grande Expérience ». L'enjeu du XXIe siècle à ne pas manquer.
Comment penser le monde après Donald Trump et Jair Bolsonaro ? Comment expliquer l'aura d'Alexandria Ocasio-Cortez, de Jacinda Ardern ou de Greta Thunberg ?
Le pouvoir prédateur sur les autres et la planète, incarné par les populismes néofascistes et le néolibéralisme, n'est pas une fatalité. Avec les crises démocratiques, environnementales, sanitaires et sociales que nous traversons, ce sont à la fois les récits, les agendas et les styles politiques qui doivent être questionnés. Le féminisme figure parmi les réponses. Fort d'une histoire plurielle, sur tous les continents, il est de plus en plus inclusif et transversal. Sur les plans théorique, pratique et programmatique, en multipliant les terrains d'expression et de revendication, il propose de renouveler les cadres de pensée pour construire un nouvel universel.
Par l'onde de choc qui est la sienne, dont #MeToo n'est qu'un exemple, le féminisme, avec d'autres approches du réel, jette les bases d'un projet durable et solidaire. Il promeut aussi un nouveau leadership, fondé sur la coopération et la responsabilité collective. Dans des contextes de crise, le féminisme est indispensable au renouveau démocratique, à l'émergence d'une nouvelle forme de pouvoir, de l'action publique à l'entreprise, en passant par l'art ou encore le sport.
L'ouvrage, clair et documenté, offre une grille de lecture de nos sociétés dans leur complexité. Il invite à repolitiser le monde, à recréer du commun, du débat, en s'appuyant sur l'imagination, le savoir et l'engagement de toutes et de tous.
Les élections qui ont eu lieu en France en 2021 ont frappé les esprits par leur taux d'abstention record. Qu'en penser à l'approche des élections présidentielle et législatives ?
Replaçant l'acte de vote dans ses dimensions symboliques et historiques, les auteurs se livrent à une analyse de ce que représente, en France, le vote, mais aussi l'abstention ou les votes blancs et nuls, les resituant en termes d'inégalités sociales et générationnelles. Ils évoquent les nouvelles formes du vote, par procuration ou électronique, et étudient leurs liens avec l'abstention.
Au lieu d'assimiler rapidement la montée de l'abstention à une crise de la citoyenneté, les auteurs l'envisagent au regard des transformations des démocraties contemporaines. Les citoyens ne sont-ils pas en train de s'affranchir du vote en mobilisant d'autres manières de faire Cité ? Pour répondre à cette question centrale, ce livre rassemble une équipe de spécialistes reconnus afin de resituer le vote face à ces défis contemporains.
La rhétorique est partout. Dans les discours politiques comme dans les spots publicitaires. Dans les réunions professionnelles comme dans les dîners de famille. Dans les entretiens d'embauche comme dans les rendez-vous galants. Pas un jour ne passe sans que nous ayons à défendre une idée, un projet, un produit ; et à nous protéger contre d'éventuelles fourberies. Que cela nous plaise ou non, convaincre est un pouvoir. À nous d'apprendre à le maîtriser.
Et de savoir y résister.
Car la rhétorique n'est ni innée, ni inexplicable. Elle repose sur une technique, obéit à des règles, mobilise des procédés, des stratagèmes, des outils. Dans ce traité accessible et concret, ponctué d'exemples et de cas pratiques, Clément Viktorovitch nous en révèle tous les secrets. Au fil des pages, il nous montre comment produire et décrypter les discours, mener les débats et les discussions, déjouer les manipulations.
L'art de convaincre est un pouvoir trop grand pour ne pas être partagé !
Partout, la colère monte ; partout, l'aspiration à un changement profond se fait entendre. Après vingt années d'engagement au coeur des mouvements sociaux, Aurélie Trouvé analyse dans ce livre comment l'exigence d'égalité réelle exprimée par les populations dominées est en train de bouleverser l'ordre établi. En s'engageant frontalement, sans le concours des médiations traditionnelles, ces dernières heurtent le vieux monde de la politique. Mais cette puissance qui se dégage du côté de l'écologie dissidente, des insurrections populaires, des luttes antipatriarcales et antiracistes et des mouvements syndicaux reste fragmentée, incapable de se constituer en véritable force politique.
L'hypothèse de ce livre est que la radicalité des prises de position actuelles est en réalité un facteur d'inclusion, et non de déliaison. Car cette radicalité est aussi celle des urgences écologiques, économiques et sociales, qui sont liées entre elles et qui requièrent de nous que nous nous hissions collectivement à leur hauteur. En 1969, à Chicago, la Rainbow Coalition rassemblait Black Panthers, Young Lords et Young Patriots. Cette alliance en apparence modeste d'organisations jusqu'alors désunies pour lutter contre la ségrégation raciale et sociale fit trembler les fondations de la démocratie bourgeoise états-unienne. Il est temps de renouer avec la stratégie du Bloc arc-en-ciel et de créer les conditions d'un exercice résolument démocratique du pouvoir politique.
« Cela fait quinze ans que je distribue des tracts que personne ne veut prendre et j'ai fait des centaines de milliers de vues en postant une vidéo où je défends la viande à la cantine en préparant un sauté de veau à mes enfants. Au fond, n'aurais-je pas plus d'impact en ouvrant une chaîne politique YouTube depuis ma cuisine ? » Le like va-t-il supplanter le vote ? s'interroge Nelly Garnier qui livre ici une réflexion vivifiante sur ce qui reste de démocratie à une époque où des citoyens, lassés des urnes, passent leurs journées sur les réseaux sociaux.
Elle dresse le constat de deux sphères qui évoluent désormais en parallèle : une sphère politique qui se satisfait en silence d'un désengagement citoyen. Et une sphère numérique, éruptive, traduisant sa frustration d'être privée du pouvoir par des expéditions punitives de plus en plus violentes. Comment les réconcilier ?
Le propos de l'auteur n'est pas de pleurer sur les dérives d'un nouveau monde dont personne n'a cherché à comprendre les ressorts, mais de trouver dans ce bouillonnement numérique un moyen de revitaliser une démocratie représentative devenue apathique. Et, à travers elle, la vie politique de demain.
À travers une cartographie précise, exhaustive et référencée des débats idéologiques actuels, Philippe Corcuff montre comment l'extrême droite parvient à imposer ses haines et ses obsessions au coeur du débat public. Il dresse pour cela un vaste panorama des idées politiques en vogue dans la France contemporaine. D'Éric Zemmour à Frédéric Lordon en passant par Michel Onfray, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. C'est avant tout une boussole que nous tend Corcuff : notre époque est traversée par des vents violents. Comment y voir plus clair dans le brouillard confusionniste ? Un livre qui va sans nul doute faire le buzz par sa charge explosive et la liste des discours et personnalités finement cités.
On ne gouverne pas impunément par l'état d'urgence.
Entre les attentats du 13 novembre 2015 et l'automne 2021, la France a vécu plus de la moitié du temps sous état d'urgence terroriste ou sanitaire. Ce régime, conçu au départ comme un dispositif juridique temporaire, accordant des pouvoirs exceptionnels aux autorités publiques pour faire face à des risques inédits, tend à devenir un état permanent, en France mais aussi dans de nombreux autres pays. Les crises de demain, au premier rang desquelles la crise climatique, appelleront-elles, elles aussi, leur état d'urgence ?
La banalisation de l'exception pervertit l'État de droit et fait peser un coût extrêmement élevé sur les conditions même de possibilité de la vie démocratique. L'ambition de cet essai est d'offrir une critique approfondie des effets politiques et institutionnels qu'engendre la récurrence de ces régimes juridiques si particuliers, auxquels les gouvernements paraissent s'accoutumer sans toujours en percevoir les implications sur les droits et les libertés.
L'état d'urgence n'est pas une simple parenthèse : le risque est qu'il devienne la nouvelle condition politique et juridique des sociétés confrontées à des menaces planétaires et systémiques. Endiguer ses effets relève d'une urgence démocratique.
Parce qu'un essai vaut autant par le constat dressé que par les renouvellements esquissés, le texte de Stéphanie Hennette Vauchez est prolongé par trois « rebonds et explorations » qui en discutent les implications et les perspectives : une conversation avec Fionnuala Ní Aoláin et deux textes inédits de Mireille Delmas-Marty et Thibaud Lanfranchi.
«Le ressentiment, l'indignation, la colère, la défiance et l'anxiété sont désormais omniprésents dans l'espace public, mais certaines voix s'élèvent pour réclamer le droit à un avenir meilleur. Se mettre à l'écoute des revendications collectives, aussi hétérogènes qu'elles puissent sembler (féministes, antiracistes, écologistes, etc.), c'est devenir sensible à des trajectoires de vie, à des désirs singuliers qui incitent des femmes et des hommes à se montrer inventifs pour transformer la société.D'un autre côté, la frustration prend parfois un chemin mortifère, s'inscrivant dans une dynamique paranoïaque, une radicalisation des pensées. Comment la revendication reste-t-elle porteuse d'avenir, et en vertu de quels mécanismes risque-t-elle au contraire de se retrouver du côté de la haine, de la destructivité ou même du meurtre? J'ai voulu dans ce livre découvrir moins si que comment revendiquer peut être un bien en démocratie.J'invite le lecteur à un voyage sur des eaux tumultueuses:des Gilets jaunes aux antivax, du mouvement #MeToo à Black Lives Matter en passant par les revendications LGBTQIA+, ce livre offre des outils pour mieux comprendre les débats contemporains.»B. L.
Un plaidoyer de combat pour la démocratie, armé de propositions concrètes pour changer les règles du jeu politique. C'est une évidence pour Julia Cagé : nous pouvons faire mieux que le monde dans lequel nous vivons.
Loin d'être un refus de la politique, la crise actuelle de la démocratie représentative voit des citoyens combattre chaque jour pour davantage de démocratie, de participation et d'égalité.
Libres et égaux en voix propose de donner une voix à celles et ceux qui en ont longtemps été privés : les femmes, les classes populaires, les minorités. D'abord en repensant notre système électoral et en garantissant parmi les parlementaires une véritable représentation de la réalité sociale. Ensuite en proposant un nouvel équilibre entre la démocratie représentative et un usage raisonné du référendum. Enfin en permettant aux citoyens de reprendre le contrôle des partis et des médias, afin de dessiner un nouvel horizon politique égalitaire.
En tant que chercheuse et citoyenne, Julia Cagé renouvelle en profondeur la réflexion sur l'égalité politique dans un plaidoyer armé de propositions concrètes pour changer les règles du jeu. Un essai vivifiant et porteur d'espoir sur notre démocratie.